Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  17 octobre 2025 — Saint-Pierre–Saint-Paul — Pèlerinage jubilaire — Messe d’envoi — Basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs (Rome) (Italie)

17 octobre 2025 — Saint-Pierre–Saint-Paul — Pèlerinage jubilaire — Messe d’envoi — Basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs (Rome) (Italie)

Ac 12, 1-11 ; Ps 33 (34) ; 2 Tm 4, 6-8.17-18 ; Mt 16, 13-19

Solennité de Saint-Pierre et Saint-Paul, textes du 29 juin 2025

Frères et sœurs,

Nous poursuivons notre fil rouge, celui de l’espérance, et nous le terminons dans cette messe d’envoi, même si, en réalité, il continue au-delà de ce pèlerinage, car notre espérance, elle, ne s’arrête pas de grandir et de se fortifier, bien au contraire.

Et quelle est aujourd’hui la source que j’ai choisie pour nourrir notre espérance ? C’est la succession apostolique. Et je vous assure que lorsque j’ai préparé cette homélie, je ne savais pas que je célébrerais dans cette basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs (changement de dernière minute !) devant les médaillons des Papes qui représentent cette succession apostolique ! Merci, Seigneur, de nous offrir ce signe, à la fois fort et visible. 

En quoi, donc, la succession apostolique est-elle une source d’espérance ? J’ai relevé deux points essentiels.

Le premier, c’est que tous les portraits que vous voyez autour de nous représentent des hommes qui n’ont jamais déposé de CV ni écrit de lettre de motivation pour devenir Pape ! Cela signifie qu’ils ne se sont pas choisis eux-mêmes : c’est Jésus qui les a choisis par l’intermédiaire du Magistère. De même qu’il a appelé ses douze apôtres parmi de nombreux disciples, il continue aujourd’hui d’appeler et de choisir, parmi les disciples que nous sommes, certains pour devenir évêques, prêtres, ou diacres. Nous ne choisissons pas ce ministère ; nous y sommes appelés.

Et si j’insiste sur ce point, c’est parce qu’il nous rappelle que Jésus continue de nous appeler aujourd’hui encore. Il demeure le Pasteur de ses brebis. C’est lui le vrai Pasteur, celui qui continue de choisir et d’envoyer. C’est pourquoi le discernement d’une vocation sacerdotale, diaconale ou épiscopale prend toujours du temps : ce temps long est donné à l’Église, pour qu’elle puisse s’assurer que c’est bien le Seigneur qui appelle la personne. Il peut bien sûr y avoir, parfois, des erreurs de discernement et cela peut donner malheureusement de mauvais fruits et provoquer des souffrances, comme nous en sommes témoins par les révélations de ces dernières années. Mais d’une manière générale, c’est une grâce que le Seigneur nous donne.

Le second point que je veux souligner vient de l’Évangile que nous avons entendu, lorsque Jésus donne à ses apôtres les clefs du Royaume des cieux : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». C’est un geste d’une confiance inouïe : il remet entre leurs mains les clefs qui permettent de faire entrer les hommes dans son Royaume.

Et comment cela se fait-il ? D’abord par l’annonce de l’Évangile, bien sûr. Les apôtres et leurs successeurs sont chargés d’enseigner, de proclamer la Parole, d’introduire les fidèles vers la vérité tout entière, afin qu’ils connaissent le Salut et puissent en bénéficier. Ensuite, par les sacrements, qui sont les clefs de la porte du Salut. Enfin, par la conduite du peuple de Dieu : rassembler les brebis, les conduire vers les verts pâturages, les guider sur les chemins de vie.

C’est pourquoi nous sommes invités à mettre toute notre foi dans le Magistère de l’Église. On parle souvent de « l’institution de l’Église », et, vue du monde, elle semble humaine. Or nous savons, nous, qu’elle est d’origine divine. Bien sûr, elle comporte une dimension humaine avec ses fragilités, mais c’est le Christ qui appelle, qui envoie et qui conduit le Magistère de l’Église grâce au don de l’Esprit Saint.

Il est donc important de reconnaître dans les pasteurs — qu’ils soient prêtres, évêques ou diacres — le don de Dieu qui se manifeste. C’est pourquoi l’installation d’un curé, par exemple, est toujours un acte marquant : elle manifeste la grâce que Dieu accorde à une communauté. Les prêtres et les évêques ont reçu l’onction sainte afin d’être consacrés et de manifester le Salut de Dieu à son peuple. C’est une manière pour eux de recevoir les clefs qui ouvrent le Royaume de Dieu.

Il est aussi important de reconnaître le don de Dieu dans le ministère des diacres. Nous avons la chance, dans notre diocèse, d’en compter de plus en plus, et certains parmi vous s’y préparent. Le ministère des diacres pour le service est un signe extraordinaire que le Seigneur nous donne : c’est Jésus qui manifeste par la présence des diacres, qu’il est là aussi pour nous en tant que serviteur comme il l’a montré en lavant les pieds de ses apôtres « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi », dit Jésus (Jn 13, 8).

Je vous invite donc à prier pour les vocations. Non pas pour convaincre Dieu — car le Seigneur connaît parfaitement les besoins de son Église : il sait où il faut un prêtre, un diacre, un évêque — mais pour que nous-mêmes soyons convertis et que notre prière nous dispose à aider les jeunes à entendre l’appel qu’ils peuvent recevoir. Prier aussi pour que nous soyons capables de discerner ce à quoi le Seigneur nous appelle, quelle que soit notre vocation.

En arrivant au terme de ce pèlerinage, il est bon de nous demander si notre perception de l’Église a évolué. Nous avons tous une conception de l’Église dans notre esprit, mais avons-nous découvert ici à Rome un aspect qui nous avait échappé à travers des signes que le Seigneur nous donne et qui nous aide à croire et à le suivre ?

Et cette question que Jésus posait à ses disciples : « Et vous, que dites-vous que je suis ? », il nous la pose aussi à nous aujourd’hui. Qui est vraiment Jésus pour moi ?

En repartant de ce pèlerinage, cette réponse se manifestera dans notre manière de raconter ce que nous avons vécu : qu’allons-nous dire à nos proches, à ceux qui ne sont pas venus ? Nous pourrons raconter les faits, les moments vécus, mais aussi, et surtout ce qui nous a touchés et qui nous a fait grandir dans la foi. Ainsi, nous deviendrons à notre tour des pèlerins d’espérance, en témoignant auprès de nos proches des signes de cette espérance. Cela signifie apprendre à être moins dans la critique et davantage dans l’Action de grâce : rendons grâce au Seigneur pour tout ce que nous avons découvert, pour tout ce qu’il a fait grandir en nous. 

Nous repartons en rendant grâce pour l’indulgence plénière qu’il nous accorde et qui nous permet d’entrer dans une nouvelle étape de notre vie de foi, une nouvelle étape de notre vie chrétienne. Amen.

†  Laurent DOGNIN

Évêque de Quimper et Léon