Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  20 avril 2023 — Pèlerinage diocésain à Lourdes – Célébration pénitentielle – Église Sainte-Bernadette – Lourdes (65)

20 avril 2023 — Pèlerinage diocésain à Lourdes – Célébration pénitentielle – Église Sainte-Bernadette – Lourdes (65)

Mt 18, 21-35
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Chers amis,

Dans la parabole que nous venons d’entendre, Jésus fait une comparaison surprenante, voire choquante. Quel est le message que le Christ nous adresse ici ? Je relève deux choses.

La première est cette dette de 60 millions de pièces d’argent due par la personne. 60 millions de pièces d’argent, c’est une somme inimaginable à l’époque, et elle exprime l’amour extra-ordinaire que le Seigneur a pour chacun d’entre nous ; un amour incommensurable qu’il porte à chacun personnellement. Jésus a donné sa vie pour nous ; c’est Dieu qui s’est donné à nous en la personne de son Fils qui est mort sur la croix pour nous tous, et donc pour chacun d’entre nous, manifestant ainsi un amour qui dépasse l’entendement. Le sacrement de pénitence et de réconciliation que nous allons vivre maintenant, c’est d’abord cet amour extra-ordinaire du Seigneur qui se manifeste à nous. Nous sommes bien loin de l’obligation d’aller « à confess’ » pour nous donner bonne conscience… C’est un sacrement : Dieu agit véritablement en nous remettant nos dettes (Il nous pardonne) et Il nous donne aussi la grâce du Don de l’Esprit Saint (lorsque le prêtre impose la main sur nous) pour nous libérer de nos péchés, mais aussi pour nous donner la force et la joie de grandir en sainteté. Nous avons besoin de progresser dans notre vie chrétienne et le sacrement de pénitence et de réconciliation est là pour nous aider. C’est la suite du baptême en quelque sorte et à travers lui, le Seigneur renouvelle en nous cette grâce du baptême.

La deuxième chose que je relève dans cette comparaison, c’est que le Père nous pardonne si nous aussi nous pardonnons à nos frères ! Nous avons l’impression que c’est un peu du donnant-donnant, sauf que le donnant-donnant, c’est souvent du marchandage. Or, ici, il ne s’agit pas de marchandage, mais d’amour : l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous et l’amour que nous pouvons avoir pour les autres. Les deux sont indissociables : c’est justement pour être à même d’accueillir l’amour miséricordieux de Dieu qu’il est important que nous ayons de l’amour pour nos frères même si la comparaison est très difficile, car Jésus, dans la parabole, parle de 100 pièces d’argent, qui est une somme dérisoire comparée aux 60 millions que nous offre le Seigneur.

À l’écoute de cette comparaison, certaines personnes peuvent se dire qu’elles ne seront jamais pardonnées, car elles ont elles-mêmes beaucoup de difficultés à pardonner à telle ou telle personne qui leur a fait du mal. Ce sont des choses qui arrivent très fréquemment, et à n’importe quel âge. Dans ce cas-là, peut-on être pardonné par le Seigneur ? Ce qui compte avant tout, c’est l’intention de ce que nous voulons faire, car l’intention, c’est déjà un pas. Le Seigneur nous enjoint déjà de commencer à prier pour la personne qui nous a fait du mal (Cf Mt 5, 44), car c’est déjà lui manifester un geste d’amour quand bien même nous ne parvenons pas à lui pardonner pour l’instant. Ainsi, en priant pour elle, nous entamons un processus de pardon, qui est une manière d’aimer même nos ennemis.
En élargissant un peu, notre intention doit être celle de changer : si nous recevons le sacrement de pénitence et de réconciliation c’est justement pour progresser dans notre vie, et sans une vraie volonté de changer et un regret sincère (reconnaissant ainsi que c’était un manque d’amour vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis de nos frères), comment, alors, peut-on accueillir la miséricorde du Seigneur ? J’ignore si vous connaissez l’acte de contrition. J’ai la formule que l’on m’a apprise à l’époque, mais je vous la livre néanmoins : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé, car vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution avec le secours de votre Sainte grâce de ne plus vous offenser et de faire pénitence. » Tout est résumé dans cette petite prière : le regret, l’amour infini du Seigneur et le don de l’Esprit Saint.

Quelques conseils pour terminer.
Tout d’abord, le prêtre ne doit pas être intrusif. Il est là pour vous écouter. Ainsi que le dit le pape François, le confessionnal n’est pas un lieu de torture ! Au contraire, c’est un lieu d’accueil de la personne et de l’amour du Seigneur qui se manifeste. Tout se vit donc dans l’amour et la confiance. Vous n’êtes pas obligés d’entrer dans trop de détails, mais il est important que vous disiez au prêtre ce qui est nécessaire pour qu’il puisse comprendre de quoi il en retourne, mais il ne s’agit pas de raconter votre vie ! Dites-lui l’essentiel et l’intention qui est la vôtre, et le prêtre vous donnera le pardon au nom du Seigneur.
Ensuite, un certain nombre d’entre vous a peut-être été habitué à l’absolution collective, et a donc quelques réticences à venir se confesser. Cependant, l’absolution collective ne permet pas le dialogue avec le prêtre qui est justement une manière de nous aider à progresser dans notre vie chrétienne. De plus, elle ne donne pas le pardon pour les péchés graves qui, eux, supposent une confession individuelle.
Je vous invite donc, même si vous n’en avez pas l’habitude ou si vous ne l’avez pas fait depuis longtemps, à vivre cette démarche sacramentelle si importante pour tous pour nous aider à progresser dans la foi et à accueillir cette grâce du sacrement. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon