Ac 13, 13-25 ; Ps 88 ; Jn 13, 16-20
Frères et sœurs,
Cette Parole de Dieu nous est donnée alors que nous célébrons la messe dans cette grotte où la Vierge Marie est apparue à Bernadette et où elle nous a transmis, par son intermédiaire, un message salutaire qui continue de nous soutenir dans la foi et de nous encourager à être de bons chrétiens, mais aussi des pèlerins d’espérance, comme nous l’exprimons dans cette année jubilaire.
C’est pourquoi la Vierge Marie, Mère de Dieu, Mère de l’Église, est aussi pour nous Mère de l’espérance, et elle l’est à plusieurs titres.
Elle est mère de l’espérance parce qu’elle a accepté d’être la mère du Sauveur. Car « c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21), comme l’annonçait l’Ange du Seigneur à Joseph. Dans l’Évangile qui se situe juste après le lavement des pieds, Jésus annonce son arrestation imminente qui le conduira à donner sa vie sur la croix, et sa résurrection sera pour tous le signe qu’il est vraiment le Messie annoncé, Dieu qui s’est fait homme pour nous délivrer du péché et de la mort et nous ouvrir le chemin de la vie éternelle. Et Jean Baptiste, comme nous l’avons entendu, désignait déjà Jésus comme le Sauveur attendu. Comme saint Paul le dit dans sa prédication à Antioche de Pisidie : « Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur… c’est Jésus. »
La Vierge Marie nous a montré, par Bernadette, comment nous pouvons bénéficier pleinement de ce salut en Jésus-Christ. Et cela passe par la conversion. C’est pourquoi la Vierge Marie est Mère de l’espérance, car elle nous a invités à la pénitence en demandant à Bernadette d’aller à genoux au fond de la grotte pour y creuser dans la boue, où elle trouvera ensuite cette source. Elle lui a aussi demandé de manger de l’herbe, ce qui a surpris tout le monde. Par Bernadette, la Vierge Marie nous a ainsi invités à la pénitence.
La pénitence, c’est reconnaître humblement nos manques d’amour, le mal que nous avons pu nous faire à nous-mêmes, mais aussi aux autres et demander pardon à Celui qui seul est capable de nous le délivrer totalement du mal.
L’année jubilaire est une opportunité pour faire pénitence et recevoir aussi l’indulgence plénière, c’est-à-dire la remise de toutes nos dettes passées, de tous nos péchés, en participant pleinement à ce pèlerinage, en recevant également le sacrement de pénitence et de réconciliation (qui, pour le diocèse de Quimper, sera proposé dans l’après-midi), en participant également à l’Eucharistie, comme nous le faisons aujourd’hui, au chemin de croix et en priant aux intentions du Pape. Il s’agit là de gestes très simples, mais aussi très forts.
N’hésitons pas un instant à faire cette démarche, et j’adresse aussi un appel à ceux qui nous regardent à la télévision : suivez ce qui est proposé par vos différents diocèses pour ce jubilé.
Marie est aussi Mère de l’espérance, car elle nous invite à prier pour les pécheurs et à nous soutenir mutuellement dans cette démarche salutaire.
Marie est Mère de l’espérance, car elle a fait de cette grotte tout à fait ordinaire un lieu extraordinaire, un lieu de guérison. Des millions de pèlerins y ont déjà trouvé déjà ici la guérison — pas forcément la guérison physique, même si beaucoup ont aussi cette guérison-là — mais en trouvant le chemin de la foi, de la rencontre avec le Christ, de la joie de se savoir regardés comme une personne, de puiser à la source qui nous ouvre à une autre source : celle du Cœur de Jésus d’où jaillissent des fleuves d’eaux vives.
Marie est Mère de l’espérance, car elle a redonné l’espérance à de nombreux pèlerins qui ne voyaient plus quel était le sens de leur vie, et qui ont compris ici qu’ils étaient vraiment aimés de Dieu, appelés à suivre Jésus et même à devenir son ami — une amitié qui ne pourra pas être détruite par la mort.
Enfin, Marie est Mère de l’espérance, car elle nous invite, comme à Cana, à écouter Jésus et à faire ce qu’il nous demande. Et ce qu’il nous demande, c’est ce que nous lisons dans l’Évangile.
Ainsi, elle nous encourage à être des pèlerins d’espérance auprès de ceux que nous côtoyons chaque jour. Or, comme Jésus le dit dans l’Évangile : « Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé », c’est-à-dire Dieu le Père.
Quelle confiance extraordinaire le Seigneur nous fait en permettant à d’autres de rencontrer Jésus à travers notre témoignage, et donc, à travers Lui, de rencontrer Dieu le Père !
Frères et sœurs, que Marie, Mère de l’espérance, nous aide à être toujours dignes de cette confiance que le Seigneur nous fait. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon