Ac 1, 15-17.20-26 ; Ps 112 (113) ; Jn 15, 9-17
Chers Pèlerins,
En cette année jubilaire, le pape François nous invitait à être des pèlerins d’espérance. Il constatait que face aux nouvelles préoccupantes qui nous viennent du monde entier, « nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. » Nous avons tous besoin de retrouver de l’espérance pour relever les défis de ce temps.
Le sanctuaire de Lourdes a associé la Vierge Marie à ce jubilé en la nommant Mère de l’Espérance. C’est une belle expression qui manifeste clairement que Jésus, qu’elle a mis au monde, est à la source de cette espérance. Elle y prend une part active pour nous aider à grandir dans cette « espérance qui ne déçoit pas », pour reprendre l’expression de saint Paul.
Notre espérance ne supprime pas la croix. Les épreuves de notre vie et celles de notre humanité sont bien présentes et nous ne pouvons pas y échapper, mais l’espérance nous donne la certitude que Jésus est déjà vainqueur du mal et de la mort et qu’il reviendra dans la gloire comme il nous l’a promis, et cela change tout. Et dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous montre clairement où et comment nous devons puiser en lui notre espérance.
D’abord, il nous appelle à demeurer dans son amour. Cette expression exprime un lien fort et permanent que nous devons entretenir avec Jésus. Il s’agit bien d’un lien d’amour, un amour divin. Comment faire grandir cet amour ? En gardant ses commandements, c’est-à-dire en y étant fidèle dans tous les actes de notre vie. Or son commandement, c’est de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Il ne s’agit donc pas d’un amour ordinaire. C’est bien l’amour du Christ qui est notre modèle. Or Jésus a donné sa vie pour nous. Il a guéri les malades et accueilli ceux qui étaient rejetés ; il s’est mis à genoux pour laver les pieds de ses disciples ; il a pardonné à ceux qui l’ont condamné ; et il a aimé jusqu’à mourir sur la croix pour nous sauver du péché et de la mort éternelle.
Le pèlerinage que nous vivons ici à Lourdes est un lieu privilégié pour faire l’expérience de l’amour du prochain auquel Jésus nous invite. Dans le sanctuaire de Lourdes il n’y a plus de différences entre les personnes malades ou handicapées et les biens portants, nous venons tous avec nos fragilités. C’est un lieu où nous sommes portés à reconnaître nos fragilités, même si nous sommes en bonne santé, alors qu’il nous arrive de porter aussi en nous des souffrances cachées depuis longtemps. Nous sommes appelés ici à reconnaître humblement nos fragilités, mais aussi nos péchés.
C’est pourquoi devenir pèlerins d’espérance, c’est déjà changer notre regard sur nous-mêmes et sur les autres et c’est ouvrir la porte à Jésus qui veut nous faire entrer dans son amour. Notre pèlerinage est un lieu de guérison, car nous venons puiser à toutes les grâces que nous accorde le Seigneur. « Allez à la source, pour boire et vous y laver », a dit la Vierge Marie à Bernadette. Jésus nous appelle donc à demeurer dans son amour, et il nous montre quelles conséquences cela a dans notre vie : devenir son ami, porter un fruit qui demeure et entrer dans la joie parfaite.
Devenir son ami d’abord : « Je vous ai choisis ». Cette parole adressée aux apôtres s’adresse aussi au pape Léon XIV qui vient d’être élu ! Bernadette aussi a été choisie par l’intermédiaire de la Vierge Marie. Ce choix du Christ s’adresse aussi à chacun de nous de façon différente. On dit souvent qu’on ne choisit pas sa famille ni ses collègues de travail, mais on choisit ses amis. Eh bien, Jésus nous a choisis pour être ses amis, car il nous a fait connaître le Père et nous avons cru à ses paroles. Il nous appelle amis, car il met sa confiance en nous et il nous confie une mission, celle de témoigner de son amour et de faire connaître sa Bonne Nouvelle.
Il nous choisit pour que nous portions du fruit, c’est-à-dire que son amour se manifeste en ce monde par le don de nous-mêmes en nous mettant au service des autres et en n’hésitant pas à rendre compte de l’espérance qui est en nous comme nous y invite saint Pierre. Et l’espérance dont il parle, c’est bien de faire connaître le Christ comme celui qui nous délivre du mal et nous sauve de la mort éternelle.
Enfin, il nous promet de faire grandir en nous la joie et même d’atteindre une joie parfaite. Promesse étonnante pour ceux dont les circonstances de la vie ne leur apportent aucune joie. Mais saint François d’Assise présente cette joie parfaite, non pas comme le bien-être, mais comme cette amitié qui nous unit au Christ et qui permet de rester serein face aux épreuves, aux humiliations ou aux injustices auxquelles nous ne pouvons pas nous soustraire. Là est la joie parfaite « si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité »,dit saint François.
Nous faisons l’expérience de cette joie lorsque nous sommes habités par cette paix intérieure qui est un don de Dieu et qui a de grandes conséquences dans notre relation avec les autres et dans notre manière de conduire notre vie.
Chers pèlerins, durant les différentes étapes de notre pèlerinage, laissons-nous toucher par l’amour de Jésus qui est vivant parmi nous et qui nous appelle à nous aimer les uns les autres sans tenir compte de nos différences. Et en cette année jubilaire, devenons des pèlerins de l’espérance pour tous ceux qui désespèrent de la vie. Amen
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon