1 Th 1, 1-5.8b-10 ; Ps 149 ; Mt 23,13-22
Chers amis,
Au moment où nous allons appeler les chefs d’établissement nouvellement nommés, et prier pour eux dans la mission qui leur est confiée. Au moment aussi où tous les chefs d’établissements et les membres de la Direction de l’Enseignement catholique s’apprêtent à vivre une nouvelle année scolaire… nous nous laissons toucher par les lectures de ce jour, car nous y trouvons des pépites qui peuvent nous guider dans notre mission commune.
Dans la 1re lecture de saint Paul aux Thessaloniciens, j’ai relevé d’abord cette phrase : « Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. » Et j’ose dire ici que vous n’êtes pas chefs d’établissement par hasard ou simplement par choix personnel. Le Seigneur nous aime tous, il veut sauver cette humanité du mal et de la mort, et il appelle chaque baptisé à prendre part à cette œuvre. Ce que vous faites avec les compétences et l’expérience que vous avez acquises.
Nous pouvons donc dire que vous avez été appelés par Dieu au plus profond de votre cœur pour accomplir cette belle mission d’enseigner et même en tant que chefs d’établissement, de conduire une communauté éducative à l’image du Christ, le Bon Pasteur, qui prend soin de son peuple. Vous le faites en ayant le souci de ceux qui ont plus de difficulté dans leurs études, de ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir une bonne éducation familiale et qui ont besoin de se structurer, de ceux qui n’ont pas eu la chance de connaître l’Évangile, la Bonne Nouvelle et d’avoir l’opportunité, grâce à vous, de rencontrer le Christ, source de vie.
Le fait que nous vous remettions dans cette cathédrale vos lettres de mission exprime donc clairement ce que dit saint Paul, à savoir que vous avez été choisis par lui pour accomplir cette mission, vous y avez répondu généreusement, et c’est pour cela que nous allons prier pour vous et que je vous donnerai une bénédiction solennelle qui consacrera votre responsabilité comme une mission d’Église.
Évidemment, il ne suffit pas d’avoir été choisis, il faut aussi mettre en œuvre vos compétences avec l’aide du Seigneur qui nous guide dans cette tâche. Les lectures nous donnent quelques indications. Toujours dans la 1re lecture de saint Paul, j’ai relevé une phrase éclairante : « Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. »
On repère dans cette phrase les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Vous savez sans doute que le catéchisme repère sept vertus : quatre vertus cardinales : la prudence, la justice, la force et la tempérance, et donc ces trois vertus théologales. Vous êtes en train de vous dire : « Où est-ce que Mgr DOGNIN est en train de nous emmener ? » Si j’en parle, c’est que ces vertus nous orientent sur une manière d’accomplir notre mission qui soit fidèle à l’Évangile.
Dans le contexte actuel de ce que vit l’Enseignement catholique en France, avec une remise en cause de son caractère propre, mais aussi le défi démographique qui touche tout le monde, le défi de l’éducation, nous avons besoin de retrouver quelques bases solides pour tenir bon et pour vivre pleinement notre mission d’enseignement dans ce contexte. Or les sept vertus sont des repères importants.
Le Catéchisme précise que « La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien. Elle permet à la personne, non seulement d’accomplir des actes bons, mais de donner le meilleur d’elle-même. De toutes ses forces sensibles et spirituelles, la personne vertueuse tend vers le bien ; elle le poursuit et le choisit en des actions concrètes. » Et saint Grégoire de Nysse d’ajouter : « Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu. » Bon, pour cela il faut du temps et même toute une vie ne suffit pas !
J’aimerais montrer en quoi les vertus cardinales sont de bons repères pour la mission qui vous est confiée.
La prudence d’abord, nous pousse à toujours discerner ce qui est bien, pour l’élève, pour sa famille, pour l’enseignant, pour l’établissement. Discerner aussi quel sera le meilleur projet éducatif de cet établissement. « Grâce à cette vertu, nous appliquons sans erreur les principes moraux aux cas particuliers et nous surmontons les doutes sur le bien à accomplir et le mal à éviter. »
La justice « est la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû. » Sur ce qui est dû, on peut mettre beaucoup de choses concernant l’enseignement et les principes éducatifs, mais j’ajouterais aussi la possibilité pour chaque élève de connaître l’Évangile et de s’engager à la suite du Christ s’il le souhaite. Dans l’Évangile de ce jour, Jésus est très sévère vis-à-vis des pharisiens sur ce sujet : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer ! »
Je suis toujours marqué par ces réactions d’adultes qui demandent actuellement le baptême et dont certains disent : « Nos parents nous ont dit “tu choisiras plus tard”, mais ne nous ont rien donné pour qu’on puisse choisir. » Justement, une des nouvelles orientations de l’Enseignement catholique du Finistère promulguées le 6 mai dernier insiste clairement sur ce dû que nous devons donner aux élèves.
La force. Elle est bien nécessaire dans le contexte actuel pour relever les défis que j’ai évoqués au début, mais il y en a d’autres pour protéger les élèves et les aider à être forts, eux-aussi pour mener une vie droite dans une société « liquide ».
La tempérance, justement pour aider les élèves à maîtriser leurs pulsions, leurs désirs afin de respecter les autres et ne pas tomber dans la violence sous toutes ses formes.
Quant aux trois vertus : la foi, l’espérance et la charité, elles sont appelées théologales, car elles sont aussi un don de Dieu, une grâce à recevoir. Nous avons besoin de l’aide du Seigneur pour mener à bien notre mission, d’où l’importance de nous former sur le plan de la foi, de prier, de nous nourrir des sacrements.
Le Seigneur nous tend la main pour nous accompagner dans notre mission. À nous de la saisir et de nous laisser conduire par lui sur le chemin de la vraie vie, une vie plus forte que le mal et que la mort. C’est une bonne nouvelle à recevoir au moment où nous entrons dans une nouvelle année scolaire. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon