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Chronique du Père Job an Irien : Oll kabluz ? / Tous coupables ?

Oll kabluz ?

Kraouiet adarre, eur wech c’hoaz, peogwir ne c’hellom ket kén beza er-mêz goude c’hwec’h eur d’abardaez. Peadra on-eus d’en em zantoud skuiz gand ar c’hoari-se. N’ouzon ket hag or c’henta ministr e-neus bet tro da lenn e Buez Sant Paol a Leon penaoz e kraouias hemañ laboused evel deñved ? Paol a oa neuze en e bemzegved bloavez, hag e dro a oa da ziwall an eostad, hag en devez-se «al laboused fallagr a reas droug braz d’an ed : e skrapa a rejont heb m’e-nefe Paol, sur awalc’h, taolet evez, kement ma ne jome nemed pennou koulz lavared goullo…» Re losteg gand ar vez euz e leziregez, Paol n’en em ziskouezas da zen en abardaez-se, med en em dennas en eul lec’h sioul da bedi Doue. Abred, d’an deiz warlerc’h, « e welas ar park m’edo ennañ an eostou winiz hanter-zebret dija en derhent : goloet oa gand eur bern dreist-niver a laboused a bep seurt, bodet gand ar memez youl marlonk da laerez, evel ma vefe o begou breudeur a fallagriez.
Boda a reas asamblez ar re a oa gantañ er skol, med ar mestr, n’edo ket war al lec’h. Hag e lavar dezo: «Deuit ganin… ha pedom Doue… Me ‘zo em zoñj kas d’ar prizon el lec’h m’emaom o chom, goude beza o bodet en eur vandennad hepkén, en eur redeg ken buan egeto, al laboused fallagr o-deus, dec’h, evel ma ouezit debret eost or mestr beteg e gas da get koulz lavared ; va zoñj eo ober dezo mond da lec’h a gastiz eur prizon hepkén, ha goude-ze ar mestr a raio ganto evel a garo…» Senti a reont ouz e urziou. Ober a reont d’ar vandennad laboused mond etrezeg an ti evel bandennou deñved o kerzed evel boaz etrezeg o c’hloziou kustum… Int-i a-vad a gerz a-dreñv d’an tropell nijerien a ya buannoc’h-buanna en eur vale war an douar, hag a boulz engroez an anevaled beteg e-teid an hent. Kerkent m’int digouezet dirag an doriou, kraou braz an deñved a zo leun a brizonierien en eun netra a amzer. An oll brizonidi a ragach gand hirvoudou braz o moueziou klemmuz a zason en oabl…» Eveljust e oe dichouet, gand Iltud, ar mestr, al laboused prizonierien da vond d’o c’hêr war riblou doureier ar mor.»
N’om na laboused fallagr, na deñved kennebeud… med marteze on-eus implijet fall or frankiz da vond ha da zond, hag on-eus pourmenet ar c’hleñved. Poaniuz eo koulskoude en em zantoud kabluz euz drougou n’on-eus ket greet !


Tous coupables ?

Enfermés une fois encore, puisque nous ne pouvons plus être dehors après six heures du soir. Nous avons de quoi nous sentir fatigués de ce jeu-là. Je ne sais pas si notre premier ministre a eu l’occasion de lire dans la Vie de Saint Pol de Léon comment celui-ci ramena des oiseaux à l’étable comme des moutons ? Voici ce texte. Pol était alors dans sa quinzième année, et c’était son tour de garder la moisson. Or ce jour-là «ces oiseaux nuisibles causèrent un grand dommage à la moisson, en la pillant, sans que Pol certainement n’y ait prêté attention, à tel point qu’il ne restait que des épis presque vides…» Trop confus de la honte de sa négligence, Pol ne se montra à personne ce soir-là, et se retira en un lieu calme pour prier Dieu. Tôt le lendemain, «il vit le champ dans lequel se trouvait la moisson de blé à moitié mangée le jour précédent : il était envahi par une foule innombrable d’oiseaux de toutes sortes, rassemblés par la même voracité de rapine comme par une certaine fraternité méchante de leurs becs.»
Il prit avec lui ses condisciples tous ensemble, le maître cependant étant absent. Il leur dit : «Venez avec moi… et prions Dieu… Je pense conduire en captivité, en l’endroit où nous demeurons, après les avoir rassemblés en une seule bande, en courant aussi vite qu’eux, ces oiseaux malfaisants qui hier, comme vous le savez, ont dévoré, presque même jusqu’à l’anéantir, la moisson de notre maître ; et je pense les faire entrer dans le lieu de correction d’une seule prison ; et ensuite le maître agira à leur égard comme il le voudra…» Ils obéissent à ses ordres, ils obligent à s’en aller vers la maison les bandes d’oiseaux comme des troupeaux de moutons marchant comme d’habitude vers leurs enclos familiers… Eux ils suivent par derrière le troupeau aérien qui se hâte progressivement en marchant par terre, et ils poussent la multitude des bêtes à becs sur la route. Dès qu’ils arrivent devant les portes, la vaste bergerie est remplie à l’instant de prisonniers. Toute la prison piaille avec un grand gémissement de voix plaintives qui résonnent dans le ciel…» Et bien sûr, les oiseaux prisonniers furent renvoyés libres, par Iltud, le maître, à leurs demeures aux rivages des flots de la mer.»*
Nous ne sommes ni des oiseaux nuisibles, ni non plus des moutons… mais peut-être avons-nous mal utilisée notre liberté d’aller et de venir, et nous avons propagé la maladie. C’est cependant pénible de se sentir coupables de maux que nous n’avons pas commis !

    *(St Paul Aurélien. Ed. Minihi-Levenez, 1991, p.162-165)

Tad Job an Irien