Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  18 septembre 2022 — 25e TO – Année C – Installation du père Yvon LE GOFF, curé, et du père Ghislain BOUNKOUNIA BENADINGA, coopérateur, de la paroisse Saint Herbot en Centre Finistère – Église Saint-Trémeur – Carhaix-Plouguer (29)

18 septembre 2022 — 25e TO – Année C – Installation du père Yvon LE GOFF, curé, et du père Ghislain BOUNKOUNIA BENADINGA, coopérateur, de la paroisse Saint Herbot en Centre Finistère – Église Saint-Trémeur – Carhaix-Plouguer (29)

Am 8, 4-7 ; Ps 112 ; 1Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13

Frères et Sœurs,

D’abord, ce texte d’Évangile du gérant malhonnête n’a pas été choisi spécialement pour l’installation de votre nouveau curé ! Ce sont les textes de ce 25e dimanche ordinaire. Mais ils nous donnent un bel éclairage sur ce que Dieu attend du père LE GOFF qui prend la responsabilité de votre paroisse, en y associant aussi le père BOUNKOUNIA BENADINGA.

Dans l’Évangile de ce jour, il y a deux mots qui m’ont frappé : c’est l’habileté et la confiance.
L’habileté d’abord. Jésus donne cette brève conclusion à son histoire de gérant malhonnête : « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. » Jésus semble regretter que les fils de la lumière, autrement dit les croyants, ne soient pas aussi habiles dans leur mission que ceux de ce monde, c’est-à-dire de ceux qui savent se débrouiller pour gagner le plus d’argent possible par toutes sortes d’astuces, même si c’est aux dépens des autres !
Comprenons bien que Jésus ne nous encourage pas à être malhonnêtes, mais qu’il nous appelle à être audacieux et imaginatifs dans la mission qui est la nôtre de faire grandir le Règne de Dieu. Concrètement, comment va-t-on organiser la vie paroissiale sur un si grand territoire, en étant attentifs à la proximité avec les bourgs les plus éloignés, tout en suivant les multiples activités, sans épuiser les prêtres et les bénévoles qui s’engagent dans ces différents services et avec le souci de rejoindre aussi ceux qui ne viennent pas habituellement à l’église ? C’est un défi !
Ou encore, alors que nous sommes lancés dans la démarche synodale « Devenir chrétiens en famille », que pourrions-nous mettre en œuvre avec habileté pour un meilleur soutien des familles et un accompagnement des enfants et des parents dans leur vie chrétienne ? Comme nous le dit le pape François : « Les défis existent pour être relevés. Soyons réalistes, mais sans perdre la joie, l’audace et le dévouement plein d’espérance ! Ne nous laissons pas voler la force missionnaire ! » (EVANGELII GAUDIUM n° 109)
Le deuxième mot que je retiens, c’est la confiance : « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande », nous dit Jésus. Le père Yvon LE GOFF a déjà été digne de confiance dans de grandes choses, depuis 7 ans comme curé de Sainte-Marie en Presqu’île de Crozon, mais aussi lorsqu’il était curé à Carantec et dans ses responsabilités précédentes.
Je sais qu’il sera digne de confiance pour la gestion des finances et des biens matériels de la paroisse, mais aussi pour me seconder ici dans ma charge d’évêque qui est triple : annoncer l’Évangile, sanctifier le peuple chrétien et conduire le Peuple de Dieu.

Saint Paul le souligne dans la 2e lecture : « Dieu, notre Sauveur, (…) veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. » Cette « connaissance » passe donc par l’annonce de l’Évangile, et très concrètement la catéchèse des jeunes et des adultes, les enseignements, la prédication, etc. Pour cela, il faut de l’habileté et de l’audace comme je l’ai souligné. Et ce n’est pas seulement avec nos propres qualités humaines que nous pouvons développer cette audace, mais avec la lumière et la force de l’Esprit Saint que nous devons demander dans la prière.

La deuxième charge est la sanctification du peuple chrétien. D’abord par une prière assidue comme nous le demande saint Paul dans la deuxième lecture : « Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains saintement, sans colère ni dispute. » Nous prions déjà ainsi lors de la prière universelle à la messe du dimanche, mais il me semble aussi important de développer la prière familiale pour y associer les enfants qui ont aussi des intentions à présenter au Seigneur. La prière des familles nourrit la prière de toute la communauté paroissiale.
Pensons aussi à toutes les initiatives de fidèles laïcs pour susciter des temps de prière dans chaque clocher, en équipe ou en petites communautés, que ce soit avec l’office du matin ou du soir, l’adoration, le Rosaire, la louange, la Lectio divina… sans attendre que votre curé l’organise, même s’il l’encourage et s’il y veille !
Pensons aussi à l’annonce de l’Évangile et à la place de la prière dans les établissements scolaires catholiques. Il y a 6 écoles et 2 collèges dans cette paroisse. Sans oublier les jeunes de l’Aumônerie de l’Enseignement Public ! Comment aider les jeunes à faire l’expérience de la prière, du recueillement, du silence, des sacrements ? Là aussi, il faut de l’habileté et de l’audace !
Enfin, toujours dans cette charge de sanctification du peuple chrétien, il y a bien sûr la préparation et la célébration des sacrements. C’est le curé qui en a la responsabilité, mais vous êtes nombreux à être investis d’une manière ou d’une autre dans la préparation des sacrements et de la liturgie.
Il faut continuer à progresser comme nous y invite le Pape dans la lettre qu’il nous a envoyée le 29 juin : « Pour les ministres comme pour tous les baptisés, la formation liturgique dans son sens premier n’est pas quelque chose qui peut être acquis une fois pour toutes. Puisque le don du mystère célébré dépasse notre capacité de le connaître, cet effort doit certainement accompagner la formation permanente de tous, avec l’humilité des petits, l’attitude qui ouvre à l’émerveillement. 1  »

1 Desiderio Desideravi n° 38
Je souhaite notamment que nous retrouvions le sens du sacrement du Pardon dans la confession individuelle, en la vivant non pas de façon machinale comme cela a pu parfois se produire dans le passé, mais en retrouvant le dialogue avec le prêtre qui éclaire le pénitent et qui le fait grandir dans sa foi et sa vie chrétienne.

Enfin, la dernière tâche est celle du Pasteur qui conduit son peuple. Le curé, à l’image du Christ, a le souci de tous les habitants du territoire de la paroisse, sans oublier ceux qui sont encore éloignés de la foi chrétienne, mais aussi les plus pauvres et ceux qui sont marginalisés pour toutes sortes de raisons. Il n’est pas tout seul, il y a le père Ghislain qui commence aussi sa mission, les autres prêtres Guy et Philippe, le diacre Yvan, l’équipe pastorale, les nombreux fidèles qui ont aussi ce souci de l’évangélisation.
J’insiste sur l’importance du service de la Diaconie, afin que les plus pauvres aient aussi leur place dans la vie de la communauté. Votre paroisse est très rurale. Il y a aussi le défi de la solitude et des difficultés de tous ordres qui peuvent affecter les personnes. Là aussi, il faut être audacieux pour les rejoindre et vivre la solidarité.

Enfin, le curé est responsable de faire grandir la communion, mais il ne peut pas le faire sans l’effort de tous les fidèles. La paroisse rassemble trois communautés locales (L’Arrée, le Poher et Châteauneuf du Faou). Il faut de l’audace, pour d’une part rendre ces communautés vivantes et missionnaires et d’autre part faire grandir la communion de l’ensemble de la paroisse pour se soutenir mutuellement et avoir une visée commune pour la mission.

C’est donc avec tous ces défis, mais aussi avec une grande joie, que j’installe votre nouveau curé et le père Ghislain qui va partager sa charge. Priez pour eux et soutenez-les dans la belle mission que je leur confie au nom du Seigneur. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon