Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  1er janvier 2020 — Solennité de Sainte-Marie, Mère de Dieu – Abbaye de Landévennec (29) — Vêpres Ga 4, 4-7.

1er janvier 2020 — Solennité de Sainte-Marie, Mère de Dieu – Abbaye de Landévennec (29) — Vêpres Ga 4, 4-7.

En méditant sur ce passage de la lettre aux Galates, nous pouvons comprendre que la naissance du Christ en notre monde est vraiment à la source de la paix entre les hommes. Jésus est vraiment le Prince de la Paix, comme le prédisait le prophète Isaïe. Sans lui, il n’y a pas de paix possible, car pas de fraternité possible. Cela revient à dire qu’en fêtant la naissance de Jésus, nous célébrons notre propre naissance à une vie nouvelle, et donc aussi à des relations nouvelles. Il est bon de nous rappeler cela au début de cette année 2020.

Comme le dit si bien Saint-Léon le Grand : « … lorsque nous adorons la naissance de notre Sauveur, il se trouve que nous célébrons notre propre origine. (…) puisque les fidèles dans leur totalité, nés de la source du baptême, ont été crucifiés avec le Christ dans sa passion, ressuscités dans sa résurrection, établis à la droite du Père dans son ascension, ils sont nés avec lui en cette Nativité. »

Dans le texte de Saint-Paul, j’ai d’abord été frappé par cette phrase : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme… pour que nous soyons adoptés comme fils. » La naissance du Christ apporte un changement radical dans notre relation avec Dieu comme le dit Saint-Paul : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils. »

En devenant fils bien-aimés du Père, à la ressemblance du Christ, nous devenons vraiment libres. Libres parce que libérés de ce qui nous rend esclaves de nos passions, de nos désirs, de nos addictions, grâce à la force de l’Esprit Saint. Libres aussi, car rendus capables, encore par l’Esprit, de « discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » comme dit Saint-Paul (Rm 12, 2). Bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri de nos fragilités, de nos doutes, de notre péché, de nos chutes et rechutes, mais désormais nous avons toujours le Christ à nos côtés, lui qui est vainqueur du mal, et il a la puissance de nous relever par la force de son pardon.
Saint-Paul ajoute qu’en tant que fils, nous sommes aussi « héritier » Nous pouvons déjà le comprendre dans le sens où, comme le Christ et avec Lui, nous sommes appelés à vivre dans l’éternité bienheureuse en partageant sa gloire. Mais nous sommes aussi héritiers, car, grâce au don de Dieu, nous sommes appelés à vivre en ce monde comme Jésus : « Lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi devons donner notre vie pour nos frères. » dit Saint-Jean (1 Jn 3, 16.)
Si nous sommes devenus les fils bien-aimés du Père, alors des liens fraternels nouveaux se sont tissés entre nous grâce à la venue de Jésus en ce monde. On ne peut pas être frères et sœurs sans avoir de Père. Cela est vrai d’un point de vue humain, mais cela est vrai aussi d’un point de vue divin. C’est pourquoi la vraie fraternité ne peut exister que si nous accueillons la grâce de devenir des fils et de pouvoir nous adresser à Dieu en disant « notre Père », comme le Christ nous y invite.

La vraie fraternité entre les hommes ne peut se construire que sur notre relation filiale à Dieu le Père. Et la paix ne peut venir que de cette fraternité universelle voulue par Dieu et que Jésus est venu établir sur la terre. On ne peut pas faire grandir la fraternité en ce monde en écartant Dieu qui en est la source.
Et c’est cette fraternité divine qui seule peut construire la paix véritable. D’un point de vue personnel déjà. La paix en soi-même dont nous avons tant besoin pour surmonter les épreuves et les défis de notre existence. Mais aussi la paix dans les couples, d’où l’importance du sacrement de mariage et du sacrement du pardon qui apportent cette dimension divine à l’amour conjugal. Et aussi, évidemment la paix dans les familles, dans la société, et en fin de compte entre tous les hommes.
En cette nouvelle année qui commence, nous pouvons nous souhaitez les uns aux autres d’être de plus en plus artisans de paix là où nous sommes, et pour cela devenir de plus en plus des fils et filles bien-aimés du Père, et donc des frères et sœurs du Christ, conduits par son Esprit. AMEN

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon