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Frère Roger Le Ber, franciscain originaire de Landivisiau, bientôt béatifié

Le Pape reconnaît cinquante français, dont Frère Roger Le Ber, ofm (1920-1945), martyrs de l’apostolat

Le vendredi 20 juin 2025, le pape Léon XIV a reconnu le martyre de cinquante catholiques français, clercs et laïcs, victimes du régime nazi. Parmi ces cinquante noms figure celui de Paul Le Ber, en religion « frère Roger », né à Landivisiau en 1920.

Cette reconnaissance ouvre la voie à leur prochaine béatification, une étape majeure dans la mémoire de l’Église face aux persécutions nazies.

Un nouveau bienheureux pour notre diocèse !

Ces « martyrs de l’apostolat », devraient être béatifiés prochainement comme l’annonce le site du dicastère pour les Causes des saints.

Comme Marcel Callo de Rennes, ces cinquante « martyrs de l’apostolat clandestin » ont donné leur vie pour accompagner et soutenir spirituellement les travailleurs français envoyés en Allemagne dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO).

Un décret nazi du 3 décembre 1943 avait ordonné leur arrestation du fait de leurs activités clandestines et d’aumônerie : célébration de la messe et des sacrements, entraide fraternelle, animation de cercles de réflexion auprès des jeunes français forcés de travailler pour le régime nazi dans les usines allemandes.

Qui était « Frère Roger » ?

Né le 1er avril 1920 à Landivisiau, deuxième de cinq enfants d’une famille de commerçants, Paul Le Ber fut baptisé le 4 avril en l’église Saint-Thivisiau. Scolarisé à l’école Saint-Joseph de Landivisiau, il part ensuite au Petit séminaire franciscain de Fontenay-sous-Bois dans l’actuel Val-de-Marne.

À l’automne 1939, Paul entre au noviciat franciscain d’Amiens. Un de ses frères l’y a précédé. Il prend, en religion, le nom de Frère Roger. Après avoir prononcé ses premiers vœux le 17 décembre 1940 au monastère de Kermabeuzen à Quimper, il étudie la théologie au scolasticat de Carrières-sous-Poissy. Ses frères franciscains gardent le lui le souvenir d’un jeune homme humble et au service de tous : « Très gentil, très spontané, très serviable et plein de sens surnaturel ». « C’était une ombre. On ne savait pas qu’il était là. Il était toujours là quand on avait besoin de quelqu’un, d’un frère. Jamais il ne s’imposait. Un naturel renfermé, mais un homme apaisé. Toujours un peu perdu dans sa méditation ».

Réquisitionné au titre du Service du Travail Obligatoire (STO) en juin 1943, il se prépare à partir en Allemagne en travaillant à la gare de triage d’Achères (Yvelines). Il arrive à Cologne le 17 septembre 1943 en tant qu’ouvrier journalier affecté aux marchandises pour le Rail Allemand.

Frère Roger y retrouve d’autres compagnons franciscains français ; ils seront bientôt surnommés « les 12 alouettes » (cf « Nous étions douze » de Éloi Leclerc) ou encore « les 12 apôtres de Cologne ». Ils vivent dans un baraquement de travailleurs forcés comme s’ils étaient dans un cloître, au camp Roland, entre l’actuelle station de tramway Geldernstrasse et l’hôpital des Sœurs-de-Saint-Vincent à Nippes, un quartier nord de Cologne, puis dans le camp Grenzstrasse. Les 12 Franciscains organisent des services religieux, des réunions et l’entraide des travailleurs forcés, ce qui était illégal aux yeux des SS.

Ils furent arrêtés le 13 juillet 1944 par la Gestapo et, après interrogatoire à la prison de Brauweiler et une courte détention au camp de Cologne-Deutz, transférés le 16 septembre 1944 au camp de Buchenwald. Paul Le Ber y reçoit le matricule No 81.747.

À partir du 13 novembre 1944, Fr. Roger travailla comme prisonnier au Kommando Langenstein-Zwieberge à la production d’armes (V1 et V2) des avions et moteurs Junkers. L’espérance de vie, pour ceux qui avaient le malheur d’y travailler, n’était que de quelques semaines. Frère Roger y épuisa ses dernières forces. Il quitta le camp que les SS évacuaient le 7 avril 1945 dans une colonne de prisonniers. Épuisé, frère Roger se traînait péniblement en queue de colonne. Lorsqu’il tomba d’épuisement le 12 avril 1945, la balle d’un S.S. l’acheva.

« Il [fr. Roger] a vécu héroïquement et chrétiennement la fin de son existence. Il s’est librement surpassé dans le témoignage, en offrant sa vie au Christ et à ses frères. Le fait qu’il ait pu être auparavant un “chrétien ordinaire” avec ses qualités et ses faiblesses (Dieu seul en est juge !) ne diminue en rien la valeur de sa charité et de son sacrifice » (lettre de fr. Luc Matthieu, ofm, ministre provincial, 20 septembre 1991).

> https://www.causesanti.va/it/santi-e-beati/cayre-cendrier-vallee-mestre-e-46-compagni.html
> https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2025-06/pape-leon-martyrs-beatification-france-resistance.html
> https://www.diocese-quimper.fr/prieres-et-celebrations/les-temoins-de-la-foi/frere-roger-ofm-paul-le-ber-1920-1945/

Voir aussi : Mgr Charles Molette, « En haine de l’Évangile ». Victimes du décret de persécution nazi du 3 décembre 1943 contre l’apostolat catholique français à l’œuvre parmi les travailleurs requis en Allemagne (1943-1945), Paris, A. Fayard, 1993, 382 p.