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27 avril 2025 – 2ème dimanche de Pâques – Divine Miséricorde – Notre-Dame de Kerbonne – Brest

Ac 5, 12-16 ; Ps 117 (118) ; Ap 1, 9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20, 19-31

Frères et sœurs,

Hier, nous avons célébré les obsèques du pape François. C’était donc la veille de ce dimanche de la vie Divine, Miséricorde institué par le pape saint Jean-Paul II en l’an 2000. C’est un beau signe qui nous est donné, lui qui avait justement choisi comme devise épiscopal : « Miserandi aldque elegido », ce qui signifie « Choisi parce que pardonné. »

Mais pourquoi par saint Jean Paul II le choix de ce dimanche pour célébrer la divine Miséricorde ? Qu y a-t-il de particulier dans ce dimanche ?  Eh bien, dans l’évangile de ce dimanche, Jésus confie à ses apôtres le pouvoir de pardonner les péchés en son nom. Autrement dit, d’ouvrir pour tous les fidèles la possibilité d’être pardonnés et d’entrer dans le Royaume de Dieu et dans la vie éternelle. Pierre et les apôtres se voient ainsi confiés les clés du paradis.

Cela nous invite à réfléchir sur la question de la résurrection. Et en particulier de la résurrection des corps. Nous parlons même de la résurrection de la chair, comme nous le proclamons dans le symbole des apôtres. Mais qu’est-ce que signifie « chair » dans la foi de l’Église ? Nous avons un éclairage justement dans le passage d’évangile que nous avons entendu. Grâce au témoignage des apôtres qui ont rencontré Jésus vivant après sa résurrection. Et ils sont témoins de cette rencontre avec Jésus et de son corps de ressuscité.

Que pouvons-nous retenir de leurs témoignages ?

Premièrement, pour les apôtres, le fait de ressusciter était quelque chose de totalement inimaginable. Et c’est pourquoi, Thomas, l’Apôtre qui n’avait pas vu Jésus comme les autres, estime que c’est impossible de croire qu’il est ressuscité. De même pour nous, il est difficile de nous faire une image de ce que peut être la vie éternelle ! Ce que nous pourrions devenir après notre mort ? Comment serons-nous, avec quel corps ? Comment vivrons-nous ? Dans les journaux, nous voyons ces jours-ci des représentations humoristiques où l’on voit le pape François monter dans les nuages avec une échelle et évidemment, ça ne sera pas comme ça. Dans l’Évangile, Jésus se retrouve au contraire avec ses apôtres dans la maison, les liens d’amitié demeurent. Il retrouve ceux qu’il a aimé et ceux qui l’ont aimé. Comme il est impossible de nous faire une image de ce que sera notre vie après la mort, il est important de croire sans voir, comme le demande Jésus : « Heureux ce qui croiront sans avoir vu ».

Un deuxième aspect, c’est que Jésus est bien sorti du tombeau, mais les apôtres ne rencontrent pas un cadavre réanimé. Dans son corps supplicié, il est « transformé ». Cette expression est de saint Paul qui s’est trouvé affronté aux Grecs qui n’arrivaient pas à comprendre, évidemment, que l’on puisse ressusciter. Il s’était confronté aux Grecs à l’aréopage d’Athènes. Il y annonçait la Bonne Nouvelle, mais au moment où il a commencé à parler de la résurrection de Jésus, les gens lui ont dit : « Là-dessus, nous t’écouterons une autre fois ». Et ils se moquèrent de lui. Saint Paul a été obligé, au chapitre 15 de sa première lettre aux corinthiens (qui était donc des Grecs), de développer tout un chapitre entier sur ce sujet. Et voilà ce qu’il dit « De même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile. De même, nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. » (1 Co 15, 49) Autrement dit, nous-mêmes nous aurons un corps transformé et recréé par Dieu en quelque sorte. C’est-à-dire que lorsque l’on meurt âgé ou malade, on ne ressuscite pas âgé ou malade. Si on meurt enfant, on ne ressuscite pas enfant, on est transformé et pleinement nous-mêmes.

Troisièmement. Jésus a bien un corps de ressuscité, quand il apparaît assez disciples, il se rend présent malgré les portes verrouillées. Il a donc un corps, mais un corps divinisé. Et pourtant, il porte la marque des clous et de la lance dans son côté. Donc c’est bien lui, et pas un autre. Marqué par son histoire, par le don de sa vie sur la croix. Et c’est comme ça qu’on peut comprendre la résurrection de la chair Jésus. Il apparaît avec tout ce qu’il a été dans sa vie terrestre. Les marques de sa Passion sont bien là. Mais il n’est plus blessé pour autant.

Nous sommes donc nous-aussi nous appelés à ressusciter. Mais la transformation de notre corps n’effacera pas notre passé. Nous serons toujours ce que nous avons été, marqués par l’amour qui nous a uni à nos proches et à Jésus, marqués par toute la richesse de notre existence et aussi par les épreuves que nous avons pu vivre. Exactement comme Jésus qui est marqué par les traces de sa Passion. Mais nous ne nous nous ne ressusciterons pas avec notre péché, car nous devons être purifiés du péché pour entrer dans la vie. C’est pourquoi Jésus donne l’Esprit Saint à ses apôtres, avec le pouvoir de remettre les péchés ou de les maintenir, c’est-à-dire en fait de ne pas donner de pardon s’ils pensent ne pas pouvoir le donner, si les gens ne se sont pas convertis.

Et c’est pour cela qu’on retrouve souvent des représentations de saint Pierre avec des clés. Les clés qu’il porte, ce n’est pas pour ouvrir sa maison, c’est pour ouvrir le paradis. Et cela fait référence à ce que Jésus a dit dans les livres de l’Apocalypse que nous avons entendus en 2ème lecture : « J’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts ». Cela sous-entend qu’après notre mort, nous n’entrons pas dans la vie divine de façon automatique, il y a cette nécessité de la conversion, d’être purifiés de nos péchés pour que la porte puisse s’ouvrir. C’est d’ailleurs le discours que Pierre a fait à la Pentecôte. Les gens demandaient ensuite ce qu’ils devaient faire, et il répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. » (Ac 2, 38)

Frères et sœurs, en cette année jubilaire, nous sommes appelés à raviver notre foi dans la résurrection du Christ, de notre attente aussi de Jésus dans la gloire, avec la grâce des sacrements qui nous font déjà entrer dans cette vie divine. C’est la source de notre espérance. Et dans cette année jubilaire justement, le pape François nous a invités à être des pèlerins de l’espérance, des témoins de cette espérance dans un monde qui en manque. Il y a beaucoup de gens désespérés aujourd’hui, mais nous, nous devons être témoins de cette espérance que nous donne la Résurrection de Jésus.

Et, nous sommes aussi appelés à la conversion. Pour ce faire, ne délaissons pas le sacrement de pénitence et de réconciliation ! Cette année jubilaire est une année favorable pour faire cette démarche, surtout si nous ne l’avons pas fait depuis longtemps. C’est une belle grâce pour notre vie ici-bas et pour notre vie future avec Jésus. Que cette année jubilaire nous encourage à accueillir le pardon de Dieu, et que le temps Pascal nous rende joyeux dans cette espérance. Amen.

† Laurent DOGNIN 
Évêque de Quimper et Léon