Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  25 mai 2025 — Messe de clôture de la visite pastorale de la paroisse Sainte-Marie en presqu’île de Crozon et confirmation – 6e dimanche de Pâques — Église Saint-Pierre (Crozon) (29)

25 mai 2025 — Messe de clôture de la visite pastorale de la paroisse Sainte-Marie en presqu’île de Crozon et confirmation – 6e dimanche de Pâques — Église Saint-Pierre (Crozon) (29)

Ac 16, 1-10 ; Ps 99 ; Jn 15, 18-21

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Frères et sœurs, chers confirmands,

Hier soir, à la messe de Telgruc-sur-Mer, j’ai déjà évoqué, dans l’homélie, quelques aspects de la visite pastorale qui s’achève aujourd’hui. J’en ferai un retour pour rendre compte de ce que j’ai vu, de ce que j’ai entendu, de ces belles réalités qui se vivent ici, et vous partager quelques réflexions et suggestions.

Ce matin, nous rendons grâce pour les belles rencontres que nous avons vécues, ainsi que pour les signes de l’action de l’Esprit Saint perçus dans votre paroisse. Accueillons à présent cette Parole de Dieu qui vient de nous être donnée et qui éclaire le sacrement de confirmation que nous allons célébrer.

Dans la première lecture des Actes des Apôtres, une phrase surprend : au début de la lettre que les apôtres adressent aux chrétiens d’Antioche pour leur donner quelques directives pastorales, ils écrivent : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé que… » Comment peuvent-ils être certains que l’Esprit Saint a pris la décision avec eux ? En fait, c’est Jésus lui-même qui avait donné cette instruction comme nous le lisons dans l’Évangile selon saint Luc, où il dit : « Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » Les apôtres ont prié, ils ont réfléchi en Église, ils ont invoqué l’Esprit Saint et ils ont discerné ensemble. Cette démarche, courante dès le premier siècle, permet à l’Église de faire évoluer sa pastorale et de surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés lorsqu’il s’agit d’annoncer l’Évangile. Elle sert aussi à rédiger un projet pastoral missionnaire ou à gérer les crises qui surviennent inévitablement au sein d’une communauté chrétienne. L’invocation de l’Esprit Saint est requise pour chaque sacrement ; une prière qui est manifestée dans la liturgie par l’imposition des mains par le prêtre, signe visible du don de l’Esprit Saint. Lorsqu’elle agit ainsi, l’Église est certaine que l’Esprit Saint est à l’œuvre, car Jésus l’a promis à ses apôtres. Depuis l’époque apostolique, il y a deux mille ans, de nombreux signes témoignent que l’Esprit Saint est transmis par la main des apôtres et de leurs successeurs. Aujourd’hui encore, nous le vivrons à nouveau.
C’est le cas notamment dans le sacrement de l’Eucharistie, déjà, et bien entendu dans le sacrement de la confirmation que nous allons célébrer. Dans le sacrement de l’Eucharistie, le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang de Jésus ressuscité. Puis, nous tous, en communion, devenons le corps mystique du Christ. L’Esprit Saint opère cette transformation.

Pour la confirmation, quelle est la transformation ? Qu’est-ce qui change véritablement ?
Tout d’abord, je précise ce que l’Esprit Saint ne fait pas, car il ne s’agit pas d’un geste magique. La confirmation n’est pas une transformation radicale de notre personne, qui effacerait nos fragilités, supprimerait nos difficultés personnelles ou résoudrait nos problèmes de santé…. L’Esprit Saint ne nous transforme pas en marionnettes ; il ne nous ôte pas notre liberté ni notre humanité, avec ses faiblesses.

Que fait-il alors en nous ? Nous avons entendu dans l’Évangile de la bouche de Jésus : « Quand viendra le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». L’action de l’Esprit Saint se traduit d’abord par une connaissance : connaissance de la Parole de Dieu et de l’amour que le Seigneur nous porte. Cette connaissance est la relation intime que nous développons avec le Seigneur par le don de l’Esprit Saint. Un amour un peu étonnant, car un amour sans voir, en effet nous ne voyons ni Jésus, ni le Père. Pourtant, le Seigneur a affirmé : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29).
Cet amour se manifeste de façon très concrète par la proclamation de l’Évangile, parole de vie qui nous transforme. Et là, il y a une vraie transformation, car en méditant la Parole de Dieu et grâce au don de l’Esprit Saint, nous modifions notre manière d’être les uns avec les autres, et cette Parole oriente nos choix de vie. Accueillir la Parole de vie en nous, modifie du tout au tout la manière dont nous allons conduire notre vie.

Cet amour appelle aussi une réciprocité de notre part : c’est la foi, c’est-à-dire la confiance que nous plaçons dans le Seigneur, manifestation de notre amour pour lui. Jésus dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et chez lui nous nous ferons une demeure ». Cette promesse est forte, car le terme « demeurer » exprime une proximité profonde et permanente : Dieu demeure en nous. Tout à l’heure, lorsque je donnerai le sacrement de la confirmation, j’oindrai les confirmands avec le saint Chrême en disant : « Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu. » Cette onction exprime précisément l’engagement du Seigneur à demeurer en nous. Dieu s’engage à votre égard, chers confirmands : il vous confirme dans votre foi et accueille votre démarche en vous comblant des dons de l’Esprit Saint.

Quels dons ? Nous connaissons les sept dons de l’Esprit Saint, non pas inventés de toute pièce, mais tirés de l’Évangile et de la Parole de Dieu. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, ces dons apparaissent. Le premier est le lien d’amour qui nous unit à Dieu (et que je viens d’exprimer). Vient ensuite la paix, comme le dit Jésus : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. ». La paix du Seigneur ne se confond pas en effet avec la simple tranquillité ou l’absence de problèmes. Certaines lettres que vous m’avez adressées pour solliciter la confirmation expriment, d’une manière ou d’une autre, cette paix intérieure que vous avez pu ressentir, parfois même physiquement : la paix que l’on ressent en entrant dans une église ; dans le silence de l’oraison ; la paix née de la découverte de l’Évangile ; la paix que l’on éprouve dans un temps de prière personnelle ; la paix qui peut soulager un deuil aussi. Cette paix que le Seigneur nous donne se fonde aussi sur l’espérance. L’espérance que Jésus exprime dans ce texte quand il dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ou effrayé. » Dans la vie du monde, cela nous arrive souvent de voir des choses qui nous effraient, mais cette paix divine fonde notre espérance.

En cette année jubilaire, nous sommes appelés à être des pèlerins d’espérance. Être pèlerin d’espérance ne consiste pas à se persuader que tout ira bien ou mieux demain en usant de la méthode Coué ; ce n’est pas un simple procédé psychologique. C’est la certitude que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot dans notre humanité. Nous en sommes certains. Nous croyons que Jésus reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Cet avènement glorieux, dont nous ignorons quand il aura lieu, sera la victoire définitive sur le mal et sur la mort. Ce qui nous donne cette espérance, c’est qu’elle se fonde sur le Christ mort et ressuscité des morts, vivant pour toujours et sur le don de son Esprit.

En mettant notre foi en lui, nous sommes pardonnés de nos péchés. Le Christ a confié à ses apôtres le pouvoir de pardonner les péchés, déjà dans le sacrement du baptême, puis dans le sacrement de pénitence et de réconciliation. L’Esprit Saint nous donne la force de progresser dans une vie sainte, de croître en sainteté. Le Seigneur s’appuie sur notre humanité, et même sur nos fragilités et même nos blessures profondes que nous n’effaçons pas facilement. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait : « Mais tout est grâce. » Le Seigneur accomplit beaucoup de choses avec notre vie telle qu’elle est.

Si nous nous laissons guider par l’Esprit Saint, que ce soit dans la prière, dans notre vie d’Église, dans notre vie sacramentelle, et en participant notamment à l’Eucharistie du dimanche, nous sommes promis à la vie éternelle avec le Christ, au-delà de notre mort.

Frères et sœurs, que le don de l’Esprit Saint que les confirmands vont recevoir en plénitude se répande sur tous les membres de la paroisse Sainte-Marie en presqu’île de Crozon, et même plus largement sur tous les habitants de ce territoire. Combien nombreux encore sont ceux qui ne connaissent pas le Christ ? Puissent-ils découvrir la joie et l’espérance dont le Seigneur nous comble, en particulier en cette année jubilaire où nous sommes appelés à être, dans ce monde incertain, des pèlerins d’espérance. Amen.

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon