Is 66, 10-14c ; Ps 65 ; Ga 6, 14-18 ; Lc 10, 1-12. 17-20
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Chers confirmands,
« Réjouissez-vous », nous dit Jésus. Cette parole est enthousiasmante. Et il est vrai qu’aujourd’hui nous avons envie de nous réjouir pour cette confirmation. Cependant, il faut quand même reconnaître que dans la vie du monde, quand nous regardons les nouvelles, nous n’avons pas trop envie de nous réjouir. Cependant, en nous demandant de nous réjouir, Jésus n’ignore pas l’existence du mal ni les souffrances qui déchirent notre monde. Je dirais que la liste est longue en ce moment de tout ce qui peut se passer. Mais ne dit-il pas justement : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » ? La source de notre joie ne réside pas dans l’absence d’épreuves, dans le monde ou dans notre vie, mais dans cette promesse « car vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ».
Alors, qu’est-ce que cela veut dire ? En mourant sur la croix et en ressuscitant d’entre les morts, le Christ a vaincu le mal et la mort de façon définitive. Ainsi, le mal n’aura pas le dernier mot dans l’histoire de l’humanité. La mort non plus. Il nous inscrit déjà dans sa vie éternelle par le baptême et par le don de l’Esprit-Saint. Et tout à l’heure, je vais marquer les confirmands avec l’huile sainte, le saint Chrême, et je dirais : « sois marqué de l’Esprit-Saint, le don de Dieu ». Et en quelque sorte, cela inscrit de façon très concrète ces jeunes dans la vie éternelle avec le Seigneur. Et c’est cela qui doit nous réjouir !
Cela ne veut pas dire que nous sommes épargnés par les soucis de la vie ni que nous le serons dans l’avenir. Nous aurons bien évidemment toujours des épreuves, des deuils : nous sommes des êtres humains. Mais le fait d’avoir la certitude de la foi que nous sommes promis à la vie éternelle avec le Seigneur, cela nous enracine dans l’espérance. D’ailleurs, dans la foi chrétienne, l’espérance est représentée par une ancre marine qui, malgré les tempêtes, retient le navire : ainsi l’espérance nous maintient justement dans l’existence, nous maintient dans la vie, malgré tous les problèmes que nous pouvons avoir. L’espérance, cela change tout justement puisque cela nous permet de tenir debout dans les épreuves, d’être actifs aussi vis-à-vis des autres, au service des autres, actifs pour le bien commun.
Nous sommes dans l’année jubilaire 2025, jubilé des 2025 ans de la naissance du Christ que nous célébrons cette année. Le pape François avait choisi comme thème pour cette année : « Pèlerins d’espérance » précisément à cause de la situation du monde. Face aux guerres et aux détresses, nous sommes appelés à porter cette espérance autour de nous, à être des pèlerins d’espérance !
Mais que veut dire être pèlerin d’espérance et comment le devenir ? Trois appels se dégagent de la liturgie de ce jour, des appels que les confirmands particulièrement peuvent entendre aujourd’hui, mais que nous tous pouvons entendre.
Premièrement, cette parole du Christ : « Le règne de Dieu s’est approché de vous ». C’est l’annonce que vont faire les disciples. Mais qu’est-ce que cela veut dire que le règne de Dieu s’est approché de nous ? Le règne de Dieu n’est évidemment pas un royaume terrestre, c’est lorsque l’amour de Dieu vient régner dans notre cœur et dans notre vie tout entière ; que l’amour de Dieu vient habiter, vient régner dans nos relations, dans nos activités. Le règne de Dieu en nous est source d’espérance puisque c’est la proximité du Seigneur dans notre vie. Il est proche de nous, il nous aime.
Mais cette proximité nécessite une relation avec le Seigneur. La proximité, c’est une relation d’amitié. C’est Jésus lui-même qui nous dit que nous sommes ses amis. Et comment peut-on devenir les amis du Seigneur ? Nous le devenons justement par la prière. C’est très important. Et je le dis aux confirmands : « Ayez une vie de prière ». C’est aussi accueillir la Parole de Vie, c’est-à-dire l’Évangile, pour pouvoir méditer la Parole de Dieu dans sa vie. Et puis, bien sûr, d’être fidèles aux sacrements, puisque justement c’est par les sacrements, la confirmation et particulièrement l’Eucharistie que nous allons célébrer, que le Seigneur se rend proche de nous au point même de venir en nous, en nous donnant son corps et son sang. C’est donc important, et en particulier vous les jeunes, de grandir consciemment dans cette vie de prière. Et je peux vous assurer que si vous avez une vie de prière, si vous avez cette proximité avec le Seigneur, cela va changer tout dans votre existence. Cela change tout, parce que cela change toutes nos relations. Et dans la vie, ce qui est important, c’est d’abord toutes les relations que nous pouvons avoir en famille, avec les proches, etc. Les relations, c’est essentiel à la vie.
La deuxième chose que je voulais dire, c’est que la foi est un don de Dieu. C’est vrai. C’est par l’Esprit-Saint que nous pouvons grandir dans la foi, mais elle est aussi un choix libre. Nous ne sommes pas obligés de croire. Dans l’Évangile, les disciples sont envoyés en mission, donc ils annoncent la Bonne Nouvelle à tous : « Le règne de Dieu s’est approché de vous ». Ils annoncent à tous, mais certains l’accueillent et d’autres non. Tout le monde n’accueille pas cette bonne parole, car le Seigneur ne s’impose pas. Il nous aime et il respecte notre liberté. Nous ne sommes pas obligés de croire. Il nous invite simplement. Il nous appelle. Il fait appel à notre liberté. La foi est un don de Dieu, c’est vrai, cependant sans l’Esprit-Saint, nous ne pouvons pas croire en Dieu. Ce n’est pas possible. C’est l’Esprit-Saint qui nous permet de croire ce qui est invisible, qui nous permet de croire que le Seigneur nous aime alors que nous ne pouvons pas le voir avec les yeux. Et c’est lui qui nous permet de faire l’expérience intérieure justement de cette proximité avec le Seigneur et de cet amour du Seigneur, et d’avoir la certitude que Jésus est vainqueur du mal et de la mort.
Cependant, cela nécessite de notre part d’accueillir cette parole et au fond, la volonté aussi de mettre notre confiance en Dieu. Les confirmands l’ont manifestée en m’écrivant une lettre. Ils ont dit clairement dans leur lettre qu’ils demandaient à recevoir la confirmation. Ils ne sont pas obligés, ils l’ont écrit, ils ont signé et donc ils ont ouvert la porte au Seigneur. Et cela, c’est extraordinaire. Quel que soit, chers confirmands, le niveau de votre foi, l’important, c’est de faire la démarche et d’ouvrir votre cœur à l’amour de Dieu. Peut-être que vous avez encore beaucoup de doutes, peut-être que vous vous posez beaucoup de questions, mais ce n’est pas grave, c’est normal : tous les êtres humains sont comme cela. Cependant, si vous ouvrez la porte, le Seigneur entre et il peut prendre sa place en vous. Il se fait proche de vous. Vous allez redire cet engagement dans la profession de foi que vous allez refaire tout à l’heure, vous allez ainsi exprimer de nouveau votre volonté de croire en lui, et nous-mêmes, membres de cette assemblée, nous serons aussi appelés à renouveler notre foi avec vous. Et tout cela, bien sûr, c’est un appel à grandir dans la foi. C’est tellement important dans le monde d’aujourd’hui d’avoir la foi.
Un troisième aspect donc, c’est cette phrase de Jésus qui nous dit que : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ». En fait, le Seigneur nous donne son Esprit-Saint pour nous envoyer aussi en mission. Un peu comme les disciples qui ont été envoyés pour annoncer aux autres la proximité du règne de Dieu, nous aussi nous sommes envoyés. Et chers confirmands, je peux vous assurer que vous n’êtes pas du tout trop jeunes pour témoigner de votre foi auprès de vos amis, auprès de vos proches, et même à ceux que vous côtoyez, qui n’ont pas forcément la foi, comme les disciples n’ont pas hésité à annoncer la proximité de Dieu, même à ceux qui étaient loin. Certains l’accueillent, d’autres non. Mais en tous les cas, c’est le Seigneur qui fait son chemin. Au fond, la moisson du Seigneur, c’est que tous puissent accueillir la Bonne Nouvelle et être sauvés. Dieu veut sauver tous les êtres humains. Il veut tous nous sauver et il ne le fait pas par la force, mais par les témoins que nous sommes de façon à témoigner de son amour auprès des autres, puisque c’est ce qui permettra à tous ceux qui vont accueillir cette parole que leurs noms, à eux aussi, soient inscrits dans les cieux pour toujours, et que nous devenions tous des pèlerins d’espérance dans un monde qui en manque cruellement.
Comme nous l’avons entendu, Jésus nous demande de témoigner. Il évoque clairement que tous n’accueillent pas notre témoignage, mais ce n’est pas une raison pour ne pas témoigner. Souvenons-nous de ce que disait sainte Bernadette à Lourdes : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire ». Ce qui se passe ensuite dans les cœurs, c’est le Seigneur qui en est responsable. Ce n’est pas nous. C’est par le don de l’Esprit-Saint que les gens peuvent recevoir aussi qu’ils vont pouvoir accueillir cette parole, comme nous le pouvons le constater aujourd’hui, par le nombre de plus en plus important d’adultes et d’adolescents qui demandent le baptême ou la confirmation. De plus en plus nombreux parce que justement, ils ont été touchés par l’Esprit-Saint au fond de leur cœur et qu’ils ont entendu des témoins leur parler de Jésus et de son amour pour nous.
Chers confirmands, le Seigneur vous aime chacun d’une manière que vous ne pouvez même pas imaginer. Le Seigneur nous aime bien plus que nous ne pensons. Et aujourd’hui, il va vous confirmer par le don de son Esprit-Saint en plénitude. Alors que vos familles, vos amis, vos parrains et marraines et tous ceux qui sont ici présents, nous soyons touchés par cette grâce de Dieu qui se manifeste aujourd’hui, et en particulier dans cette année jubilaire où nous recevons des grâces particulières, qu’elles nous rendent tous pèlerins d’espérance. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon