Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  24 mai 2020 — 7e dimanche de Pâques — Fouesnant (29) Ac 1, 12-14 ; Ps 26 ; 1P 4, 13-16 ; Jn 17, 1b-11a

24 mai 2020 — 7e dimanche de Pâques — Fouesnant (29) Ac 1, 12-14 ; Ps 26 ; 1P 4, 13-16 ; Jn 17, 1b-11a

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Frères et Sœurs,

Avez-vous remarqué que les phases de la pandémie de coronavirus ont correspondu à peu près à la Liturgie du Mystère Pascal ?
Nous avons commencé à mettre en place les premiers gestes barrière dans les églises à partir du Premier dimanche de Carême.
Ensuite, la pandémie s’est malheureusement développée et a atteint son pic, son plateau, juste avant la Semaine Sainte et pendant la Passion du Christ.
Et, c’est juste après Pâques qu’elle a commencé sa décrue qui continue.

Je ne sais pas comment interpréter ce signe, en tous les cas, moi, je vois un signe qui est important à mettre en valeur, c’est l’attitude des disciples. Ils ont vécu la Passion du Christ comme une véritable épreuve. Ainsi que nous l’avons entendu dans la première lecture du Livre des Apôtres, ils étaient assidus à la prière, rassemblés avec la Vierge Marie et d’autres femmes dans la chambre haute.
Pourquoi se sont-ils rassemblés pour prier ? Parce que dans la foi, ils étaient dans l’attente que la promesse de Jésus se réalise. En effet, Jésus leur avait promis d’envoyer l’Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint… alors, vous serez mes témoins. ».

Après cette période éprouvante, nous vivons, nous aussi, dans cette attitude d’attente. Pendant tout le confinement, nous étions dans l’attente de pouvoir célébrer tous ensemble. Nous sommes à présent dans l’attente de célébrations plus larges, mais surtout de la Pentecôte, car pour nous c’est le moment de la reprise officielle du culte de manière plus générale. Nous nous apprêtons à accueillir l’Esprit Saint, l’Esprit consolateur. Et, effectivement, nous en avons bien besoin. N’oublions pas ce que dit Jésus « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Et c’est bien par l’Esprit Saint, envoyé par Jésus, que nous pouvons être ses témoins en agissant en son nom !

L’Esprit Saint agit de multiples manières en nous, cependant, aujourd’hui, je voudrais en relever trois aspects.

D’abord, cette pandémie pose beaucoup de questions, sur l’avenir de notre humanité, sur celui de notre planète. Devons-nous continuer comme avant ? N’y a-t-il pas une autre manière de vivre ?
Il y a aussi une prise de conscience de la fragilité de nos sociétés développées et qui semblaient capables de maîtriser tous les défis, mais qu’un simple virus peut mettre à mal !

Nous sommes dans une attitude de doute sur l’avenir. Le don de l’Esprit Saint nous aide à surmonter nos peurs, nos doutes et à raviver notre espérance. Il est si important que les chrétiens ravivent leur espérance avec la force de l’Esprit Saint. Je pense notamment à l’espérance que nous avons à transmettre aux jeunes. Ils ont beaucoup souffert (de ne pas pouvoir passer leurs examens, d’ignorer comment ils vont pouvoir entrer dans la vie active avec cette situation économique désastreuse) et nous devons leur redonner la joie de l’espérance !
Souvenons-nous de ce que dit Saint-Paul dans sa Lettre aux Romains « La Création tout entière gémit dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » (Rm 8).
L’image qu’emploie Saint-Paul est celle de la naissance, et il n’y a rien de plus beau qu’un enfant qui naît. Enfanter c’est donner la vie ! C’est cette vie nouvelle que le Seigneur nous donne déjà et qu’il nous promet pour l’avenir. Elle ne peut se vivre qu’avec Dieu. Pas sans Lui. Il est important que le temps d’épreuve que nous avons vécu soit un temps d’évaluation, de conversion, avec l’éclairage de l’Esprit Saint.

Ensuite, nous demandons la grâce de l’Esprit Saint, pour raviver l’unité de l’Église, la communion ecclésiale. En cette période éprouvante, des divisions se sont révélées entre les fidèles. D’un côté les partisans de se rassembler coûte que coûte, pour pouvoir célébrer la messe et communier, et d’autres qui défendaient la nécessité de rester au contraire à la maison pour ne pas contaminer les autres en affirmant que le partage de la Parole de Dieu, la prière, c’était déjà la présence réelle du Christ tout comme la charité.
Au fond, les deux courants ont raison ! De fait, le Christ est présent de différentes manières et pas seulement dans l’Eucharistie, mais l’Eucharistie est tout de même la source et le sommet de toute la vie chrétienne.
Ces deux positions ont fini par donner lieu à des polémiques stériles car elles n’ont absolument pas fait grandir le Royaume de Dieu !
Nous avons besoin d’accueillir l’Esprit Saint pour qu’il nous aide à comprendre la position des uns et des autres et surtout à chercher l’unité dans la foi pour former ensemble dans l’Esprit Saint, le Corps du Christ, signe de sa présence au milieu du monde.

Enfin, le Don de l’Esprit Saint, nous en avons besoin pour surmonter les défis de la pauvreté qui déjà se manifestent (ainsi, le Secours catholique a été et est toujours débordé). Une pauvreté qui va se développer en raison de la crise économique majeure qui s’annonce. L’Esprit Saint nous pousse à nous engager pour soulager toutes les formes de misères morales et physiques. Nous avons besoin de nous serrer les coudes pour cela.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus prie, lui aussi, et dans sa prière qui se situe avant sa mort, il demande à son Père et notre Père, de nous donner la vie éternelle. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. ». C’est l’Esprit Saint qui nous permet de connaître Dieu c’est-à-dire d’être en profonde communion avec Lui, dans un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer en ayant le désir de faire sa volonté et d’être ainsi à même d’avoir la joie de témoigner.

Saint-Pierre dans la deuxième lecture nous parle de « L’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu. » qui repose sur nous, c’est lui qui nous met dans la joie et l’allégresse, car nous sommes habités par l’Espérance que la gloire du Christ, la résurrection, se manifeste déjà au cœur de notre épreuve, mais se manifestera à tous de façon définitive à la fin du monde, nous le savons.

Et cette espérance nous fait tenir debout au cœur de cette épreuve. Elle nous rend actifs pour que l’amour de Dieu se répande dans ce monde en souffrance. Alors, Frères et Sœurs, comme les disciples, rassemblés dans la prière avec Marie et d’autres femmes, dans la chambre haute, prions au cours de toute cette semaine qui nous prépare à la Pentecôte. Invoquons l’Esprit Saint et accueillons cette Pentecôte 2020 comme une nouvelle Pentecôte pour l’Église et pour le monde. AMEN

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon