Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  4 décembre 2022 — 2e dimanche de l’Avent – Année A – Messe – Cathédrale Saint-Paul Aurélien – Saint-Pol-de-Léon (29)

4 décembre 2022 — 2e dimanche de l’Avent – Année A – Messe – Cathédrale Saint-Paul Aurélien – Saint-Pol-de-Léon (29)

Is 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12

Frères et Sœurs,

En entendant ce passage d’Évangile, on se demande pourquoi la Liturgie nous propose ce texte en ce deuxième dimanche de l’Avent. En quoi cela nous prépare à Noël ?

La réponse à cette question est dans la mission confiée à Jean-Baptiste qui est de préparer le chemin du Seigneur, autrement dit, sa venue en ce monde. Cela nous montre déjà qu’il y a une nécessité à préparer cette venue ! Cela ne va pas de soi de reconnaître que Jésus est vraiment le Messie annoncé. Jean-Baptiste a donc une double mission : annoncer que le Royaume des Cieux est tout proche avec la venue du Christ et nous inviter à nous convertir pour être à même d’ouvrir notre cœur et notre intelligence à sa venue.

La question de la venue du Christ, son Avènement qui donne son nom au temps liturgique de l’Avent, est assez complexe finalement. Dans cette homélie, j’aimerais d’abord éclairer ce que signifie cette proximité de la venue du Christ, voir en quoi cela est important dans notre vie, et enfin donner quelques pistes pour nous préparer en ce temps de l’Avent.

Quand Jean-Baptiste dit que le Royaume des Cieux est tout proche, qu’est-ce qu’il veut dire par là ? De quelle proximité s’agit-il ?

Le message de Jean-Baptiste n’est pas si clair, car il évoque deux avènements du Christ. Il dit, d’abord « Lui (Jésus) vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » De fait, cette venue du Christ, son Incarnation, a déjà eu lieu et c’est ce que nous allons fêter à Noël. Et depuis ce moment-là, l’Église baptise en son Nom dans l’Esprit Saint et le feu. Nous, qui sommes baptisés et confirmés, bénéficions déjà de cette proximité du Royaume des Cieux par la présence du Christ dans notre existence personnelle et dans la vie de l’Église.

Mais Jean-Baptiste dit aussi « Il (Jésus) tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » Là, il parle clairement du jugement dernier ! Et de fait, nous sommes là dans une autre forme de proximité puisqu’il s’agit de son Avènement à la fin des temps lorsqu’il « viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. » Donc cette proximité du Royaume par la venue du Christ se passe en deux temps finalement, mais tout est lié !

Cet Avènement glorieux est à venir et peut nous paraître bien lointain ! Pourtant Jésus, dans l’Évangile de dimanche dernier, nous disait clairement que cela arrivera à l’improviste. Cela peut arriver demain, dans une semaine, dans un mois.

C’est donc bien une proximité, car cet Avènement glorieux à la fin des temps va venir, c’est certain, et chaque jour qui passe nous en rapproche, mais on ne sait pas quand il aura lieu ! Saint Pierre dit à ce propos que « pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. » (2 P 3, 8)

Comment peut-on décrire cet Avènement du Christ à la fin des temps ?

Le prophète Isaïe, dans le texte que nous avons entendu en première lecture, nous donne une vision de cet Avènement glorieux du Christ. Il annonce quatre choses :

  • Un jugement juste et plein d’amour. « Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. »
  • Il annonce une vraie paix pour tous avec cette image très parlante des enfants qui jouent avec les bêtes féroces et les serpents « il n’y aura plus de mal ni de corruption… » Tous ceux qui font le mal seront écartés ;
  • Une connaissance du Seigneur qui sera totale, « comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » Une image parlante dans le Finistère !
  • Toutes les nations chercheront le Christ et sa gloire sera sa demeure. Autrement dit, l’universalité du salut en Jésus Christ sera pleinement manifestée.

Cette attente de l’Avènement du Christ à la fin des temps n’est pas un rêve, c’est l’aboutissement attendu du dessein de Dieu de sauver l’Humanité. Cela se réalisera, c’est une certitude !

Mais, en quoi le fait de croire en cet Avènement glorieux du Christ à la fin des temps est-il si important pour nous aujourd’hui ?

Nous vivons dans cette période de l’histoire entre les deux avènements du Christ, qui est un temps d’épreuves et donc de mise à l’épreuve. C’est le temps de l’Église, le temps de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Chacun doit se situer vis-à-vis du Christ et de l’Évangile. C’est le temps de la foi. C’est le temps du choix de vie.

Je constate que beaucoup de gens sont perdus actuellement. Alors que la société est de plus en plus sécularisée, les gens n’ont plus de repère, et notamment le repère du Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Ils cherchent un sens à leur vie, mais ne savent pas vraiment où chercher. Ils le cherchent dans toutes sortes de spiritualités…

Le fait de connaître et de croire en l’Avènement glorieux du Christ à la fin des temps, nous permet de fixer notre regard plus haut et plus loin que les révélations de nos misères, y compris dans l’Église, mais aussi des dérives de nos sociétés et des défis nombreux que notre humanité doit surmonter avec la guerre en Ukraine, le défi climatique et de tout ce que cela engendre comme souffrances.

L’Avènement du Christ est source d’espérance et nous permet de tenir debout dans la tempête en prenant notre part de responsabilité afin de permettre aux hommes et aux femmes de ce monde d’entrer dès maintenant dans le Royaume des Cieux par l’annonce de la Bonne Nouvelle et la célébration des sacrements. D’expérimenter déjà cette proximité du Christ qui vient nous sauver !

Cette espérance nous donne la certitude que nos efforts ne servent pas à rien, car c’est le Seigneur qui agit et son œuvre de Salut ira nécessairement jusqu’à son aboutissement final.

Alors, quels appels pouvons-nous retenir pour nous en ce temps de l’Avent ?

D’abord cette parole de saint Paul dans la deuxième lecture : « … tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. » Nous en avons bien besoin en ce moment !

Je vous propose dans ce temps de l’Avent, de lire chaque jour les lectures de la Liturgie du jour, ou au moins l’Évangile. C’est le meilleur calendrier de l’Avent qui puisse exister ! Et c’est gratuit[1] ! Ces lectures quotidiennes sont choisies pour nous faire cheminer jusqu’à Noël.

Et bien sûr, entendons aussi l’appel de Jean-Baptiste : « Produisez donc un fruit digne de la conversion. » Ne baissons pas les bras dans nos efforts pour changer nos comportements. Vivons ensemble un beau temps de l’Avent pour grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon


[1] AELF : Site de l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones. site Internet www.AELF.org