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27 novembre 2022 — 1er dimanche de l’Avent – Année A – Saint-Louis – Brest (29)

Is 2, 1-5 ; Ps 121 ; Rm 13, 11-14 ; Mt 24, 37-44

Frères et Sœurs,

Je ne sais pas si cela vous arrive d’avoir à expliquer à vos enfants ou petits-enfants, ou à d’autres personnes, ce que sont les fins dernières. Qui correspondent au retour du Christ dans la gloire…
Peut-être évitons-nous d’aborder le sujet parce qu’on n’est pas très à l’aise avec cette notion ou qu’on ne sait pas l’expliquer. Il se trouve que c’est justement de cela dont les textes de la liturgie nous parlent en ce 1er dimanche de l’Avent.

Alors, j’ai envie de vous en parler dans cette homélie en essayant de voir : premièrement, ce que les textes de ce jour nous en disent. Et ce que le Magistère de l’Église nous en dit ! Deuxièmement, l’enjeu que cela représente pour nous aujourd’hui de croire cela. Et troisièmement, les appels à la conversion que nous recevons de ces textes pour ce temps de l’Avent. Belle manière d’entrer dans ce temps liturgique puisque, comme vous le savez, le terme Avent évoque l’Avènement du Christ justement.

Premièrement donc, qu’est-ce que les textes nous en disent ?
Dans la première lecture, le prophète Isaïe affirme : « il arrivera dans les derniers jours… » Et il décrit dans une vision idyllique hors du temps que le Seigneur viendra établir de façon définitive son Règne d’amour, de justice et de paix. Autrement dit, le dessein de Dieu de sauver l’humanité se déploie dans l’histoire et ce n’est pas cyclique, il y aura un terme, un accomplissement définitif de l’œuvre de Dieu.
Saint Paul est plus précis, et il nous dit que « c’est le moment » et que « le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. » Donc, ça devient moins « hors du temps », car le Christ est déjà venu et par sa mort et sa Résurrection il a déjà vaincu la mort, et nous sommes dans cette période de l’histoire où nous devons annoncer à tous cette Bonne Nouvelle. C’est le temps de la conversion.
Enfin, dans l’Évangile, Jésus parle de la venue du Fils de l’homme, en parlant de lui en fait. Cette expression peut nous paraître bizarre, mais Jésus fait référence à des prophéties de l’Écriture que ses auditeurs connaissaient très bien, et il annonce ainsi clairement son retour dans la gloire. Car c’est seulement à son Avènement glorieux à la fin des temps que tout sera tout à fait accompli.

Je me permets de vous lire le paragraphe du catéchisme de l’Église catholique qui fait une petite synthèse éclairante de ces textes bibliques :
CEC n° 672 : « Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la “détresse” (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37). »
Dans l’Évangile, Jésus nous confirme que l’échéance est certaine et que nous ne pourrons pas y échapper. Ce sera le temps du jugement. Chacun devra rendre compte de ce qu’il a fait de sa vie avant d’être accueilli dans la béatitude éternelle. Le mal et la mort seront définitivement détruits. Jésus dit clairement qu’il n’y a pas de date et que son Avènement peut arriver à tout moment et surtout quand on s’y attend le moins ! Il ne faut donc pas l’envisager comme une échéance lointaine.

Une autre question se pose alors et c’est mon deuxième point : pourquoi est-il si important pour nous de connaître cela et d’y croire ?
Je constate que beaucoup de croyants sont perdus aujourd’hui. Ils s’étonnent que l’Église ne soit pas parfaite et que l’épreuve du mal la touche aussi. Ils en oublient que nous sommes tous pécheurs, que nous soyons fidèles laïcs, diacres, prêtres ou évêques, et que le chemin vers la sainteté est un chemin long et semé d’embûches. Mais un chemin où la Miséricorde du Seigneur se manifeste pour nous relever. Un chemin où son Esprit Saint est à l’œuvre dans le cœur des croyants pour les faire grandir en sainteté.
Le fait de connaître et de croire en l’Avènement glorieux du Christ à la fin des temps, nous permet de fixer notre regard plus haut et plus loin que les révélations de nos misères, des dérives de nos sociétés et des défis nombreux que notre humanité doit surmonter avec les guerres et le défi climatique et de tout ce que cela engendre comme souffrances.
L’Avènement du Christ est source d’espérance et nous permet de tenir debout dans la tempête en prenant notre part de responsabilité pour que l’Église devienne plus sûre et plus sainte et toujours à même d’assurer sa mission. À savoir de permettre aux hommes et aux femmes de ce monde d’entrer dès maintenant dans le Royaume de Dieu par l’annonce de la Bonne Nouvelle et la célébration des sacrements.
Cette espérance nous donne la certitude que nos efforts ne servent pas à rien, car c’est le Seigneur qui agit et son œuvre de Salut ira nécessairement jusqu’à son aboutissement final. Un aboutissement qui peut donc intervenir à tout moment comme nous le rappelle Jésus : « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Et cela nous amène justement à mon troisième point : que devons-nous faire pour être toujours prêts comme nous le demande Jésus ?
Le prophète Isaïe nous dit : « Qu’Il (Dieu) nous enseigne ses chemins et nous irons par ses sentiers. » Donc, méditer davantage en ce temps de l’Avent la Parole de Dieu en nous efforçant de vivre comme il nous l’enseigne ! Le temps de l’Avent peut aussi être l’occasion de participer à l’adoration perpétuelle que vous avez organisée dans la paroisse. Un moment précieux pour nous laisser illuminer par le Christ. Comme Isaïe le suggère : « Marchons à la lumière du Seigneur. » Une lumière qui vient de l’Esprit Saint, qui éclaire notre intelligence, qui nous enracine dans la vérité et qui nous donne le courage de persévérer dans notre engagement à suivre le Christ.
Saint Paul utilise une expression semblable : « Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. » Il nous invite à nous conduire honnêtement, en évitant les attitudes scandaleuses, et il ajoute : « revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ », belle expression qui rappelle notre dignité baptismale. Autrement dit, vivons pleinement notre baptême dans la vie de tous les jours. C’est ce que le Seigneur attend de nous.

Frères et Sœurs,
En ces périodes troublées, ravivons notre foi en l’Avènement glorieux du Christ qui peut intervenir à tout moment. Que ce temps de l’Avent soit pour nous l’occasion de nous mettre davantage à l’écoute de la Parole de Dieu et de nous engager dans le monde avec « les armes de la lumière ». La lumière du Seigneur qui vient illuminer nos ténèbres. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon