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18 février 2024 — Appel décisif des catéchumènes adultes — Cathédrale Saint-Corentin — Quimper (29)

Gn 9, 8-15 ; PS 24 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15

Intervention retranscrite à partir d’un enregistrement

Frères et sœurs, chers amis,

Avant de vous appeler à donner votre nom et à vous engager dans l’ultime préparation qui vous amènera à recevoir à Pâques les sacrements de l’Initiation chrétienne, j’aimerais commenter ce passage d’Évangile que nous venons d’entendre et qui situe bien le sens de ce que vous allez vivre et que nous allons vivre avec vous, nous qui sommes déjà baptisés, pendant ce temps du Carême.

Ce que Jésus a vécu, nous sommes appelés nous-mêmes à le vivre si nous voulons entrer avec lui dans la vie, et la vie éternelle. Et ce que vous êtes appelés à vivre comme catéchumènes pendant ce temps du Carême, c’est ce que Jésus lui-même a vécu dans le désert. Je vais expliquer. L’évangéliste nous dit « Aussitôt l’Esprit le pousse au désert. ». L’Esprit avec un E majuscule. C’est donc de l’Esprit Saint qu’il s’agit et donc, c’est que c’est bon pour Jésus d’aller au désert. Non seulement ce passage au désert est bon pour lui, mais il est même nécessaire. Pour lui et pour nous aussi. Même s’il nous paraît aride. L’évangéliste poursuit et nous dit « Il resta quarante jours, tenté par Satan. ». Quarante jours, c’est le Carême. Pendant cette tentation par Satan, Jésus a vécu ce que l’on appelle le combat spirituel. Ce n’est pas un combat contre d’autres personnes, pas une forme de violence. Non, c’est une lutte intérieure.
Qu’est-ce donc réellement que le combat spirituel ?
Lorsque nous prions le Notre Père, nous disons : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal. ». La tentation, c’est quand l’esprit du mal cherche à nous faire dévier du chemin de vie. La tentation nous apparaît toujours comme bonne et désirable, mais c’est un leurre (sites pornographiques, drogue, infidélité…). Souvenons-nous d’Adam et Ève dans la Genèse… la tentation est désirable, mais mortelle…
L’oraison du Mercredi des Cendres qui ouvre le carême nous dit ceci : « Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement par le jeûne l’entraînement au combat spirituel ; que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal. »

Jésus a vécu cet « entraînement » pendant quarante jours, mais il a continué toute sa vie à lutter contre l’esprit du mal. Pour nous, c’est un peu similaire. Le temps du Carême est un temps d’entraînement au combat spirituel. Le terme même d’entraînement rejoint le vocabulaire utilisé pour le sport où les sportifs s’entraînent durement avant de s’engager dans une épreuve réelle. Nous, cet entraînement au combat spirituel, nous allons le vivre pendant ce Carême avec notamment les étapes des scrutins qui seront célébrés dans vos paroisses à partir du 3e dimanche de Carême. Mais ce combat spirituel est celui de toute la vie de baptisé si nous voulons être fidèles à l’Évangile, fidèles au Christ, nous devons lutter !
Durant ces quarante jours donc, vous serez sans doute poussé au désert aussi par l’Esprit Saint pour être tentés : tentés d’abandonner votre parcours de catéchumènes, tentés de douter de Dieu, tentés de douter de l’Église, tentés de renoncer à convertir vos manières de vivre qui sont pourtant les conditions d’entrée dans une vie nouvelle avec le Christ, en Église.
Le combat spirituel nous pousse à répondre, même si c’est difficile, à l’appel du Christ dans l’Évangile : « Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
C’est un chemin de vie que le Seigneur ouvre en nous faisant entrer dans son Royaume, mais cela suppose une conversion. Ce combat aboutit à recevoir de grandes grâces, et vous avez entendu cette petite phrase dans l’Évangile : « et les anges le servaient ». Cette petite phrase qui montre bien que Jésus était aidé, soutenu, encouragé, et même réconforté dans son combat spirituel par son Père, avec la force de l’Esprit Saint.
Nous aussi, durant ce Carême, le Seigneur ne nous laisse pas tomber. Nous avons de nombreux supports pour nous aider à vivre de temps de Carême. Tout d’abord, les sacrements et notamment l’Eucharistie à laquelle vous pouvez participer même si vous ne pouvez pas encore communier. Il y a sa Parole aussi, les lectures de chaque dimanche, de chaque jour… Il y a la prière. Jésus nous dit : « priez pour ne pas entrer en tentation » (autrement dit pour ne pas succomber). Il y a le jeûne qui nous ouvre à l’humilité, à la reconnaissance de notre finitude et de notre besoin d’être sauvés. Il y a l’aumône, le partage qui nous ouvre à l’amour des autres et sans oublier ceux qui en ont le plus besoin.
Tout ce chemin de Carême nous aidera à accueillir les dons de l’Esprit Saint qui se manifestera pleinement dans les sacrements de l’Initiation chrétienne. Mais maintenant, chacun de vous va être appelé à s’engager et à entrer, avec l’aide du Seigneur, dans cet ultime chemin de préparation, un chemin de vie. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon