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La spiritualité de Charles de Foucauld : un message très actuel pour nos contemporains


Une dynamique qui semble vieillir actuellement

Quand on regarde « ce qu’il reste » aujourd’hui de la dynamique apportée par le « petit frère universel », on pourrait constater que le mouvement spirituel qui a démarré après la mort de celui qui « voulait être à la dernière place » semble en « fin de vie ». En témoignent la désaffection des jeunes prêtres pour ce type de spiritualité et le nombre de « têtes grises » qui peuplent encore les rencontres diocésaines ou régionales de ceux qui cheminent, en gardant en tête le message spirituel de Charles de Foucauld.

Même si l’on attend avec impatience sa canonisation, l’aboutissement de cette reconnaissance a été ralenti par ses idées, marquées par une culture familiale « janséniste » et l’idéal de la colonisation qui avait cours à la fin du XIXème siècle et à laquelle il a participé. Certains ont vu en lui un « moine-soldat » par exemple…

Un message qui semble toujours plus d’actualité aujourd’hui
Et pourtant des fraternités foucauldiennes de jeunes laïcs naissent actuellement en Asie et en Amérique latine. Et sa future canonisation rappelle la pertinence de sa spiritualité. Si l’on a pu lui reprocher son appartenance à une démarche colonisatrice, il faut se rappeler qu’il cherchait alors à donner le meilleur de ce qu’il avait l’étude de sa biographie montre qu’il a pris ensuite du recul par rapport à ces idées qu’il faut replacer dans leur contexte pour pouvoir les comprendre. On parle souvent de « sa conversion », mais il faut se rappeler qu’il en a connu une seconde, plus importante que la première, et qui permet de mettre en perspective son cheminement.

En octobre 1886, il a sa première conversion après un premier déclic en 1881. Il découvre l’Islam, ce qui le marque dans sa profondeur spirituelle, puis il rentra dans l’église Saint Augustin à Paris et rencontra l’abbé HUVELIN qui le fit mettre à genoux et recevoir le sacrement du pardon. C’est le début de son itinéraire spirituel qui le mène chez les Touaregs qu’il découvre et veut évangéliser.

En octobre 1907, c’est sa seconde conversion où il prend conscience qu’il est sauvé du scorbut par ceux mêmes qu’il voulait évangéliser. Ce n’est plus le colonisateur et le soldat qui est mis en avant, mais sa découverte de sa propre dépendance qui le marque. Entre 1881 et 1907, c’est 26 ans de maturation continue et de recherches de plus en plus radicales qui l’amènent à être assassiné en 1916.

Ce qui est frappant chez lui, c’est l’actualisation constante de sa démarche et sa recherche d’ajustement par rapport à ceux qu’il nomme lui-même ses frères, son émerveillement devant la Création, sa volonté de mettre sa vie au plus près de celle du Christ, sa passion pour la Parole de Dieu, ses idées qui sont en avance par rapport à celle de Vatican 2, son engagement contre l’esclavage et pour la libération de l’homme.

C’est cet idéal que nous essayons de vivre maladroitement, mais avec passion dans nos fraternités ; il nous permet de vivre ensemble le chemin de fraternité du frère Charles.

La fraternité : un chemin méconnu mais qui est la clef spirituelle du XXIème siècle

Si le pape François a cité le petit frère universel lorsqu’il a publié la lettre encyclique Fratelli Tutti , c’est que cet idéal de fraternité est une voie spirituelle très actuelle, dans un monde marqué par les clivages, pour vivre pleinement notre humanité. Ce n’est que par la fraternité que nous pourrons dépasser nos rivalités pour rencontrer ceux qui sont nos frères, quelque soient leur couleur de peau, leur religion, leur culture. Et Charles nous devance dans cette recherche, ce qui rend son message très actuel. C’est ce qu’avance le pape François, en rappelant que, par sa recherche constante, le frère Charles « a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous les hommes et femmes ». Et comme il le rappelle, ce chemin de fraternité est d’abord le fruit de rencontres humaines. En cela, il préfigurait déjà ce que le pape appelle « l’église des rencontres ». Merci à notre frère Charles de nous avoir ouvert une voie d’humanisation dans notre cheminement d’homme d’aujourd’hui.

[1] Lettre encyclique Fratelli Tutti (2020), du 3 octobre 2020, n° 286.
[2] Id., ibid.