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Témoignage de début de carême 2024 par Marie-Aude Paul, volontaire avec la Délégation Catholique pour la Coopération.

Directrice d’une école primaire au Congo Brazzaville

Après deux ans passés à Nkayi, une petite ville du Congo Brazzaville, j’ai décidé de poursuivre mon engagement de Volontaire avec la Délégation Catholique pour la Coopération, toujours au Congo, mais cette fois-ci dans un village plus isolé, Kingoué.

J’y assure la direction de l’école Notre Dame du Bon Cœur, une école primaire et catholique qui compte 116 élèves répartis en 6 niveaux, du CP1 au CM2. Notre école a été créée, il y a quelques années par l’association italienne AMACO (Association Maison du Cœur), en soutien à l’école publique dont les salles sont surchargées, avec des effectifs de plus de 100 enfants par classe. Mais l’école publique étant gratuite, elle attire davantage. Les écoles privées, comme la nôtre, n’ont pas d’autres ressources que les frais de scolarité payés par les parents. Une meilleure répartition des enfants entre les 2 établissements permettrait à l’école publique d’offrir de meilleures conditions d’apprentissage avec moins d’élèves par classe, et à notre école de proposer des tarifs plus accessibles à tous. Mais nous rencontrons des difficultés à mobiliser les parents dans ce sens.

Nous essayons d’offrir à nos élèves un enseignement plus rigoureux et plus riche, et de nous différencier de l’école publique en proposant des activités telles que des cours d’informatique et une bibliothèque d’école.

Au Congo, l’enseignement se fait en français, mais dans le quotidien, la population, et donc les élèves, utilisent beaucoup les langues locales (à Kingoué, le téké et le kituba). Les enfants doivent donc apprendre à lire et à écrire à partir d’une langue avec laquelle ils ont déjà parfois des difficultés à s’exprimer par oral. L’objectif est

que tous les élèves sortent de l’école en sachant au moins comprendre ce qu’ils lisent et se faire comprendre quand ils écrivent. Malheureusement, un certain nombre d’élèves congolais passent au collège sans avoir acquis ces bases. Un nombre d’enfants limité dans chaque classe permet un accompagnement plus personnalisé.

L’école propose régulièrement des formations à ses enseignants afin de les aider dans les difficultés qu’ils rencontrent et leur donner des outils pour mieux accompagner leurs élèves. Nous nous appuyons aussi sur les cours d’informatique et la bibliothèque pour permettre aux élèves d’améliorer leur niveau de français.

Ma mission, en tant que volontaire, ne se limite pas au travail au sein de l’école, c’est aussi aller à la rencontre des habitants de Kingoué, et partager leur quotidien. L’école se situant à environ un kilomètre du village, j’ai décidé, pour avoir davantage de contacts avec la population, d’accompagner, de temps à autres, des villageois dans leur travail aux champs. J’apprends ainsi à manier la houe et la machette, comment on fabrique le manioc…. Des moments d’échanges et de partage qui me permettent de mieux me rendre compte de la vie quotidienne, de comprendre les coutumes et habitudes locales. C’est aussi pour moi l’occasion d’apprendre le kituba et un peu de téké, et d’essayer de créer une relation différente de celle que la population a l’habitude d’avoir avoir les Français.

L’expérience du volontariat, c’est avant tout les rencontres et les échanges avec la population locale ; c’est aussi la confrontation à l’inconnu : accepter de se retrouver face à une multitude de situations qui nous semblaient inimaginables, savoir s’y adapter, et comprendre que chaque difficulté rencontrée est une opportunité de faire des découvertes, et vivre une nouvelle aventure…

Marie-Aude PAUL