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Coût réel de l’alimentation : Une alimentation digne pour tous

Combien coûte réellement un aliment ? Consommer bio ou local ? Manger équilibré est-il possible, quels que soient les revenus ? Depuis juillet, un groupe composé de membres du Secours catholique du Finistère et du Civam se réunit régulièrement pour réfléchir aux coûts cachés de l’alimentation.

Discussions, temps de travail, découverte de lieux en lien avec l’alimentation… Ces rencontres permettent d’illustrer concrètement une étude statistiques produite par le Basic (Bureau d’Analyse Sociétale d’Intérêt Collectif). « Avec tout ce qu’on découvre et partage, à la fin, on sera au top sur le sujet », lance Marcel, en début de rencontre. « Plus le temps passe et plus on est détendus. Cela aide pour les échanges », poursuit Jérôme. « J’aime les discussions qu’on peut avoir, avec des points de vue différents mais qui se rejoignent », enchérit Alexandra.

L’alimentation. Un thème universel qui concerne tout à chacun. Une base de travail qui permettra de présenter dans les mois à venir un plaidoyer sur les coûts cachés de l’alimentation. Changements politiques qui impactent l’aide alimentaire (comme les Restos du Cœur, ndlr), constat d’un budget similaire alloué pour soutenir les producteurs et pour le marketing agroalimentaire, marges exponentielles sur les produits alimentaires… Le Basic a d’ores et déjà partagé une première partie de son étude. Un document de 200 pages qui se focalise sur le système alimentaire. « Cela met en lumière les impacts sociaux, environnementaux et sanitaires de l’alimentation sur les personnes et sur la planète, poursuit Astrid Aulanier, chargée de plaidoyer au Secours catholique. Notre étude s’adressera directement aux décideurs politiques pour changer les orientations politiques et financières. Elle sera également diffusée auprès du grand public. Notre ambition est de mettre en avant le fait que le droit à l’alimentation ne signifie pas seulement être à l’abri de la faim mais que la possibilité soit offerte à tous de se nourrir dignement et de façon autonome. » Cette étude nationale est co-construite avec le Secours catholique, le Civam et Solidarité Paysans. « Le Secours catholique n’est pas attendu sur les questions de l’agriculture, comme le Civam ne l’est pas sur celles de l’alimentation. Et pourtant, c’est important qu’on le fasse. Pour bien manger, cela a un coût et nous devons travailler ensemble pour proposer des pistes de solutions. »

Dans un temps d’échanges, chacun a pu réagir aux premiers constats. « Je suis effarée de voir tout ce qui part à la poubelle. » « Dans le futur, qui va nourrir qui ? » « Je suis en colère de voir le nombre de personnes dans mon entourage atteintes d’un cancer. Et pourtant, les médecins ne sont pas davantage militants sur la question de l’alimentation. » « Il y a plein de trous dans le cahier des charges du bio. Et cela peut conduire à un modèle agricole proche de l’agro-industrie. Le marketing s’empare de cette question car tout le monde veut manger sainement. » « C’est impossible de faire les bons choix. À nos âges, on sait ce que veut dire manger équilibré. On ne le fait pas car ce n’est pas possible financièrement. Santé et plaisir devraient aller ensemble. »

« Les paysans représentent 2% de la population française, soit 400 000 personnes. Pour bien manger, il en faudrait 4 à 6 millions », partage Anne, maraîchère. Et Jérôme de poursuivre : « Je suis rassuré de voir que des jeunes arrivent encore à se lancer dans l’agriculture. Cela donne l’espoir de faire du ‘bon’ à deux pas de chez nous ». « Cela pose question de constater sur ce qu’on produit n’est pas accessible à tous. »

Pour illustrer leurs échanges, le groupe de travail a déjeuné et visité la ferme de Kerangueven, au Faou. Un lieu où élevage de brebis et maraîchage partagent une même exploitation.

Pour terminer cette troisième journée de rencontre, chacun était invité à dire ce qu’il fallait conserver (les réseaux d’entraide, la biodiversité, les aides pour les petits producteurs), cesser (le gaspillage, les pressions du système agroalimentaire, la pollution, la culpabilisation des consommateurs…) et créer aujourd’hui (des réseaux de partage des connaissances, des liens entre la ville et le rural, un accès plus direct à l’alimentation…)

Des échanges qui ont porté du fruit et qui nourriront sans nul doute la prochaine rencontre début novembre.