Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  29 mai 2025 — Ascension du Seigneur – Pardon de Saint-Trémeur — Chapelle Saint-Trémeur et Saint-Gildas (Cléden-Cap-Sizun) (29)

29 mai 2025 — Ascension du Seigneur – Pardon de Saint-Trémeur — Chapelle Saint-Trémeur et Saint-Gildas (Cléden-Cap-Sizun) (29)

Ac 1, 1-11 ; Ps 46 ; He 9, 24-28.10, 19-23 ; Lc 24, 46-53

Frères et sœurs,

Saint Trémeur, dont le nom pourrait venir de Trec’h Meur en breton qui signifie « grande victoire ». Un rapprochement intéressant que nous pouvons faire avec la fête de l’Ascension que nous célébrons aujourd’hui, une des étapes, justement, de cette grande victoire du Christ sur le mal et sur la mort auquel saint Trémeur a été associé par ce qui a été considéré par la vox populi comme son martyr ! 

En fait, l’Ascension fête ce moment où Jésus, après être apparu plusieurs jours à ses disciples après sa résurrection d’entre les morts, est « emporté au ciel ». 

Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? 

Les anges donnent aux Apôtres une précision importante à laquelle nous ne prêtons pas toujours suffisamment attention : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

D’abord, nous comprenons que Jésus est monté au ciel après sa Résurrection, c’est ce que nous fêtons aujourd’hui, mais qu’il viendra de nouveau. Il y aura donc un retour du Christ au cœur de cette humanité comme le dit aussi l’auteur de la Lettre aux Hébreux que nous avons entendu en 2e lecture : « Il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent. »

Et comment se fera cette deuxième venue ?

Elle se fera de « la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Autrement dit pas du tout comme sa naissance à Bethléem dans la condition humaine. Sa venue se fera à la manière de son Ascension, c’est-à-dire dans la gloire de sa divinité. C’est ce que nous appelons la Parousie, qui vient du mot grec parousia, qui signifie la présence, l’arrivée d’un grand personnage.

L’évolution de notre histoire humaine peut actuellement, sous beaucoup d’aspects, nous inquiéter ! Guerres interminables, changements climatiques, évolutions sociétales comme nous le voyons en ce moment avec la loi sur la fin de vie… Où va notre monde ? Qu’allons-nous devenir ? Quel avenir laissons-nous à nos enfants ? 

Or cette promesse du retour du Christ nous montre que l’histoire de l’humanité a un sens et que le mal qui nous touche de mille manières n’aura pas le dernier mot. « Tout cela n’est que le commencement des douleurs de l’enfantement. », dit Jésus. (Mt 24, 6-8)

Un enfantement, c’est un temps d’épreuve pour la maman, mais c’est l’inverse d’un anéantissement ! C’est la vie qui triomphe, et de belle manière. La promesse du retour du Christ nous invite donc à regarder les épreuves du monde autrement. À ne pas désespérer de cette humanité où il se vit de belles choses qui ne font pas de bruit ! À nous y engager pleinement pour y faire grandir le Règne du Christ, un Règne de justice, d’amour et de paix. 

C’est le sens du thème, « Pèlerins d’espérance », que le pape François avait choisi pour cette année jubilaire des 2025 ans de la naissance du Christ. Et je le cite : « … trop souvent les hommes s’abîment dans le désespoir. Nous, en revanche, en vertu de l’espérance dans laquelle nous avons été sauvés, en regardant le temps qui passe, nous avons la certitude que l’histoire de l’humanité, et celle de chacun, ne se dirige pas vers une impasse ou un abîme obscur, mais qu’elle s’oriente vers la rencontre avec le Seigneur de gloire. » (Spes non confundit n° 19)

Et Jésus n’est pas absent de notre histoire, bien au contraire, il est très présent comme le dit si bien saint Augustin : « Lui (Jésus) ne s’est pas éloigné du ciel en descendant pour venir vers nous ; et il ne s’est pas éloigné de nous lorsqu’il est monté pour revenir au ciel. » Il ne s’est pas éloigné de nous, et sa présence se manifeste justement par cette force venue d’en haut, l’Esprit Saint. 

Cette force est bien un don de Dieu qui agit vraiment dans notre vie, sans affecter notre liberté, mais en nous permettant de surmonter nos limites humaines pour être à même d’aimer le Christ et de le suivre comme disciple. 

C’est par l’Esprit Saint que l’Évangile est vraiment une Parole de vie pour nous et c’est encore par l’Esprit Saint que le Seigneur se manifeste dans les sacrements. Ce don de l’Esprit Saint à la Pentecôte s’est répandu très rapidement comme un feu divin, malgré les persécutions qui n’ont pas manqué, et qui continuent encore aujourd’hui, mais qui n’ont jamais pu l’éteindre. 

Les disciples ont pu ainsi oser annoncer la Bonne Nouvelle sans avoir peur et ils ont pu être entendus et crus par beaucoup de gens, car l’Esprit Saint agit aussi dans le cœur de ceux qui écoutent, même si certains ne veulent pas entendre et ne veulent pas croire ! 

En ce pardon de saint Trémeur, l’Évangile de ce jour nous invite donc à raviver en nous cette attente du retour du Christ et à la faire grandir dans le cœur des hommes de bonne volonté. 

C’est pour cela que dans 10 jours, lors de la grande fête diocésaine à la Penfeld à Brest, à laquelle vous êtes tous invités, je promulguerai de nouvelles orientations pour l’annonce de la Bonne Nouvelle dans le diocèse de Quimper et Léon. Il est important de grandir ensemble dans la foi et de ne pas baisser les bras face à la sécularisation de notre société. 

Cette promesse du retour du Christ, doit nous encourager à sortir d’une vision trop individualiste du salut et doit nous pousser à la conversion personnelle et collective, et à prendre une part active à l’annonce de l’Évangile auprès de ceux qui ne le connaissent pas ou qui l’ont délaissée. C’est ce que Jésus demande à ses Apôtres au moment de son Ascension. Qu’ils deviennent les témoins de sa victoire sur la mort et de la conversion qui doit être proclamée en son nom, pour le pardon des péchés. 

C’est la porte de la vie qui s’ouvre pour ceux qui croient en Jésus et nous devons le faire connaître à tous ! Jésus ne donne donc pas d’échéance pour son retour et heureusement, car cela doit stimuler notre attente. Comme pour les apôtres, nous devons garder au cœur la promesse de sa venue qui nourrit notre espérance, et surtout accueillir le don de l’Esprit Saint qui nous revêt d’une « puissance venue d’en haut » pour que nous soyons ses témoins en ce monde. 

À la prière de saint Trémeur, demandons à Dieu qu’il nous revête de la force de son Esprit Saint. Qu’il fasse de nous des pèlerins d’espérance dans l’attente de son retour dans la gloire. Amen.

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon