Pr 8, 22-31 ; Ps 8 ; Rm 5, 1-5 ; Jn 16, 12-15
Chers confirmands,
D’abord, je vous remercie pour les lettres que vous m’avez adressées et pour vos témoignages. Vous me demandez à recevoir le sacrement de confirmation et c’est avec joie que je viens vers vous en tant que successeur des apôtres, et comme les apôtres l’avaient fait au commencement de l’Église, je vais prier Dieu de vous combler de l’Esprit Saint pour que vous ayez la lumière de la foi et l’audace de témoigner de votre foi dans votre entourage par votre parole et par vos actes.
Aujourd’hui, l’Esprit Saint va vous être donné en plénitude et il opérera en vous une transformation. Mais quelle transformation ? Qu’est-ce qui va changer véritablement ?
En fait, il fait distinguer les dons de Dieu qui sont donnés à tous, et les fruits qui supposent de notre part une mise en œuvre de ces dons.
D’abord, je dois préciser ce que l’Esprit Saint ne fait pas, car il ne s’agit pas d’un geste magique. La confirmation n’efface pas d’un coup nos fragilités ni ne supprime nos difficultés personnelles, professionnelles ou scolaires, ou encore ne résout pas nos problèmes de santé… L’Esprit Saint ne nous ôte pas notre liberté ni notre humanité, avec ses faiblesses.
Mais alors que fait-il en nous ? Nous connaissons les sept dons de l’Esprit Saint que je nommerai dans la prière de confirmation. Mais je voudrais souligner quelques fruits de l’Esprit Saint qui sont particulièrement pertinents dans le contexte actuel.
Nous avons entendu de la bouche de Jésus dans l’Évangile : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière »et un peu plus loin :« l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »L’action de l’Esprit Saint se traduit donc par cette « conduite », on pourrait dire qu’il nous accompagne, et cette « connaissance » : connaissance de la vérité, connaissance de la volonté de Dieu qui est une manifestation de son amour pour nous. Nous en avons tellement besoin pour conduire notre vie de façon juste pour notre bonheur et celui des autres.
Cette parole modifie du tout au tout la manière dont nous nous comportons avec les autres, oriente notre existence et nous fait répondre à la vocation à laquelle le Seigneur nous appelle, que ce soit dans les engagements que nous prenons dans notre vie de célibataire que dans le mariage ou dans la vocation sacerdotale et religieuse. C’est le chemin de sainteté auquel Jésus nous invite, quel que soit notre état de vie.
Il y a aussi le fruit de la paix. Mais attention, pas n’importe quelle paix. La paix du Seigneur ne se confond pas en effet avec la simple tranquillité ou l’absence de conflits, elle est d’un autre ordre.
Certaines lettres de confirmands expriment, d’une manière ou d’une autre, cette paix intérieure que vous avez pu ressentir, même physiquement par une joie profonde comme un confirmand qui a écrit dans sa lettre : « Alors que j’étais à la messe, j’ai comme senti une immense paix intérieure et beaucoup d’amour. » Un autre a exprimé la paix qu’il ressentait en entrant dans une église ; ou encore la paix née de la découverte ou la redécouverte de l’Évangile ; la paix que l’on éprouve dans un temps de prière personnelle ; la paix qui nous a soulagés lors d’un deuil. L’Esprit Saint est source de paix pour que nous soyons des témoins de la présence du Seigneur et des artisans de paix là où nous sommes.
Un autre fruit de l’Esprit Saint est celui de l’unité, la communion entre nous et avec Dieu. Il y a tellement de divisions en ce monde, au sein de la société, mais aussi de nos familles, et même au sein de l’Église. Et c’est Dieu qui nous unit malgré nos différences de point de vue, et nos sensibilités. La paix du monde que nous souhaitons tous commence par la paix en nous-mêmes, au sein de nos familles et de nos relations humaines quotidiennes. C’est un don de Dieu à accueillir et à partager.
L’Esprit Saint nous donne aussi la force de progresser dans une vie sainte. Le Seigneur s’appuie pour cela sur notre humanité, et même sur nos fragilités, et je dirai même nos blessures profondes que nous n’effaçons pas facilement. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait : « Tout est grâce » alors même qu’elle était très malade et qu’elle souffrait !
Oui, l’Esprit Saint nous transforme, mais attention, cette transformation n’est pas automatique…
Cet amour de Dieu à notre égard appelle une réciprocité de notre part : c’est la foi, c’est-à-dire la confiance que nous plaçons dans le Seigneur, qui est notre manière d’exprimer notre amour pour lui. Comme le dit saint Paul dans la 2e lecture, Jésus Christ « nous a donné par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis. » La foi qui est donc un don de Dieu, mais aussi un acte de confiance de notre part, un choix de vie, un engagement.
Si nous avons la foi, le Seigneur accomplit beaucoup de choses dans notre vie telle qu’elle est avec ses joies et ses peines, car, comme l’exprime saint Paul, elle produit la persévérance, la vertu éprouvée, qui elle-même produit l’espérance. « Et l’espérance ne déçoit pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit. »
En cette année jubilaire, nous sommes appelés à être des pèlerins d’espérance. Cela ne consiste pas à se persuader que tout ira bien ou mieux demain ; ce n’est pas une question psychologique. C’est la certitude dans la foi que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot dans notre vie et notre humanité. Nous en sommes certains, car le Christ reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts.
Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, que ce soit par notre fidélité à la prière, par notre vie d’Église, par notre vie sacramentelle, en participant notamment à la messe, et nous sommes promis à la vie éternelle avec le Christ, au-delà de notre mort comme saint Paul l’affirme : « nous mettons notre espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. »
Dans quelques instants, je vais vous imposer les mains avec les prêtres en priant, comme l’ont fait les apôtres. Ensuite, je marquerai votre front avec le Saint Chrême, l’huile sainte en disant : « Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu. » Cette onction exprime précisément l’engagement du Seigneur à demeurer en vous. Dieu s’engage à votre égard, chers confirmands : il vous confirme dans votre foi et il accueille votre démarche en vous comblant des dons de l’Esprit Saint. C’est ainsi que nous sommes unis à la Trinité Sainte que nous fêtons aujourd’hui. Une promesse forte qui exprime une proximité profonde et permanente.
Frères et sœurs, que le don de l’Esprit Saint que les confirmands vont recevoir en plénitude se répande sur vous et vos familles et plus largement sur tous les habitants de cette paroisse. Ils sont nombreux encore ceux qui ne connaissent pas le Christ ! Puissent-ils découvrir la joie et l’espérance dont le Seigneur nous comble, en particulier en cette année jubilaire où nous sommes appelés à être, dans ce monde incertain, des pèlerins d’espérance. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon