Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  13 juillet 2025 — 15e TO — Année C — Grande Troménie — Homélie en haut de la montagne en la 10e étape dédiée à saint Ronan (Locronan) (29)

13 juillet 2025 — 15e TO — Année C — Grande Troménie — Homélie en haut de la montagne en la 10e étape dédiée à saint Ronan (Locronan) (29)

Mt 1, 16.18-21.24a

Frères et sœurs,

Nous voici au sommet de notre Troménie, nous avons fait le plus dur ! C’est la station principale de la Troménie consacrée à saint Ronan qui a dû venir ici pour méditer en paix avec un magnifique paysage devant lui.

Cette station rejoint la grande fête celtique qui célébrait ici la santé de Lug, garante de la fécondité humaine et naturelle. Comme chrétien, nous célébrons aussi une fécondité, mais qui a une autre dimension puisqu’elle nous fait entrer dans une vie qui n’a pas de fin, une vie plus forte que la mort. C’est ce que révèle le passage d’Évangile que nous venons d’entendre avec l’annonce faite à Joseph de la naissance divine et humaine de Jésus, Celui qui sauve son peuple de ses péchés.

Durant les premières stations, nous avons médité sur le Mystère de la Sainte Trinité. Notre foi en un Dieu unique, mais en trois personnes, le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Dieu qui est en fait très proche de nous, qui nous aime au-delà de ce que nous pouvons imaginer et qui est à la source de notre amour comme je l’ai exprimé ce matin à la messe.

En cette étape de notre Troménie, nous rappelons donc par ce passage d’Évangile que le Fils unique de Dieu s’est fait homme en la personne de Jésus. Comme je l’ai dit ce matin, nous célébrons cette année les 2025 ans de cette naissance divine puisque nous comptons les années civiles à partir de cette naissance.

Mais il ne s’agit pas seulement de célébrer un anniversaire. Comme le disait le pape François : « Ce n’est pas un hasard si le pèlerinage est un élément fondamental de tout événement jubilaire. Se mettre en marche est caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie. Le pèlerinage à pied est très propice à la redécouverte de la valeur du silence, de l’effort, de l’essentiel. (…)les pèlerins de l’espérance ne manqueront pas d’emprunter des chemins anciens et modernes pour vivre intensément l’expérience jubilaire. »

Le pèlerinage est en soi un moment privilégié pour nous laisser toucher par Dieu qui se fait proche de nous en Jésus et qui nous appelle à mettre notre foi en lui. « En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. », nous dit saint Paul. (Rm 10, 9). Jésus a donné sa vie pour nous sur la Croix, et par sa Résurrection d’entre les morts il nous ouvre la porte de la vie éternelle. C’est pourquoi Jésus est vraiment notre Sauveur comme l’ange l’annonçait à Joseph.

Mais que signifie concrètement « être sauvé » ?

D’abord c’est accueillir le pardon de Dieu pour tous nos péchés. Quand je parle de péché, c’est tout ce qui s’oppose à l’amour de Dieu, c’est-à-dire le mal que nous avons pu faire aux autres, et peut-être aussi à nous-mêmes. Ce mal nous atteint plus profondément que nous pouvons le penser. Il laisse des traces, des blessures dans notre vie, qui peuvent affecter durablement notre joie de vivre, qui peuvent affecter aussi nos relations, conjugales, familiales, amicales.

Si nous le lui demandons sincèrement, Dieu nous pardonne nos péchés et, par son Esprit Saint, il nous délivre de tout ce qui peut nous entraver en renouvelant profondément nos relations humaines et notre joie de vivre. C’est ainsi que nous devenons des pèlerins d’espérance en ce monde qui en manque tant.

Pour obtenir avec certitude ce pardon, Dieu nous a donné des moyens très concrets par lesquels il manifeste la puissance de son amour. Ce sont les sacrements. Par le baptême déjà, il nous pardonne tous nos péchés et nous renouvelle au plus profond de nous-mêmes. Actuellement, il y a de plus en plus de jeunes et d’adultes qui demandent le baptême en nous donnant un beau témoignage sur la manière avec laquelle ils ont fait l’expérience de l’amour de Dieu dans tel ou tel événement de leur vie.

Je m’adresse à ceux qui, parmi vous, ne sont pas encore baptisés. N’hésitez pas à faire cette démarche. Vous serez bien accueillis et vous aurez ainsi l’occasion de prendre le temps de découvrir la beauté de la foi chrétienne et ce qu’elle apporte de changement dans votre vie.

Et pour ceux d’entre vous qui êtes déjà baptisés, faites la démarche, en cette année jubilaire, de recevoir le sacrement du pardon. Nous savons bien que le fait d’être baptisés ne nous enlève pas notre liberté, et donc malheureusement aussi celle de faire le mal, de manquer d’amour pour les autres. Par le sacrement du pardon donné par le prêtre, nous sommes certains que Dieu nous pardonne tous nos péchés, et si nous le faisons avec sincérité, cela change tout !

Cet appel à la conversion je l’adresse aussi à ceux qui ont été baptisés, mais qui n’ont jamais été confirmés. Le don de l’Esprit Saint n’est pas une option, nous en avons vraiment besoin pour vivre authentiquement en chrétien en ce monde. L’Esprit Saint fait de nous des pèlerins d’espérance. Il n’est jamais trop tard pour demander à recevoir le sacrement de la Confirmation. C’est aussi une belle occasion d’approfondir votre foi, voire de la redécouvrir.

Enfin, Jésus nous sauve, car en nous pardonnant nos péchés, il nous ouvre la porte de la vie éternelle avec Dieu. Rien, pas même la mort, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Sauveur. C’est ce que nous célébrons lors des obsèques chrétiennes et qui est magnifiquement représenté par la porte triomphale de nos enclos paroissiaux qui représente l’entrée dans le paradis.

Frères et sœurs, en cette étape si particulière, où des générations de croyants sont venues en en tant que pèlerins faire cette Troménie multiséculaire, demandons à saint Ronan de prier pour nous. Que nous soyons, nous aussi, entraînés par Dieu à nous convertir, à renouveler notre amour, en nous laissant délivrer du mal et du péché. En nous donnant ainsi la grâce d’être sauvés et de devenir pour le monde des témoins de l’espérance. Amen.

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon