Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  24 août 2020 — Journée de rentrée des Chefs d’Établissement de l’Enseignement Catholique — Lycée Notre-Dame de Kerbertrand — Quimperlé (29) Ap 21, 9b-14 ; Ps 144 ; Jn 1, 45-51

24 août 2020 — Journée de rentrée des Chefs d’Établissement de l’Enseignement Catholique — Lycée Notre-Dame de Kerbertrand — Quimperlé (29) Ap 21, 9b-14 ; Ps 144 ; Jn 1, 45-51

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

Chers Amis,

Au moment d’entrer dans une nouvelle année scolaire, une rentrée anxiogène avec la COVID 19 et toutes les consignes à mettre en œuvre, il me semble que les paroles du Christ dans ce passage d’Évangile peuvent être accueillies comme un réconfort, un encouragement et aussi un appel.
J’ai relevé deux phrases qui m’ont touché particulièrement dans l’Évangile.

La première, c’est : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. ». C’est le dessein de Dieu, le Salut en Jésus-Christ, le fait que Jésus est vraiment le Messie envoyé par Dieu, c’est cela qui était caché.
Alors, pourquoi est-ce que ce trésor est caché aux sages et aux savants ? Simplement parce que, pour eux, la foi se situe au niveau de la tête alors que Dieu se révèle d’abord dans le cœur. La foi, c’est d’abord une rencontre, une question d’amour, de confiance en Jésus et puis d’engagement, aussi, à sa suite pour vivre ce qu’il nous dit dans l’Évangile. Étonnamment, cela ne signifie pas que la foi ne peut pas être appréhendée par l’intelligence ; il ne faut pas comprendre qu’il faut être idiot pour avoir la foi ! Non, c’est uniquement lorsque nous avons fait l’expérience de la rencontre avec Jésus, de l’amour qu’il a pour chacun de nous, que nous éprouvons le besoin d’en savoir plus, de lire, de méditer la Bible, de grandir dans l’intelligence de la foi, chacun selon ses capacités.
Plus que jamais, nous devons créer, dans nos établissements, les conditions favorables afin que justement des jeunes puissent vivre cette rencontre avec le Seigneur pour permettre à Dieu de toucher le cœur des jeunes. Comment pouvons-nous le faire ? En leur permettant de faire l’expérience de la prière, du silence, de l’intériorité et puis de cet amour de Dieu qui s’exprime dans l’Évangile. Lire l’Évangile avec eux, essayer de le comprendre est important. Mais, aujourd’hui, il est également très important d’entendre les témoignages de foi qui peuvent être donnés. Dans le diocèse, nous avons une communauté de jeunes Brésiliens de Palavra Viva qui sont consacrés et qui sont tout à fait disposés à venir dans vos établissements pour témoigner de ce qui les a conduits à la foi. Ce sont souvent des jeunes qui ont pu avoir des vies compliquées avant de se convertir, et ils ont de très belles choses à dire maintenant. Au fond, les témoignages permettent aux jeunes de s’identifier et de comprendre que la foi est d’abord l’histoire d’une rencontre. Et comme évidemment la foi est une question d’amour, elle ne peut que se transmettre par une parole. Ce que nous appelons la Première annonce. Un amour qui ne se dit pas, ne peut pas être connu, et ne peut donc pas être accueilli !
Nous avons à donner les moyens ensuite, bien sûrs, aux jeunes et aux enfants d’approfondir la foi, de la nourrir aussi par la catéchèse, de la vivre par la célébration des sacrements. Tout cela est véritablement nécessaire pour que les jeunes deviennent de vrais témoins d’espérance, de la foi, de la charité dans un monde qui est devenu assez inquiétant pour eux.
Le Christ nous dit : « Tu l’as voulu ainsi, dans ta bienveillance. », et c’est cette bienveillance de Dieu que nous voulons transmettre aux jeunes dont beaucoup sont marqués aujourd’hui aussi par la violence, les addictions, les dérives morales.

Une deuxième phrase m’a touché : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos. » En entendant cela, je pensais aux visites pastorales, que je continue à faire et au cours desquelles j’ai eu l’occasion de vous rencontrer, vous, les chefs d’établissement de chaque paroisse. Des moments très importants où j’ai entendu de votre part aussi la lourdeur de votre charge, surtout des charges administratives qui s’accumulent. Et c’était avant la COVID 19, car maintenant il y a en plus toutes les règles à mettre en place… J’ai bien entendu que, au fond, pour vous ce qui est lourd, ce n’est pas le cœur de votre métier d’enseigner et d’éduquer. Ce n’est pas de s’occuper des jeunes et de les aider à grandir qui vous pèse. Non, ce qui vous pèse, c’est toute l’organisation et l’administration qu’il faut assumer.
En quoi le Christ peut-il alléger notre charge ? Dans l’Évangile, il ne dit pas qu’il l’allège d’ailleurs, mais qu’il nous procure le repos, et un peu plus loin, il dit le repos pour notre âme. Bien entendu, ce repos n’est pas l’absence de charges, qui sont incontournables, car nous devons faire ce que nous avons à faire, mais plutôt l’état d’esprit dans lequel nous les assumons, la manière dont nous allons les vivre. Nous pouvons voir dans ce repos pour notre âme, l’appel, la sérénité, la force aussi que donne l’Esprit Saint, la capacité à assumer sereinement nos responsabilités. Jésus ajoute, d’ailleurs : « Prenez sur vous mon joug. » Nous pourrions accueillir le joug comme une charge supplémentaire. Mais, au contraire, souvenons-nous que le joug permettait à une paire de bœufs de décupler leurs forces sans se blesser pour pouvoir creuser des sillons. Le joug du Christ c’est l’Évangile qui, porté avec lui, nous donne la force d’assumer les charges qui nous sont confiées et d’en tirer une grande fécondité.
Le thème de cette journée, c’est « Héritiers et bâtisseurs, ensemble construire l’avenir de l’Enseignement Catholique ». Ce « ensemble », c’est bien sûr « entre nous », dans nos réseaux, tous les soutiens que nous pouvons nous apporter dans les équipes enseignantes, mais c’est aussi avec le Christ lui-même que nous portons et que nous construisons un projet éducatif fondé sur l’Évangile qui est une source de vie pour toute la communauté éducative.

Dans quelques instants, nous allons remettre les lettres de mission à dix-huit Chefs d’Établissement. Prions pour tous ceux qui prennent de nouvelles charges. C’est toujours un défi, y compris pour ceux qui ne sont pas Chefs d’Établissement pour la première fois, mais qui commencent néanmoins quelque chose de nouveau. Prions aussi pour vous tous qui assumez cette belle mission de Chef d’Établissement. Prions pour vos équipes éducatives. Et, prions pour les jeunes que vous allez bientôt accueillir dans vos établissements. Que le seigneur vous soutienne en cette rentrée scolaire si particulière. Amen

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon