Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  10 octobre 2021 — 28e dimanche – Année B – Installation du Père Stéphane LE SONN comme Curé de la paroisse Saint-Matthieu en Pays d’Iroise – Saint-Renan (29)

10 octobre 2021 — 28e dimanche – Année B – Installation du Père Stéphane LE SONN comme Curé de la paroisse Saint-Matthieu en Pays d’Iroise – Saint-Renan (29)

Sg 7, 7-11 ; Ps 89 ; He 4, 12-13 ; Mc 10, 17-30

Frères et sœurs,

Nous n’avons pas choisi particulièrement les textes de la liturgie de ce dimanche, mais je trouve qu’ils sont très éclairants pour cette messe d’installation du Père Stéphane LE SONN et ils apportent une lumière dans le contexte éprouvant qui est le nôtre actuellement.

D’abord, en méditant sur la parole adressée par Pierre à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre », j’ai pensé à la disponibilité du Père Stéphane LE SONN de devenir Curé de votre paroisse. Je lui ai demandé cela fin juin, juste avant les vacances, pour des raisons diverses. Il a accepté volontiers cette nomination, même s’il fallait quitter la paroisse Notre-Dame de la Joie en Pays bigouden où il était heureux et apprécié. Dans l’Évangile, Jésus promet à Pierre de retrouver au centuple ce qu’il a laissé ! Je compte sur vous pour apporter ce soutien fraternel démultiplié au Père Stéphane LE SONN.

Je reviens sur la rencontre entre Jésus et cet homme riche, rencontre intéressante, car elle nous fait découvrir le changement qu’il y a entre un croyant de l’Ancien Testament et un croyant du Nouveau Testament. En effet, cet homme est fidèle aux commandements, en plus il est riche, donc il est béni de Dieu. Dans l’Ancien Testament, on pensait que cela était suffisant pour obtenir la vie éternelle en héritage.
Pourtant, cet homme n’est pas satisfait. Pour lui, cela ne suffit pas ! De fait, on ne peut pas se sauver soi-même par ses propres œuvres. Il a tout compris ! « Jésus posa son regard sur lui et il l’aima. » Il l’invite à le suivre, voilà le chemin qui conduit à la vie éternelle. Comme dit Jésus : « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres il aura la lumière de la vie. » (Jn 8, 12). Mais on ne peut pas suivre Jésus du bout des lèvres. C’est toute notre vie qui est engagée et il faut être disponible et prêt à le préférer à tout en renonçant dans notre vie à ce qui peut faire obstacle, le péché d’abord évidemment !
Mais il peut aussi y avoir en nous beaucoup de résistances à changer nos habitudes, nos manières de faire et même nos manières d’être. Cet homme a finalement été bloqué à cause de ses richesses auxquelles il était très attaché, mais, dans la deuxième partie de l’Évangile, on parle des liens affectifs qui peuvent être aussi un obstacle.
On comprend pourquoi les disciples étaient stupéfaits.
« Mais alors qui peut être sauvé ? » La réponse de Jésus est claire : « Pour les hommes, c’est impossible, mais par pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Autrement dit, ce n’est pas par nos moyens personnels que nous pouvons obtenir la vie éternelle en héritage, mais c’est Jésus qui peut nous permettre cela, parce qu’il nous aime, qu’il nous enseigne par sa parole et qu’il nous accompagne par le don de son Esprit Saint.

C’est précisément cela que le prêtre vient accomplir au milieu de nous par son ministère, puisqu’il a été appelé par le Seigneur pour manifester en son nom, les trois tâches de Jésus : enseigner, sanctifier et conduire le peuple de Dieu.

La tâche d’enseigner d’abord. Il s’agit bien sûr d’annoncer la Bonne Nouvelle et de la faire comprendre comme l’a fait Jésus quand il enseignait les foules. Le prêtre n’est pas pour autant supérieur aux autres. Il doit se nourrir lui-même de cette Parole de Dieu, dont l’auteur de la Lettre aux Hébreux dit qu’elle « juge des intentions et des pensées du cœur ». Il doit se convertir lui-même et vivre en cohérence avec cette Parole.
Mais il a aussi la charge de la transmettre et de l’enseigner à tous. Cela passe par les homélies, les enseignements, la catéchèse. Et aujourd’hui, toutes les générations sont concernées, pas seulement les enfants. De plus en plus d’adultes demandent à recevoir eux-mêmes une catéchèse et les sacrements, car ils ne se contentent plus de ce qu’ils ont pu apprendre dans leur jeunesse.
Maintenant, c’est toute la famille qui est donc appelée à grandir dans la foi dans un contexte de société qui n’est plus porteur. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer un chemin synodal diocésain qui a pour thème « Devenir chrétiens en famille ». Cette démarche a pour objectif de nous donner un élan pour mieux accueillir les familles, celles qui vont bien, mais aussi celles qui vivent des épreuves ou qui sont divisées. Cela n’exclut donc pas les familles monoparentales et les personnes qui n’ont plus de liens familiaux et qui sont seules. Un temps pour les accompagner et être à même de mieux les soutenir dans leur vie et dans leur foi. Cela nous ouvre un beau chemin en perspective en nous laissant guider par l’Esprit Saint.

La deuxième tâche du prêtre c’est de sanctifier le peuple qui lui est confié. C’est-à-dire, susciter une vie de prière personnelle et communautaire, et célébrer les sacrements par lesquels le Seigneur nous communique sa vie. Notamment le sacrement du pardon et de l’eucharistie, qui sont les moyens privilégiés que le Seigneur nous donne pour nous aider à tenir bon dans le combat spirituel. C’est bien cela que Jésus promet dans l’Évangile de ce jour quand il dit que « tout est possible à Dieu ». De fait, la prière et les sacrements nous sanctifient pour que nous soyons capables d’être disciples de Jésus. Comment ne pas entendre cela comme une exigence en cette période éprouvante !

La troisième tâche, enfin, est celle de conduire le peuple de Dieu à la suite du Christ. Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Les prêtres doivent assumer cette charge à la manière du Christ qui s’est fait le serviteur en lavant les pieds de ses disciples, en accueillant les pécheurs et ceux qui étaient rejetés, en se faisant proche des malades et des personnes éprouvées. Le Curé prend soin de son peuple, comme l’évoque l’étymologie du mot Curé. Il prend soin des âmes ! C’est cela sa vocation !

Ces trois charges, le Curé ne peut pas les porter tout seul bien évidemment. Il les met en œuvre avec les autres prêtres, mais aussi avec la collaboration des diacres, des LEME, des Délégués pastoraux, de l’équipe d’animation pastorale, du Conseil économique et des nombreux fidèles qui sont engagés d’une manière ou d’une autre dans la paroisse.
Frères et sœurs, je compte sur vous pour soutenir votre nouveau Curé, et ses collaborateurs, et vous engager résolument dans la mission que nous a confiée le Seigneur d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Et j’attire votre attention sur deux écueils que je perçois souvent : c’est la résistance au changement pourtant si nécessaire tant les conditions de la mission évoluent sans cesse. Nous entendons trop souvent cette phrase : « mais on a toujours fait comme ça ! ». Et bien maintenant, on ne peut plus « faire comme ça » !

L’autre défi, c’est d’être des serviteurs de l’unité en faisant tout pour éviter les divisions qui minent l’Église et qui altèrent le témoignage que le Seigneur attend de nous. Soyez donc unis autour de votre nouveau Curé, et de ses collaborateurs, en mettant toujours le Christ au centre, engagez-vous avec eux pour que tous les habitants du Pays d’Iroise, îles comprises, puissent entendre le message de la Bonne Nouvelle et grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon