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20 avril 2025 — Dimanche de Pâques — Église Saint Cuffan — Pluguffan (29)

Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 (118) ; Col 3, 1-4 ; Séquence Victimæ Paschali ; Jn 20, 1-9

Frères et sœurs, chers parents, qui venez présenter votre fille Tessa au baptême,

Ces textes du Jour de Pâques sont une bénédiction, car ils nous remettent en tête le cœur de la foi chrétienne et sont très éclairants pour comprendre le sens du baptême que nous allons célébrer et celui que nous avons reçu, nous qui sommes déjà baptisés.

Le passage d’Évangile nous rapporte le témoignage des premiers instants où les disciples ont découvert le tombeau dans lequel Jésus avait été déposé deux jours avant. Tombeau désormais vide, mais pas tout à fait cependant… puisque les linges qui avaient enveloppé le corps de Jésus étaient restés sur place.

Que signifie cette insistance de saint Jean sur ces linges ?

En fait, ce sont les premiers signes objectifs qui vont permettre aux disciples de croire ce qui leur paraissait totalement impensable, à savoir que le corps de Jésus n’avait pas été dérobé comme Marie-Madeleine le croyait au début, mais bien ressuscité, même s’ils ne savaient pas encore ce que cela voulait dire concrètement.

Jésus leur avait pourtant dit, à plusieurs reprises, qu’il devait passer par la mort pour ressusciter le troisième jour, mais comme le dit saint Jean, « les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » Cependant, ce sont les apparitions de Jésus ressuscité qui vont leur permettre de donner un contenu à cette foi naissante. Jésus ne leur apparaissant pas alors comme un cadavre réanimé, mais dans un corps transfiguré et désormais affranchi de toute corruption. Jésus est vivant pour toujours.

À partir de ce moment-là, les disciples vont devenir pour nous les témoins, non seulement de la vie de Jésus, de ses paroles, de ses miracles, mais aussi de sa victoire sur la mort. Après avoir reçu le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte, ils vont annoncer cette Bonne Nouvelle à tout le peuple, et en premier lieu aux habitants de Jérusalem qui avaient demandé la mort Jésus.

Beaucoup d’entre eux se sont convertis et ont demandé à recevoir le baptême, Saul de Tarse notamment, saint Paul, dont nous avons lu tout à l’heure un passage de sa lettre aux Colossiens.

Il n’aura jamais vu Jésus ressuscité mais il aura fait l’expérience de sa présence et de son amour miséricordieux sur le chemin de Damas. Il est comme nous finalement qui devenons disciples de Jésus par des signes et des expériences spirituelles qui révèlent l’intervention de Dieu dans notre vie, même si ce n’est pas aussi spectaculaire !

Les apôtres vont ensuite annoncer cette Bonne Nouvelle au-delà du cercle des juifs comme nous l’avons entendu dans la première lecture où saint Pierre s’adresse à un centurion de l’armée romaine, un certain Corneille, et à toute sa maisonnée.

Et qu’est-ce qu’il leur dit de Jésus, qu’eux non plus n’avaient jamais vu ? Cinq choses essentielles :

Tout d’abord, que Jésus, lorsqu’il parcourait le pays, était investi de l’Esprit de Dieu pour faire le bien et guérir tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable.

Deuxièmement, qu’il a été supprimé sur la Croix.

Troisièmement, que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts.

Quatrièmement, que Dieu l’a établi juge des vivants et des morts.

Et cinquièmement, que « Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »

Nous voyons bien que la Bonne Nouvelle, ce n’est pas seulement que Jésus soit ressuscité d’entre les morts. Cela aurait pu rester un événement marginal. Mais sa résurrection nous concerne tous, car il est devenu, par ce fait même, notre Sauveur et le Sauveur de l’humanité. Et cela parce que Jésus n’est pas un homme comme les autres, il est vraiment Dieu.

Comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. » Autrement dit, si nous croyons en lui et si nous sommes ses disciples et même ses amis, nous le serons pour toujours, même au-delà de notre mort. Cette espérance chrétienne s’exprime et se réalise déjà concrètement dans le sacrement du baptême.

C’est cette conviction qui donne sens au baptême d’un enfant, car un enfant n’a pas besoin d’être purifié du péché. Mais le baptême le consacre dans une vie nouvelle avec le Christ, une vie qui n’aura pas de fin. Cette espérance change complètement notre manière d’envisager notre existence et elle nous délivre de la peur de mourir pour toujours.

Cela suppose cependant d’avoir la foi puisque, comme saint Pierre le dit : « Quiconque croit en lui… » Le baptême n’est pas un geste magique ! Il suppose non seulement de croire en lui, mais de s’engager à la suite de Jésus, en étant en relation avec lui. Et cela s’éduque ! Que serait le baptême d’un enfant s’il n’était pas suivi d’une catéchèse et d’une éducation chrétienne qui seule permet de pouvoir grandir dans la foi et de s’engager ensuite par soi-même ?

C’est l’engagement que vous prenez, parents, parrain et marraine, afin que Tessa puisse non seulement connaître Jésus et son Évangile de salut, mais aussi puisse plus tard demander librement à recevoir les autres sacrements.

J’en profite pour dire aux adultes présents qui n’auraient pas eu l’occasion de recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne qu’il n’est jamais trop tard pour les recevoir. De plus en plus d’adultes demandent le baptême, mais aussi la Confirmation pour les personnes baptisées qui ne l’auraient pas reçue, ce qui est assez courant malheureusement. C’est une bonne occasion pour découvrir ou approfondir sa foi et être comblé de la grâce de l’Esprit Saint.

Enfin, saint Paul ne dit pas que le baptême nous fait entrer dans la vie éternelle avec le Christ d’une façon automatique. Il nous demande aussi un engagement : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, (par le baptême donc) recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »

Et c’est bien l’Esprit Saint qui nous permet de discerner et de vivre cette recherche des « réalités d’en haut », qu’il précise dans la suite de sa lettre : « … revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. » (Col 3, 12-14)

Nous voyons bien que cela est à l’opposé des réalités de la terre qui sont toutes les formes de manque d’amour que nous pouvons connaître et qui conduisent à toutes les formes de violences.

Frères et sœurs, en cette fête de Pâques, que le Seigneur fasse grandir en nous la foi en la Résurrection. Que nous devenions pour nos frères des témoins de son amour et qu’il nous remplisse de la joie de l’espérance. Amen

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon