Rm 1, 16-25 ; Ps 18a (19) ; Lc 11, 37-41 Textes du 14 octobre 2025 ; Saint Calixte Ier, pape et martyr
Frères et sœurs,
Dans ces célébrations, je souhaitais, à travers les prédications de ce pèlerinage, proposer un fil conducteur, un fil rouge. Ce fil rouge, c’est l’espérance, puisque nous vivons une année jubilaire sur ce thème. Et je vous propose de méditer au cours de ce pèlerinage sur quelques aspects qui sont pour nous des signes tangibles de notre espérance.
Chaque lieu, chaque célébration, chaque étape de notre marche sera l’occasion de découvrir quelle lumière de l’espérance jaillit en ce lieu précis, dans le contexte même de notre pèlerinage.
Dans la première lecture que nous avons entendue, saint Paul s’adresse aux Romains. Il se montre assez sévère envers les païens qui adorent des idoles de bois, d’argent, de pierres et d’autres matières, mais qui ne reconnaissent pas la grandeur de Dieu dans la création elle-même. Ces hommes passent à côté de l’essentiel.
Or, il est fondamental de savoir reconnaître la grandeur de Dieu telle qu’elle se manifeste à travers sa création, car c’est ainsi que nous pouvons grandir dans la foi. En contemplant la création dans la beauté de la nature, de la faune et de la vie humaine, nous pouvons percevoir l’amour de Dieu qui se déploie dans toutes ces merveilles. Et si nous commençons à discerner ainsi cet amour de Dieu dans la beauté de ses œuvres, alors notre foi se fortifie ; nous désirons mieux connaître ce que le Seigneur veut nous dire, comprendre quelle est sa volonté et la mettre en œuvre dans notre existence.
Cette volonté, qui se révèle dans les Écritures, peut transformer entièrement notre vie. Saint Paul reproche aux païens d’adorer des idoles, et d’avoir une vie mauvaise. Ils commettent le mal, alors que seule la foi permet la transformation du cœur et de la vie.
Nous pouvons établir un parallèle avec ce que nous vivons ici, à Rome.
Nous avons commencé notre pèlerinage par la visite des catacombes, signes puissants de la vie de l’Église depuis ses origines. Car saint Pierre était ici, à Rome : ce furent les véritables débuts de l’Église.
Dès ses origines, l’Église fut souvent très malmenée. Aux IIᵉ et IIIᵉ siècles, elle subit de grandes persécutions. Au IVᵉ siècle, la situation évolua, mais de graves hérésies apparurent. À chaque époque, l’Église aurait dû disparaître. Pourtant, elle n’a pas disparu. Et c’est là quelque chose d’extraordinaire.
Rome nous révèle par ses monuments la résilience de l’Église à travers le temps : depuis deux mille ans, l’Église demeure. Le Christ l’avait annoncé à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et les puissances de la mort n’auront pas de pouvoir sur elle » (Mt 16, 18). Cela ne signifie pas que l’Église n’est pas persécutée et elle l’est toujours. Cela ne signifie pas non plus qu’elle est exempte de péché ni qu’elle ne connaît pas la souffrance — car nous savons combien elle souffre au fil des siècles et parfois fait souffrir par le péché de ses membres ! Mais cela veut dire une chose essentielle : elle ne peut pas disparaître ! Elle tiendra jusqu’à la Parousie, jusqu’à la venue glorieuse du Christ à la fin des temps.
Cette espérance est symbolisée, dans les catacombes, par une ancre. L’ancre s’attache solidement au sol et empêche le bateau de dériver, de s’éloigner ou d’être emporté par la tempête. Ainsi, l’ancre est le signe de l’espérance : elle nous permet de tenir ferme au cœur des difficultés.
Nous sommes invités à contempler les merveilles de Dieu dans la création, mais aussi à reconnaître les merveilles de Dieu dans l’histoire de l’Église qui à travers les siècles, malgré les invasions, les crises et la disparition des civilisations les unes après les autres, est toujours là. Elle demeure présente sur tous les continents. Lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, par exemple, nous voyons des croyants venus de tous les horizons, de toutes les cultures. Et nous nous disons alors : oui, c’est quelque chose d’extraordinaire. Cela aussi fait partie des merveilles de Dieu : le Seigneur se manifeste ainsi, par la vitalité et la fidélité de son Église à travers le monde.
Alors, à Rome, dans chacune des visites que nous allons faire, dans chacun des lieux où nous irons prier, au fils des pas de notre pèlerinage, que notre foi se ravive à la mémoire de cette Église qui dure depuis plus de deux mille ans, et qui demeure toujours vivante, portée par d’innombrables croyants qui mettent leur espérance dans le Seigneur. Voilà déjà une source de notre espérance dont nous sommes particulièrement témoins ici à Rome. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon