Ac 11, 19-26 ; Ps 86 ; Jn 10, 22-30
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Le passage d’évangile que nous venons d’entendre se situe avant la mort et la résurrection du Christ, et nous avons entendu que les gens s’interrogent sur l’identité de Jésus. Est-ce qu’il est vraiment le Messie annoncé ? En fait, derrière ce titre ils avaient une vision très politique : est-ce qu’il est vraiment l’envoyé de Dieu pour nous affranchir de l’oppression romaine ?
Mais Jésus annonce déjà une libération bien plus importante, qui se réalisera par le don de sa vie sur la croix et par sa résurrection. Cette libération destinée à tous du mal et de la mort éternelle. Évidemment, les gens sur place ne l’imaginaient même pas. Les apôtres non plus d’ailleurs.
Cette libération du mal, Jésus l’accomplit toujours pleinement aujourd’hui pour chacun de nous. Nous célébrons ce pèlerinage au cours de l’année jubilaire, où, par excellence, le Seigneur nous libère du mal. Une année vraiment pleine de grâce où nous sommes appelés à nous mettre sous le regard du Seigneur pour qu’il puisse effacer tous nos péchés et nous faire entrer dans une grâce particulière appelée l’indulgence plénière. Ce terme, employé durant une année jubilaire, signifie l’effacement de toutes les « dettes », c’est-à-dire les péchés, mais aussi toutes les blessures que nous pouvons garder au fond de nous-mêmes pour renouveler ainsi notre amitié avec le Christ. C’est bien cela que nous voulons vivre au cours de ce pèlerinage.
Comment être sûrs que Jésus est bien celui qui peut nous libérer de tout cela ? Jésus, dans l’Évangile, dit « Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. » Les œuvres du Christ au cours de sa vie, nous les connaissons par l’Évangile : les miracles qu’il a accomplis. Lorsqu’il parlait avec autorité, les gens sentaient que c’était vraiment une Parole qui venait de Dieu.
Aujourd’hui, nous avons toujours des signes que le Seigneur nous donne pour nous confirmer dans notre foi. Je peux en citer des récents : déjà la ferveur mondiale qui a accompagné la mort du pape François. Tous les pays du monde en parlaient, c’était beaucoup d’émotion. Et puis la ferveur mondiale de nouveau pour l’élection du pape Léon XIV. Derrière tout cela, pas de hasard. Il y a quelque chose qui se passe, qui va bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Le fait que les gens se déplacent ici à Lourdes par centaines de milliers est aussi un beau signe. À la fin de la semaine, Lourdes va accueillir le pèlerinage militaire international. Cela veut dire des militaires de beaucoup de pays du monde vont venir. Ils seront 17 000 qui vont arriver à Lourdes.
Dans le pèlerinage que nous célébrons, tous nos gestes, les célébrations, les marches ensemble, les rencontres… tout ce que nous allons vivre avec foi au cours de ce pèlerinage, nous faisons ainsi l’expérience de cette présence du Seigneur qui nous libère. Cela passe par des dévotions : mettre un cierge avec un temps de prière, le passage à la grotte, par des gestes symboliques aussi : se laver à la source, et bien sûr, les sacrements (sacrement de l’Eucharistie, comme nous sommes en train de le célébrer et que nous célébrerons chaque jour, mais aussi le sacrement du pardon et bien sûr le sacrement des malades). N’oublions pas non plus tout ce que nous pouvons vivre au niveau de la fraternité entre nous : l’attention à chacun, comme nous avons essayé déjà de le vivre ce matin dans cette cérémonie d’accueil. Le Seigneur se manifeste, et manifeste sa présence et son amour à travers tout cela. Bien sûr, ce sont des signes humains, mais par lesquels Jésus, ressuscité des morts, se donne à voir et agit réellement en chacun de nous pour nous donner la vie, pour nous conduire sur le chemin de la Vie.
Bien sûr, nous avons de notre côté un effort à faire… Le premier effort, c’est une invitation à la disponibilité intérieure en étant capable, en participant à toutes les activités qui nous sont proposées, de nous laisser toucher par le Seigneur à travers ce que nous sommes en train de vivre, par les chants, par les lectures, par les temps de réflexion, par la prière. N’oublions pas non plus l’invitation à la foi. Jésus reproche aux gens de ne pas avoir la foi. La foi, bien sûr, c’est un don de Dieu, mais c’est aussi, un effort de chacun, un acte de confiance. Nous sommes appelés à grandir dans la foi en Jésus qui se donne à voir et qui agit pour nous sauver. Accueillons ces paroles du Christ qui sont à la source de notre espérance, lorsqu’il dit : « Mes brebis écoutent ma voix. Moi, je les connais et elles me suivent. » Trois aspects, trois verbes qui disent l’essentiel.
D’abord, l’écoute de la voix du Seigneur, c’est évidemment l’écoute de l’Évangile. Nous, tous les jours, nous lisons dans les temps de prière ces passages qui nous nourrissent.
Et puis la connaissance, « Moi, je les connais », cette connaissance c’est l’amour que le Seigneur a pour chacun de nous. Il nous appelle par notre nom. « Elles me suivent », c’est l’engagement que nous pouvons prendre pour aller à la suite du Christ, pour le suivre sur son chemin de vie. Enfin, il y a cette promesse du Seigneur Jésus « Je leur donne la vie éternelle. Jamais elles ne périront. Et personne ne les arrachera de ma main. » Cette promesse du Christ est extraordinaire. Elle nous touche au plus profond de nous-mêmes et c’est cela qui fait grandir notre espérance : d’être toujours dans les mains du Seigneur ! Quelles que soient nos situations de vie, quelles que soient les épreuves que nous vivons, quel que soit notre état de santé, personne ne nous arrachera de la main du Seigneur.
Frères et sœurs, que ce pèlerinage soit pour nous une magnifique opportunité en cette année jubilaire pour raviver notre foi, pour remettre le Christ au centre de notre vie, et pour nous laisser libérés du péché par le Seigneur qui agit par son Église, qui a le pouvoir de donner cette indulgence plénière, ce pardon total, et de nous permettre de devenir des pèlerins d’espérance en ce monde. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon