Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  30 avril 2023 — 4e dimanche de Pâques – Année A – Église Saint-Pierre – Fouesnant (29)

30 avril 2023 — 4e dimanche de Pâques – Année A – Église Saint-Pierre – Fouesnant (29)


Ac 2, 14a.36-41 ; Ps 22 ; P 2, 20b-25 ; Jn 10, 1-10

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Frères et sœurs,

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus se présente tout à la fois comme le Pasteur qui passe par la porte, et comme la porte elle-même. Alors, est-Il le Pasteur ou la porte ?
En fait, si ces deux images ont été rassemblées ici par l’Évangéliste saint Jean, c’est qu’elles ont le même sens ou du moins qu’elles se complètent. En effet, Jésus est celui qui est envoyé par Dieu le Père pour prendre soin du Peuple de Dieu et pour le guider sur le chemin de la vie. Comme Il le dit : « Moi je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
En cette Journée mondiale de prière pour les vocations, il me semble intéressant de relier ce que Jésus nous dit de sa mission avec celle du prêtre, qui est par définition « configuré au Christ Pasteur », alors que sa vocation et sa mission sont si malmenées aujourd’hui, y compris à l’intérieur même de l’Église.

Dans cette homélie, je voudrais reprendre les paroles de Jésus dans ces deux images du Pasteur et de la porte pour éclairer cette vocation si particulière du prêtre, autour de cinq points qui se complètent.

Tout d’abord, Jésus passe par la porte et pas par la fenêtre ! Il est le Pasteur légitime, reconnu. Le vrai Pasteur ! Le prêtre aussi est le pasteur reconnu. Il ne se choisit pas lui-même. Ce n’est pas un gourou. Ce n’est pas non plus comme le choix d’un métier ! Le prêtre n’est pas passé par ParcourSup pour choisir sa formation… C’est d’un autre ordre ! Tous les prêtres que vous connaissez avaient un projet professionnel comme les deux ordinands qui vont être ordonnés prêtres le 25 juin prochain à la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Samuel LE CORRE était architecte et Jean NIELLY, Lieutenant de vaisseau dans la Marine nationale. Mais Dieu avait d’autres projets pour eux. C’est Dieu qui les appelle à devenir prêtres au plus profond de leur cœur. C’est Dieu qui leur a fait changer complètement d’orientation, et leur a fait renoncer à leurs projets de vie. L’Église discerne cet appel, les forme, l’Évêque les appelle au nom du Christ à être ordonnés. Ce sont donc des pasteurs légitimes, reconnus, et les fidèles font confiance à cette démarche de l’Église. C’est ensuite l’Évêque qui leur confie une charge : ils ne se la donnent pas eux-mêmes. C’est important de le rappeler.

Ensuite, le Christ nous dit que : « Ses brebis, il les appelle chacune par leur nom ». C’est l’amour du Christ pour chacun d’entre nous qui se manifeste dans cette phrase ; cet amour qui nous est signifié aussi par le nom qui nous est donné à notre baptême. Le prêtre lui aussi doit aimer le peuple qui lui ai confié. Il doit l’aimer à la manière du Christ. Il lui faut du temps pour connaître tout le monde, mais il y a dans le cœur du prêtre cette soif de connaître les personnes, les familles, et ce à tous les âges de la vie, depuis l’école jusqu’à l’EHPAD. Il a à cœur d’en prendre soin par les nourritures spirituelles qu’il peut apporter notamment par la connaissance de la Bonne Nouvelle de l’Évangile et notamment par la catéchèse et les enseignements, car nous savons et croyons que c’est là que se trouve la Vérité.

Ensuite encore, Jésus, nous dit le prophète « les appelle chacune par leur nom et il les fait sortir ». Sortir ? Vers où ? Vers les pâturages, qui symbolisent la nourriture spirituelle, mais nous pouvons y voir aussi l’envoi en mission. De même que Jésus a envoyé ses disciples en mission, le prêtre nous envoie en mission. Il nous aide à être disciples, mais à être également missionnaires : pour témoigner de la Bonne Nouvelle dans le monde et pour manifester cette Bonne Nouvelle par la charité, par l’amour du prochain. C’est un défi très important, aujourd’hui, dans un monde sécularisé y compris au sein de nos propres familles que de témoigner que la Bonne Nouvelle et la rencontre du Christ changent tout dans notre vie.

Le pape François nous pousse beaucoup à aller témoigner de l’amour du Christ dans les périphéries. « Quand il (le Pasteur) a poussé dehors toutes les siennes (les brebis), il marche à leur tête. » Nous devons comprendre par là qu’Il s’implique lui-même dans l’annonce de l’Évangile aux périphéries. Jésus nous précède dans le cœur des personnes. Le prêtre doit aussi marcher à notre tête dans l’Évangélisation. Il est évidemment aussi ce Pasteur chargé de conduire la communauté. C’est l’aspect de sa charge qui est le plus contesté aujourd’hui, du moins dans les dérives possibles (pouvoir autoritaire, cléricalisme). Ce n’est pas cela que Jésus nous dit dans l’Évangile ! Le prêtre a bien la charge, au nom du Christ, de conduire le Peuple de Dieu, mais à la manière du Christ et à sa suite, car Jésus reste le Bon Pasteur. Il doit donc le faire en toute humilité (le geste de Jésus au moment du lavement des pieds est un signe extraordinaire d’humilité profonde donné à ses apôtres). Cette charge, il l’exerce de façon synodale, et cela depuis toujours dans l’Église. C’est-à-dire en étant à l’écoute de l’Esprit Saint qui se manifeste dans le monde et en particulier dans le cœur des disciples de Jésus, dans la vie des baptisés. Mais, il le fait en étant vigilant sur les dérives possibles, en ayant le souci de l’unité du peuple qui lui est confié ; unité autour du Christ et de sa Parole ; unité en étant aussi fidèle à la foi de l’Église universelle et à sa communion.

Pour terminer, Jésus nous dit : « Je suis la porte des brebis. » Une porte qui ouvre sur quoi ? C’est une porte vers la vie éternelle. « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé », ajoute-t-Il. Le prêtre peut-il aussi être la porte que Jésus offre aux fidèles ? La porte de la vie ? La comparaison peut-elle aller jusque-là ? Oui, je le crois, très profondément ! Car le prêtre célèbre les sacrements en Son nom. C’est justement grâce aux sacrements que nous trouvons le Salut ; ils sont aussi cette porte. C’est évidemment fondamental dans sa charge de Pasteur !
Frères et sœurs, ne délaissons pas les sacrements qui nous ouvrent la porte de la vie : ni le sacrement de l’Eucharistie, ni le sacrement de pénitence et de réconciliation, ni celui des malades ou encore celui du mariage ! Il y a de multiples manières pour le Seigneur de nous faire entrer par la porte de la vie. « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance ».

En conclusion, je dirai que la vocation de prêtre comme bon Pasteur est une vocation magnifique et nécessaire pour la vie de l’Église. Prions pour les vocations en élargissant notre prière aux autres vocations de religieux ou de diacres qui chacun contribuent à ce rôle pastoral. Aimons nos prêtres ! Soutenons nos prêtres dans leur charge ! Ils sont bien au milieu de nous au nom du Christ pour nous ouvrir la porte de la vie. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon