Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  11 octobre 2020 — Installation du Père Jaroslaw REDA comme Curé de Notre-Dame des Douze Apôtres– Concarneau – Concarneau (29) Is 25, 6-10a ; Ps 22 ; Ph 4, 12-14.19-20 ; Mt 22, 1-14

11 octobre 2020 — Installation du Père Jaroslaw REDA comme Curé de Notre-Dame des Douze Apôtres– Concarneau – Concarneau (29) Is 25, 6-10a ; Ps 22 ; Ph 4, 12-14.19-20 ; Mt 22, 1-14

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Chers Amis,

En remettant tout à l’heure les clés des églises au Père REDA, j’avais souligné qu’il s’agissait symboliquement des clés du Royaume de Dieu et pas simplement pour ouvrir les serrures des églises de la paroisse. Justement, l’Évangile de ce jour est une parabole sur le Royaume de Dieu. Vous savez que dans l’Évangile, il y a environ une dizaine de parabole dans lesquelles Jésus décrit le Royaume de Dieu d’une façon différente pour essayer de nous faire comprendre de quoi il s’agit. Aujourd’hui aussi, Jésus nous dit : « Le Royaume de Dieu est comparable à … ».

Nous comprenons à partir de ces paraboles que le Royaume de Dieu n’est pas un Royaume humain avec une zone géographique définie et pourtant, il concerne bien un peuple, des personnes, hommes et femmes, des familles, mais un peuple sans frontière et qui traverse les siècles jusqu’à l’Avènement glorieux du Christ. Des hommes et des femmes de tous pays, de toutes races qui sont unis par leur foi en Dieu le Père, en son fils Jésus-Christ et en l’Esprit Saint. Une foi trinitaire dans laquelle nous avons été baptisés et qui nous unit d’un lien plus fort que les liens du sang. Le Royaume de Dieu, c’est Dieu qui règne dans les cœurs de ceux qui l’accueillent et qui font sa volonté. Personne n’est obligé d’y consentir mais nous sommes tous invités. Dans la parabole, nous comprenons que le roi c’est Dieu le Père, le fils c’est Jésus et les noces l’expression traditionnelle qui désigne l’Avènement glorieux du Christ à la fin des temps où nous serons tous réunis avec Lui pour toujours. C’est l’image que donne aussi le prophète Isaïe dans la première lecture (un texte magnifique qui apporte comme une bouffée d’espérance en cette période un peu anxiogène que nous sommes en train de vivre). Il s’agit d’une vision messianique de la fin des temps. Nous constatons que tous les peuples sont invités, tous rassemblés ; pas seulement quelques-uns mais tous sans exception, sont réunis dans une même fête, la mort aura disparu et il ajoute « il effacera l’humiliation de son peuple » c’est à dire que toute injustice et tout mal auront disparu.

Cette vision, qui nous fait entrevoir ce que sera l’aboutissement de notre vie humaine, peut paraître très lointaine même abstraite mais pourtant c’est maintenant que cela se construit, et avec nous. C’est maintenant que nous entrons dans le Royaume de Dieu. « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous » dit Jésus (Lc 17, 21). Nous sommes donc tous invités, aujourd’hui, au 21e siècle. Personne ne peut dire que cela ne le concerne pas, mais ainsi que nous l’avons vu dans la parabole « il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » De fait, beaucoup de personnes refusent l’invitation, soit qu’elles n’y croient pas, soit qu’elles ont autre chose à faire (« l’un a son champ, l’autre à son commerce »). Cette parabole nous plonge vraiment dans le réel du défi que nous avons à vivre pour annoncer l’Évangile à une population qui est devenue, sinon en réaction, du moins indifférente à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Pourtant le roi de la parabole n’abandonne pas la partie pour autant, il continue à inviter « à la croisée des chemins et la salle des noces fut remplie de convives ». C’est bien pour cela que nous sommes là aujourd’hui, et vous imaginez bien que je n’ai pas nommé le Père REDA pour faire vivre une institution mais pour que, justement, dans cette paroisse Notre-Dame des Douze Apôtres, l’invitation du Seigneur continue à retentir de Trégunc à Tourc’h en passant par Elliant, Saint-Yvi, Rosporden, Concarneau, Melgven. Personne ne doit se croire exclu de l’invitation que nous adresse le Seigneur.

Si tout le monde est invité, les invités doivent en être dignes, c’est aussi ce que nous dit l’Évangile. Que signifie « en être digne » avec l’image de porter le vêtement de noces ? Tout simplement qu’il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur, mais il faut faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux » dit Jésus. La mission du Père REDA ne se résume donc pas à annoncer, à appeler, mais aussi à aider les fidèles à grandir dans la foi et également dans une authentique vie chrétienne. C’est ce que l’on retrouve dans les trois tâches traditionnelles de la mission de l’Évêque et de ses prêtres puisque qu’ils portent ensemble la même mission : annoncer l’Évangile, sanctifier le peuple chrétien et gouverner l’Église de Dieu.

L’annonce de l’Évangile est évidemment au cœur de la mission du Père REDA. Il l’accomplit pleinement bien sûr par sa prédication, par ses enseignements, mais il y a aussi toute la catéchèse et nous savons bien aujourd’hui que la catéchèse ne se réduit pas au seul catéchisme des enfants. La catéchèse, c’est aussi pour les jeunes et les adultes, dans les bourgs mais aussi au sein des écoles catholiques. Aujourd’hui, nous faisons le constat que de plus en plus de parents veulent aussi suivre une catéchèse, soit parce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion d’avoir une catéchèse, soit parce qu’ils n’ont n’en ont qu’un vague souvenir, pas suffisant en tous les cas pour répondre aux grandes questions de notre temps. Nous sommes tous concernés par l’Annonce de l’Évangile, et la catéchèse qui va avec, mais le Père REDA en porte la responsabilité il est là pour nous stimuler, pour nous encourager, pour nous envoyer en mission.

La sanctification du peuple chrétien est un pilier absolument essentiel. Le Christ a pris chair de notre chair. L’Incarnation de Jésus se prolonge justement dans la célébration des Sacrements. Nous avons fait l’expérience au printemps avec le confinement total de la COVID-19 qu’il nous manquait quelque chose de vital quand nous n’avions pas les Sacrements. Bien sûr, nous pouvions suivre la messe à la télévision ou sur l’ordinateur. Cela permettait au moins d’avoir les homélies, de pouvoir être en communion d’une certaine façon, mais cela ne remplace pas le Sacrement et en particulier le Sacrement de l’Eucharistie. Les Sacrements sont physiques : c’est du corps à corps, c’est le corps du Seigneur qui vient toucher le nôtre, qui vient l’habiter, qui vient dans notre sang. Il faut dire à ceux qui, encore aujourd’hui, suivent la messe à la télévision et qui ne viennent pas, qu’elles passent à côté de l’essentiel. On estime à près d’un tiers le nombre de personnes qui ne sont pas revenues à la messe ou bien qui s’en privent complètement. La dignité de notre vie chrétienne elle aussi, de nous laisser toucher par le Christ, de nous laisser sanctifier par le Christ.

Enfin troisième tâche, celle de gouverner l’Église. Il ne s’agit pas de gouverner l’Église à la manière du monde en faisant sentir notre pouvoir, comme le dénonce Jésus, mais en se faisant le serviteur de tous. Gouverner l’Église, c’est la servir, c’est servir le peuple de Dieu comme le Bon Pasteur qui prend soin de ses brebis et les conduit sur un chemin de vie.

En accueillant votre nouveau pasteur, il est important de vous laisser bousculer aussi par son regard neuf sur l’organisation de la paroisse, sur la liturgie, sur la vie communautaire, sur les questions immobilières, sur tout ce qui qui constitue la vie de la paroisse car avec l’habitude nous ne voyons plus ce qu’il y a à changer et même ce qu’il y aurait à convertir, si cela s’avérait nécessaire. Alors, son regard, son dynamisme également, sont donc bienvenus et aussi à accueillir avec bienveillance. Vous savez qu’il y a 2 prêtres en moins cette année car le Père LARVOL et le Père COSTIOU sont partis. Il y a un prêtre du Sénégal qui devait venir mais il ne peut pas cette année à cause la COVID-19. Cela signifie donc que nous devons nous organiser autrement et cela demande l’effort de tous.

Dans la parabole, l’homme qui ne portait pas de vêtement de noce est jeté dans les ténèbres du dehors. C’est évidemment un avertissement que le Seigneur veut nous donner. Cela nous fait comprendre que grandir dans la foi et dans une authentique vie chrétienne est absolument vital. Merci au Père REDA d’avoir accepté d’être envoyé dans cette belle paroisse de Notre-Dame des Douze Apôtres – Concarneau pour nous y aider.

Dans quelques instants, il va maintenant renouveler sa foi et ses promesses sacerdotales et nous allons prier pour lui. Que l’Esprit Saint lui donne toutes les grâces dont il a besoin dans sa nouvelle mission et à vous aussi, Frères et Sœurs, que l’Esprit Saint vous permette de prendre aussi votre place et de vous engager généreusement : vous avez de belles choses à vivre ensemble dans cette paroisse avec la force et la joie qui nous viennent de l’Esprit Saint.

Amen

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon