Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  12 octobre 2025 — 28e TO — Année C — Confirmation paroisse Notre-Dame de Tout Remède en Pays de Landerneau — Église Saint-Houardon (Landerneau) (29)

12 octobre 2025 — 28e TO — Année C — Confirmation paroisse Notre-Dame de Tout Remède en Pays de Landerneau — Église Saint-Houardon (Landerneau) (29)

2R 5, 14-17 ; Ps 97 ; Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19

Frères et sœurs, chers confirmands,

L’histoire de ces dix lépreux peut apporter un éclairage précieux à la confirmation que nous allons célébrer dans quelques instants, même si cela n’apparaît pas immédiatement à la lecture de ce texte. Ces dix lépreux se présentent donc à Jésus pour être guéris. Que leur répond Jésus ? « Allez vous montrer aux prêtres ».

En effet, la loi de Moïse prescrivait que lorsqu’un lépreux était guéri, il devait se présenter au prêtre, car c’était le prêtre qui authentifiait la guérison et permettait ainsi à l’ancien malade d’être réintégré dans la communauté. (cf. Lv 14, 2 et suivants)

Les dix hommes partent donc, mais ils partent sans être guéris. C’est seulement en route qu’ils le seront. Pourtant, ils ont confiance en Jésus et en sa parole. L’Écriture ne le dit pas explicitement, mais nous pouvons supposer qu’ils ont accompli la démarche d’aller voir le prêtre pour être réintégrés dans la communauté.

Cependant, le dixième, lui, revient sur ses pas. Il ne va pas voir le prêtre : il revient voir Jésus et se prosterne devant lui. Ce geste signifie qu’il reconnaît en Jésus l’auteur véritable de sa guérison. Il a donc vraiment la foi en Jésus et il reconnaît en lui l’action de Dieu, source de son salut et de sa guérison.

Les neuf autres, eux aussi, ont cru à la parole de Jésus puisqu’ils sont partis voir le prêtre, mais sans reconnaître en lui l’auteur de leur salut. Peut-être pensent-ils qu’il s’agit d’un prophète leur annonçant leur guérison. C’est pourquoi seul le lépreux revenu vers Jésus entend ces paroles : « Relève-toi et va ; ta foi t’a sauvé ». Il ne s’agit plus alors seulement de la guérison de son corps, mais de son entrée dans la vie éternelle que Jésus lui ouvre.

La foi qui sauve

Quel rapport avec la confirmation ?

Il ne suffit pas de dire que nous sommes croyants pour être sauvés. Beaucoup se disent croyants, mais de quelle foi parle-t-on ? Est-ce simplement croire que Dieu existe ? Mais, comme le rappelle saint Jacques, « les démons aussi le croient, et ils tremblent » (Jc 2, 19).

La foi qui sauve, c’est celle qui reconnaît que Jésus est vraiment Dieu, qu’il est le Sauveur du monde, et que si nous mettons en lui notre foi, il nous délivre du mal et nous fait déjà entrer dans la vie éternelle. Par Jésus, nous sommes dès maintenant promis à cette vie éternelle.

Or, nul n’est capable, sans l’Esprit-Saint, de reconnaître que Jésus n’est pas seulement un homme exceptionnel ou un prophète, mais qu’il est Dieu manifesté parmi les hommes dans la personne de Jésus-Christ.

Le cœur de la foi chrétienne réside donc dans cette reconnaissance-là. C’est celle qu’a manifestée le dixième lépreux, en revenant vers Jésus pour se prosterner devant lui.

Le sens de la démarche des confirmands

Vous aussi, chers confirmands, vous revenez sur vos pas, d’une certaine manière. Bien sûr, chacun à sa manière : adultes ou jeunes, chacun avec sa propre histoire et sa démarche personnelle.

Si vous avez fait la démarche de demander la confirmation, c’est parce que l’Esprit-Saint, déjà présent en vous, vous a fait reconnaître qu’en la personne de Jésus était la vérité, et que lui seul pouvait vous dire : « Relève-toi et va ; ta foi t’a sauvé ».

Cette foi en Jésus Sauveur, vous allez la proclamer devant l’assemblée, et vous recevrez le don du Saint-Esprit en plénitude par le sacrement de la confirmation. Cela rejoint ce que vous avez pu exprimer dans vos lettres : le désir d’« être plus proches de Dieu », de « renforcer votre foi », de « grandir dans ma foi », en étant confirmé « pour l’amour du Christ et de l’Église ». Autant d’expressions qui traduisent votre désir profond d’être plus proches de Jésus et même de devenir ses amis.

C’est en ce sens que j’ai publié récemment ma lettre pastorale, dont le titre reprend la parole de saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). J’y explique pourquoi je vais renouveler la consécration du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus le 14 décembre prochain, en invitant chacun à déjà vivre cette consécration, personnellement ou en famille, pour revenir à Jésus, à l’image du lépreux purifié.

Le sacrement de la confirmation, c’est Dieu qui nous enracine dans l’amour du Christ. Et cela a des conséquences considérables dans notre vie. Ce n’est évidemment pas magique, mais cela change beaucoup de choses dans notre vie.

Qu’est-ce que la Confirmation change dans notre vie ? 

Je relève quelques aspects :

Devenir disciples missionnaires

Par l’Esprit-Saint, nous devenons des disciples missionnaires. Nous ne sommes pas seulement des amis du Christ, mais aussi ses témoins, par nos paroles, nos actions et notre manière d’agir envers les autres : en famille, au collège, dans notre vie professionnelle. Dans notre monde où la violence s’infiltre partout, l’Esprit-Saint nous aide à répandre l’amour de Dieu. Saint Paul en décrit les fruits ainsi : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »(Ga 5, 22-23) Autant d’attitudes si nécessaires aujourd’hui à tous les niveaux de la société.

Témoigner et annoncer la Bonne Nouvelle

L’Esprit-Saint transforme nos vies en nous rendant capables de témoigner. Il nous donne de saisir les occasions d’annoncer la Bonne Nouvelle à nos proches et à ceux qui nous entourent, en répondant à leurs questions.

Aujourd’hui, certains refusent d’entendre parler de la foi et de la religion, voire s’en moquent, mais beaucoup s’interrogent et cherchent la vérité. Saint Paul dit dans la deuxième lecture qu’« on n’enchaîne pas la Parole de Dieu ! »Seul l’Esprit-Saint peut éveiller dans leur cœur la soif de l’amour de Dieu, mais Jésus attend de nous que nous soyons là pour répondre à leurs attentes autant que nous le pouvons, et c’est bien l’Esprit-Saint qui nous permettra d’annoncer cette Bonne Nouvelle.

Vivre en tant que membres de l’Église

L’Esprit-Saint agit aussi pour que nous devenions pleinement membres de l’Église et non des chrétiens isolés. Il nous unit particulièrement dans la participation à la messe où l’Esprit-Saint est donné en plénitude pour nous faire vivre ce sacrement de l’Eucharistie. La messe est la source et le sommet de toute la vie chrétienne. Nous venons à la messe pour notre sanctification personnelle, mais pas uniquement ! En effet, lorsque nous y participons, nous nous unissons à la prière de la communauté chrétienne, nous communions au Corps du Christ avec les autres, et notre présence fait grandir le Corps visible du Christ en ce monde.

Jésus se donne à nous dans le sacrifice eucharistique, et donc, venir à la messe c’est aussi une mission que nous accomplissons comme chrétiens : celle de faire grandir l’Église. L’Esprit-Saint nous y pousse, même si, parfois, malheureusement, nous opposons quelques résistances, car le démon n’aime pas que nous participions à la messe et cherche à nous en détourner.

J’ajoute que l’Esprit-Saint nous unit les uns aux autres dans la même Église, malgré nos différences et nous permet ainsi de témoigner de la présence du Christ en ce monde.

Grandir en sainteté

Enfin, l’Esprit-Saint nous fait grandir en sainteté. Il nous aide à progresser dans l’amour de Dieu et du prochain. Comme le dit saint Paul : « Laissez-vous conduire par l’Esprit » (cf. Ga 5, 16). La sainteté n’est pas un idéal inaccessible réservé à quelques-uns, c’est un idéal pour tous les baptisés, le but même de notre existence. Le pape François, dans sa merveilleuse exhortation apostolique Gaudete et exsultate, publiée en 2018, rappelle avec force que la sainteté est l’accomplissement de la vie de tous les baptisés. Un beau texte, à relire…

Frères et sœurs, chers confirmands, vous le constatez : la confirmation n’est pas une option ni un simple « petit truc en plus » ajouté au baptême. Depuis les origines de l’Église, le don de l’Esprit-Saint en plénitude fait partie intégrante des sacrements de l’initiation chrétienne. C’est une nécessité pour nous de recevoir ce sacrement. Il s’agit bien d’un don de Dieu, non seulement pour nous-mêmes et notre progression personnelle dans la foi et la vie chrétienne, il nous permet de contribuer à faire grandir l’Église dans sa sainteté et dans sa mission d’annoncer au monde la Bonne Nouvelle du Salut, en faisant de nous des témoins de l’espérance.

J’adresse enfin un appel à ceux d’entre vous qui n’ont pas encore reçu la confirmation : n’hésitez pas à entreprendre cette démarche. C’est une belle occasion de raviver et de permettre au Seigneur de confirmer la foi de votre baptême. Nous en avons tous besoin. Notre monde en a besoin. Amen.

† Laurent DOGNIN

Évêque de Quimper et Léon