Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  26 septembre 2021 — Installation de Pawel TABÍS, Curé de Saint-Colomban en Pays de Quimperlé — Église Notre-Dame — Quimperlé (29)

26 septembre 2021 — Installation de Pawel TABÍS, Curé de Saint-Colomban en Pays de Quimperlé — Église Notre-Dame — Quimperlé (29)

NB 11, 25-29 ; Ps 28 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48

Frères et Sœurs,

L’Évangile de ce jour nous rapporte des paroles de Jésus particulièrement fortes, et même choquantes. Jésus n’invite pas pour autant à la violence, mais il veut frapper les esprits pour nous inciter fermement à la conversion. Par ces paroles choquantes, il montre la gravité des scandales liés au péché que nous pouvons commettre en succombant à la tentation. Nous en avons malheureusement des exemples à l’intérieur de notre Église ! Et il affirme que cela met en jeu notre accès à la vie éternelle avec Dieu.
Autrement dit, la manière avec laquelle nous vivons sur la terre est déterminante pour nous permettre de vivre avec le Christ pour toujours. Saint Jacques, dans la deuxième lecture exprime aussi cela en dénonçant les richesses qui peuvent être scandaleuses si elles se construisent sur l’injustice. Saint Jacques évoque notamment les salaires des moissonneurs qui ne sont pas payés ou la corruption qui fait condamner le juste.
Bref ! Nous avons des conversions à vivre en ce monde, pour que nos choix de vie, nos attitudes vis-à-vis des autres, notre fidélité dans l’amour soient vraiment en cohérence avec l’Évangile.

Lorsqu’on installe un Curé, on ne choisit pas les lectures. On accueille celles que la Liturgie nous offre. Ces textes peuvent nous surprendre dans le contexte de cette installation, mais ils nous éclairent sur un aspect du ministère du prêtre, qui est bien justement par son enseignement d’appeler à la conversion et d’aider les fidèles à grandir en sainteté.
Le prêtre a cette responsabilité de conduire le peuple que le Christ lui a confié et d’agir en son nom. « Sois le berger de mes brebis », dit Jésus à Pierre. C’est bien cette image du bon berger qui marque le ministère pastoral du prêtre. Une image que Jésus développe dans l’Évangile selon saint Jean : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. (…) J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 10, 11.16).
Le prêtre conduit le peuple de Dieu, mais sa responsabilité s’étend à tous les habitants qui « ne sont pas de cet enclos », même ceux qui ne fréquentent pas l’Église ou ne sont pas encore chrétiens. Le Seigneur veut sauver tous les hommes. Cette responsabilité du prêtre se manifeste concrètement selon les trois tâches traditionnelles : enseigner, sanctifier et gouverner. Sans les détailler, j’aimerais souligner quelques aspects importants liés au contexte qui est le nôtre aujourd’hui.

La première des trois charges est celle d’enseigner qui recouvre beaucoup de réalités : la prédication, les enseignements, mais aussi la catéchèse. Une catéchèse qui ne concerne plus seulement les enfants, mais aussi les jeunes de tous âges et les adultes. Aujourd’hui, beaucoup d’adultes n’ont pas reçu eux-mêmes une catéchèse ou bien ils l’ont laissée en jachère. C’est toute la famille qui doit grandir dans la foi, dans un contexte de société qui n’est plus porteur.
C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en œuvre dans le diocèse une démarche synodale de trois ans sur le thème : « Devenir chrétiens en famille ». Cette démarche nous donne un élan diocésain pour mieux accueillir les familles, celles qui vont bien, mais aussi celles qui vivent des épreuves ou qui sont divisées. Cela n’exclut donc pas les familles monoparentales et les personnes qui n’ont plus de liens familiaux. Un temps pour les accompagner et être à même de mieux les soutenir dans leur vie et dans leur foi. Cela nous ouvre un beau chemin en perspective en nous laissant guider par l’Esprit Saint.
Et pour cela, Frères et Sœurs, il est d’autant plus nécessaire que nous enracinions tous notre foi dans les textes de la Parole de Dieu et dans le MAGISTERE DE L’ÉGLISE, pour être capables de répondre aux interrogations de nos contemporains. Ils sont de plus en plus nombreux à rechercher le sens de l’existence, notamment en cette période de pandémie qui bouleverse toutes nos certitudes. Nous avons à être des témoins de l’espérance et les prêtres sont bien là justement pour nous montrer le chemin et nous soutenir.

La deuxième charge du Curé et des autres prêtres avec lui, c’est de sanctifier le peuple qui leur est confié. C’est-à-dire, susciter une vie de prière personnelle et communautaire, et célébrer les sacrements par lesquels le Seigneur nous communique sa vie. Notamment le sacrement du pardon et de l’eucharistie, qui sont les moyens privilégiés que le Seigneur nous donne pour nous aider à tenir bon dans le combat spirituel et ainsi à ne pas tomber dans les pièges pour lesquels Jésus nous met en garde dans l’Évangile de ce jour. De fait, la prière et les sacrements nous sanctifient.
Dans la première lecture du livre des Nombres, nous entendons Moïse dire à Josué : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » Or, aujourd’hui de nombreux fidèles ont pu être baptisés, mais n’ont jamais reçu la Confirmation, qui est pourtant un sacrement essentiel de l’initiation chrétienne. Il n’est pas trop tard ! De plus en plus de parents demandent à approfondir leur foi et à recevoir ce sacrement. Signe que l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le cœur de beaucoup de gens. D’où l’importance de la démarche synodale vers les familles.

La troisième charge enfin, c’est celle de gouverner, c’est-à-dire de conduire le peuple de Dieu à la suite du Christ. Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Les prêtres doivent assumer cette charge à la manière du Christ qui s’est fait le serviteur en lavant les pieds de ses disciples, en accueillant les pécheurs et ceux qui étaient rejetés, en se faisant proche des malades et des personnes éprouvées. Le Curé prend soin de son peuple, comme l’évoque l’étymologie du mot Curé. Il prend soin des âmes !

Ces trois charges, le Curé ne peut pas les porter tout seul bien évidemment. Il les met en œuvre avec les autres prêtres, mais aussi avec la collaboration des diacres, des Délégués pastoraux, de l’équipe d’animation pastorale, du Conseil économique et des nombreux fidèles qui sont engagés d’une manière ou d’une autre dans la paroisse, sans oublier ceux qui agissent auprès des familles qui vivent dans la précarité.
Frères et Sœurs, je compte sur vous pour soutenir vos prêtres et vous engager résolument dans la mission que nous a confiée le Seigneur d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Et j’attire votre attention sur deux écueils que je perçois souvent : c’est la résistance au changement pourtant si nécessaire tant les conditions de la mission évoluent sans cesse, et être des serviteurs de l’unité en faisant tout pour éviter les divisions qui minent l’Église et qui altèrent le témoignage que le Seigneur attend de nous.

Soyez donc unis autour de votre nouveau Curé, et de ses collaborateurs, en mettant toujours le Christ au centre, engagez-vous avec eux pour que tous les habitants de la paroisse puissent entendre le message de la Bonne Nouvelle et grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon