Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  22 juin 2025 — Fête du Corps et du Sang du Christ — Ordination sacerdotale de Nicolas POULAIN — Cathédrale Saint-Corentin (Quimper) (29)

22 juin 2025 — Fête du Corps et du Sang du Christ — Ordination sacerdotale de Nicolas POULAIN — Cathédrale Saint-Corentin (Quimper) (29)

Gn 14, 18-20 ; Ps 109 (110) ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17

Frères et sœurs,

En cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, nous allons célébrer l’ordination sacerdotale de Nicolas POULAIN. Cette coïncidence de date est magnifique. Il va devenir prêtre pour toujours. Ce Saint Sacrement qu’il célébrera au nom du Christ sera au cœur de toute sa vie et de son ministère.

Être prêtre, ce n’est pas un métier. Nicolas avait un métier, il était ingénieur, il exerçait des responsabilités importantes, mais il a entendu l’appel du Christ à le suivre sur un autre chemin pour devenir le bon pasteur en son nom. Ses compétences d’ingénieur marqueront inévitablement sa manière d’exercer son ministère. Cela enrichira la diversité du presbyterium, le corps des prêtres du diocèse, et leur complémentarité.

Nicolas, dans ton ministère de prêtre, tu exerceras avec moi et mes successeurs la triple charge d’annoncer la Bonne Nouvelle, de sanctifier le peuple chrétien et de le conduire, d’en prendre soin au nom du Christ. Mais on peut dire que cette triple charge est surtout une passion. Une passion au sens de la Passion du Christ qui a donné sa vie par amour pour nous, c’est-à-dire un désir profond d’y investir toute ta vie et toute ton énergie pour le bien des fidèles. Et cela, tu le sentais grandir en toi dans ta jeunesse comme tu as pu en témoigner.

La première charge est une vraie passion pour annoncer l’Évangile à tous. « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, (dit saint Paul) c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16)

L’Évangile est une parole de vie qui bouleverse l’existence de beaucoup de gens. Comme nous le disait un couple de musulmans, qui a été baptisé depuis : « l’Évangile, c’est l’amour à l’état pur ».

Dans ton ministère de diacre, tu as déjà bien montré que tu avais cette passion d’annoncer l’Évangile tant par ta prédication que par tes enseignements. Tu vas l’exercer maintenant comme prêtre en tenant compte des orientations que j’ai promulguées à la Pentecôte, notamment en développant les Petites fraternités chrétiennes locales, car c’est un lieu privilégié d’accueil de l’Évangile et d’ouverture fraternelle à ceux qui cherchent la vérité.

Je pense également à l’autre orientation sur la formation, si nécessaire pour que tous les fidèles enracinent leur foi dans la Parole de Dieu et soient capable d’en rendre compte par leur témoignage. Les propositions de formation sont à développer et les compétences que tu as acquises seront précieuses pour cela.

Il y a donc aussi ta passion à sanctifier le peuple chrétien par les sacrements et notamment par le sacrement de l’Eucharistie que nous fêtons aujourd’hui. Saint Paul nous rapporte les paroles de l’institution de ce sacrement en concluant : « chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. »

Il ne s’agit évidemment pas simplement de faire mémoire de sa mort comme un événement du passé, mais de célébrer dans ce sacrement son sacrifice par lequel il continue de nous donner sa vie pour nous délivrer du mal et de la mort. Et cette mention « jusqu’à ce qu’il vienne » signifie évidemment jusqu’à l’avènement glorieux du Christ à la fin des temps où le salut de l’humanité sera pleinement accompli.

Nous le verrons alors face à face et nous n’aurons plus besoin des sacrements ! Il est admirable de penser que l’Eucharistie a été célébrée chaque jour depuis l’origine de l’Église, quels que soient les événements de l’histoire de l’humanité, heureux ou malheureux. Et ce sont bien les prêtres qui ont célébré la messe chaque jour, parfois au risque de leur vie.

L’Évangile de ce jour nous relate la multiplication des pains et des poissons par Jésus pour nourrir les foules. Il dit aux Douze, c’est-à-dire à ses apôtres : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » et plus loin il prononça la bénédiction sur ces aliments et « les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent. »Jésus fait confiance à ses apôtres pour donner à son peuple la nourriture qui fait vivre, et maintenant il te fait confiance à toi aussi Nicolas.

L’Eucharistie sera donc là aussi au cœur de ta passion. Elle sera présente au cœur de ta vie quotidienne personnelle, non pas comme une tâche à accomplir, mais comme un don de toi-même dans une communion profonde avec le Christ afin de nourrir les foules affamées. Il est beau de voir cette faim du Christ se manifester chez ceux, jeunes ou adultes, qui se préparent à communier pour la première fois. Puissions-nous tous avoir toujours cette faim du Christ !

Nicolas, dans les nouvelles orientations, il y a celle qui concerne la liturgie. J’ai rappelé que celle-ci devait être source d’unité pour les fidèles alors qu’elle est aussi parfois source de division. Je te confie donc aussi cette charge de faire progresser la beauté de la liturgie afin qu’elle soit vraiment un lieu de communion et de sanctification pour tous. Qu’en sortant de la messe, tous se sentent heureux, renouvelés dans leur union au Christ et motivés pour témoigner de leur foi dans leur vie. 

Enfin, ta passion sera aussi celle de rassembler et de conduire le peuple de Dieu, d’en prendre soin comme le Christ nous l’a montré lorsqu’il remettait debout les personnes blessées et qu’il allait chez les pécheurs pour qu’ils se convertissent et qu’ils vivent. On se souvient de la parole de Jésus à Pierre au bord du lac de Tibériade : « Pierre, m’aimes-tu vraiment ? […] Sois le berger de mes brebis. »

Jésus demeure le berger c’est pourquoi nous ne pouvons être pasteurs qu’en son nom et pas en notre nom. Cela demande beaucoup d’humilité, car nous ne sommes pas propriétaires de la mission qui nous est confiée et nous devrons en rendre compte. Cette attitude humble change radicalement notre manière de collaborer et de conduire la communauté.

Ce soin des âmes se manifeste par l’annonce de la Bonne Nouvelle et par les sacrements. J’ai évoqué l’Eucharistie, mais tu vas aussi donner le pardon des péchés au nom de Dieu dans le sacrement de pénitence et réconciliation. Un sacrement qui a été remis en valeur en cette année jubilaire, et qu’il faudra encore développer dans tes propositions pastorales.

Cette passion de prendre soin des personnes se manifeste aussi dans leur accueil et leur accompagnement. Je pense notamment à deux nouvelles orientations : accueillir et accompagner toutes les situations de vie et vivre un compagnonnage avec les plus pauvres. Comme tu le sais, nous accueillons de plus en plus de jeunes et d’adultes qui découvrent la foi chrétienne, avec parfois des situations compliquées. Ces personnes sont même parfois en souffrance.

Le Seigneur les aime et les appelle d’une façon qui fait notre admiration et nous devons être là pour leur manifester l’amour bienveillant du Christ, tout en les aidant, avec la grâce de l’Esprit Saint, à cheminer vers la vérité tout entière. Tu as déjà acquis une belle expérience en ce domaine dans ton ministère diaconal au sein de la paroisse du Saint-Esprit à Paris et ta formation en théologie morale te sera particulièrement précieuse dans ce contexte. 

Cher Nicolas, c’est avec beaucoup de joie que nous allons maintenant invoquer l’Esprit Saint pour qu’il fasse grandir en toi le don d’être un bon pasteur au nom du Christ. Amen.

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon