Ac 1, 12-14 ; Ps 86 (87) ; Jn 19, 25-34
Textes du 9 juin 2025
Frères et sœurs,
C’est la troisième messe de notre pèlerinage, et nous poursuivons ce fil rouge de l’espérance.
Aujourd’hui, je voudrais vous parler de Marie comme Mère de l’espérance. C’est une expression que le pape François a utilisée dans la bulle d’indiction de cette année jubilaire. C’est le passage que nous avons entendu avant de franchir la porte Sainte tout à l’heure. En quoi Marie est-elle Mère de l’espérance ? Le pape François dit que « l’espérance trouve dans la Mère de Dieu son plus grand témoin ». Mais comment est-elle témoin de l’espérance ?
Dans sa vie, Marie nous offre plusieurs exemples.
Le premier : alors que les disciples se sont retirés au moment où Jésus a été arrêté — sauf Jean, qui est là aussi auprès de la Croix (et en Bretagne, nous représentons toujours Jean avec Marie) — Marie, elle, est présente. Marie est donc là, au pied de la Croix. Elle communie aux souffrances de son Fils d’une manière qui devait être absolument épouvantable. Elle ne s’est pas tenue à l’écart ; elle est restée là. Même si le texte ne le dit pas explicitement, sa présence auprès de Jésus a certainement été un soutien pour lui dans sa souffrance. Et, au cœur de nos propres souffrances, Marie est là, présente aussi. Elle vient à notre aide. Comme le dit le pape François, « Ce n’est pas un hasard si la piété populaire continue d’invoquer la Sainte Vierge comme Stella Maris, un titre qui exprime l’espérance. Dans les vicissitudes orageuses de la vie, la Mère de Dieu vient à notre aide, nous soutient et nous invite à avoir confiance et à continuer d’espérer » (Bulle d’indiction pour le Jubilé 2025 — n° 24). Le pape François reprend cette image de Stella Maris, qui nous parle particulièrement, à nous, Bretons : l’étoile de la mer pour sauver les marins.
Un deuxième aspect de Marie comme Mère de l’espérance se trouve dans sa foi. Elle n’est pas seulement un soutien pour son Fils, elle est aussi un modèle d’espérance en son Fils. Souvenons-nous de ce qu’elle a dit à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). C’est une parole extrêmement audacieuse, pleine de foi. Et là, au pied de la Croix, même si les évangélistes ne mentionnent pas de paroles de Marie, comment ne pas croire que la foi extraordinaire dont elle a témoigné à Cana, l’espérance qu’elle a manifestée en son Fils, n’aient pas été présentes en elle à ce moment-là, avec l’espérance que Jésus ressusciterait — même si elle ne savait pas, évidemment, ni quand ni comment. Cela nous fait penser à nos deuils les plus douloureux. Marie, Mère de l’espérance, se tient devant nous avec une grande espérance face à nos peines, pour nous soutenir dans nos deuils, y compris dans notre propre approche de la mort, de notre mort. Marie est donc la Mère de l’espérance et son Assomption dans la gloire du Ciel nous montre le chemin.
Un troisième aspect enfin : après la mort et la résurrection de Jésus, Marie est présente auprès des apôtres. Elle prie avec eux dans l’attente de l’Esprit Saint. C’est ce que nous avons entendu dans la première lecture, tirée des Actes des Apôtres. Marie prie avec nous ; elle prie pour nous. C’est la conviction de toute l’Église depuis l’origine. Et la construction de cette Basilique Sainte-Marie-Majeure en est un magnifique témoignage. Marie prie avec nous et prie pour nous ; elle nous accompagne sur le chemin. Quand Jésus la donne pour mère à Jean, il la donne en même temps pour mère à l’Église tout entière. Jean représente l’Église. C’est le seul apôtre qui soit resté présent, mais il représente ses frères, bien sûr. Quand Jésus dit : « Femme, voici ton fils », c’est bien sûr pour que Jean assure sa subsistance, car, à l’époque, les veuves se trouvaient extrêmement démunies, sans personne pour les soutenir. Et quand Jésus dit à Jean : « Voici ta mère », c’est pour qu’elle, de son côté, exerce sa protection maternelle. Cette protection maternelle, elle l’assure envers toute l’Église, envers tous les baptisés.
Frères et sœurs, son Assomption, représentée dans la mosaïque qui se trouve au fond de cette église, marque justement cette espérance pour tous. De la même façon que la Vierge Marie a été élevée et qu’elle est devenue la Reine du Ciel, c’est une espérance pour que nous puissions tous entrer dans la gloire de Dieu après notre mort. Oui, Marie est vraiment la Mère de l’espérance. Elle est une Mère d’espérance pour nous. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon