Gn 14, 18-20 ; Ps 109 (110) ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17
Frères et sœurs,
Chers confirmands,
Il se trouve que nous célébrons votre confirmation en cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Autrement dit, c’est la fête de la messe ! Vous communiez déjà à la messe depuis quelque temps. Certains vont cependant communier pour la première fois, et vous savez donc à quel point ce sacrement est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne[1] ». Saint Charles de FOUCAULD disait : « Ne perds jamais une communion par ta faute : une communion, c’est plus que la vie, plus que tous les biens du monde, plus que l’univers entier, c’est Dieu Lui-même, c’est Moi, Jésus. »
De fait, par le sacrement de l’Eucharistie, Jésus manifeste à quel point Dieu nous aime et veut nous faire entrer dans sa vie pour toujours. C’est pour nous guider sur ce chemin de vie qu’il nous donne son Esprit Saint en plénitude par le sacrement de la confirmation.
Aujourd’hui, l’Esprit Saint va donc vous être donné en plénitude et il opérera en vous une transformation. Mais quelle transformation ? Qu’est-ce qui va changer véritablement ?
En fait, il faut distinguer les dons de Dieu qui sont donnés à tous, et les fruits qui supposent de notre part une mise en œuvre de ces dons.
D’abord, je dois préciser ce que l’Esprit Saint ne fait pas, car il ne s’agit pas d’un geste magique. La confirmation n’efface pas nos fragilités ni ne supprime nos difficultés personnelles, professionnelles ou scolaires, ou encore ne résout pas nos problèmes de santé… L’Esprit Saint ne nous ôte pas notre liberté ni notre humanité, avec ses faiblesses.
Mais alors que fait-il en nous ?
Nous connaissons les sept dons de l’Esprit Saint que je nommerai dans la prière de confirmation. Mais je voudrais souligner justement quelques fruits de ces dons de l’Esprit Saint qui sont particulièrement pertinents dans le contexte actuel.
D’abord l’Esprit Saint nous faire connaître la volonté de Dieu qui est une manifestation de son amour pour nous. Nous en avons tellement besoin pour conduire notre vie de façon juste pour notre bonheur et celui des autres.
Cet amour se manifeste de façon très concrète dans le don de l’Évangile, parole de vie, qui nous transforme. Cette parole modifie du tout au tout la manière avec laquelle nous allons nous comporter avec les autres, orienter notre existence, répondre à une vocation à laquelle le Seigneur nous appelle, que ce soit dans notre vie de célibataire, mais aussi dans le mariage ou dans la vocation sacerdotale ou religieuse. C’est le chemin de sainteté auquel Jésus nous appelle, quel que soit notre état de vie.
Il y a aussi le fruit de la paix. Mais attention, pas n’importe quelle paix. La paix du Seigneur ne se confond pas en effet avec la simple tranquillité ou l’absence de conflits, elle est d’un autre ordre.
Certaines lettres de confirmands expriment, d’une manière ou d’une autre, cette paix intérieure que vous avez pu ressentir, même physiquement par une joie profonde comme une confirmande qui a écrit dans sa lettre : « Alors que j’étais à la messe, j’ai comme senti une immense paix intérieure et beaucoup d’amour. »
Un autre a exprimé la paix qu’il ressentait en entrant dans une église ; ou encore la paix née de la découverte ou la redécouverte de l’Évangile ; la paix que l’on éprouve dans un temps de prière personnelle ; la paix qui nous a soulagés lors d’un deuil. L’Esprit Saint est source de paix pour que nous soyons des témoins de la présence du Seigneur et des artisans de paix là où nous sommes.
Un autre fruit de l’Esprit Saint est celui de l’unité, la communion entre nous et avec Dieu. Il y a tellement de divisions en ce monde, au sein de la société, mais aussi de nos familles, et même au sein de l’Église. Et c’est Dieu qui nous unit malgré nos différences de point de vue, et nos sensibilités. La paix du monde que nous souhaitons tous commence par la paix en nous-mêmes, au sein de nos familles et de nos relations humaines quotidiennes. C’est un don de Dieu à accueillir et à partager.
L’Esprit Saint nous donne aussi la force de progresser dans une vie sainte. Le Seigneur s’appuie pour cela sur notre humanité, et même sur nos fragilités, et je dirai même nos blessures profondes que nous n’effaçons pas facilement. Il nous permet de les surmonter, voire de les transformer de façon positive.
Mais attention, cette transformation n’est pas automatique…
Cet amour appelle une réciprocité de notre part : c’est la foi, c’est-à-dire la confiance que nous plaçons dans le Seigneur, qui est notre manière d’exprimer notre amour pour lui. La foi est un don de Dieu, mais aussi un acte de confiance de notre part, un choix de vie, un engagement à nous comporter comme Dieu le veut.
Si nous avons la foi, le Seigneur accomplit beaucoup de choses dans notre vie telle qu’elle est, de la même façon que Jésus a pu nourrir les foules avec cinq pains et deux poissons !
En cette année jubilaire, nous sommes appelés à être des pèlerins d’espérance. Cela ne consiste pas à se persuader que tout ira bien ou mieux demain ; ce n’est pas une question psychologique. C’est la certitude dans la foi que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot dans notre vie et notre humanité, car nous croyons que Jésus a vaincu la mort, qu’il est vivant pour toujours et qu’il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts.
Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, que ce soit par notre fidélité à la prière, par notre vie d’Église, par notre vie sacramentelle, en participant notamment à la messe, et nous sommes promis à la vie éternelle avec le Christ, au-delà de notre mort. En effet, en communiant à la messe au corps de Jésus ressuscité, nous savons que nous vivrons pour toujours avec lui.
Dans quelques instants, je vais vous imposer les mains en priant, comme l’ont fait les apôtres. Ensuite, je marquerai votre front avec le Saint Chrême, l’huile sainte en disant : « Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu. » Cette onction exprime précisément l’engagement du Seigneur à demeurer en vous. Dieu s’engage à votre égard, chers confirmands : il vous confirme dans votre foi et accueille votre démarche en vous comblant de ses dons.
Frères et sœurs, que le don de l’Esprit Saint que les confirmands vont recevoir en plénitude se répande sur vous et vos familles et plus largement sur tous les habitants de cette paroisse. Ils sont nombreux encore ceux qui ne connaissent pas le Christ ! Puissent-ils découvrir la joie et l’espérance dont le Seigneur nous comble, en particulier en cette année jubilaire où nous sommes appelés à être, dans ce monde incertain, des pèlerins d’espérance. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon
[1] Concile Vatican II : Lumen Gentium n° 11 (CEC n°1324)